La diplomatie a toujours été perçue comme un univers clos où les conversations entre spécialistes se déroulent dans une atmosphère feutrée, à l'abri des regards et des oreilles indiscrètes. Tous les accords internationaux d'importance en témoignent. Sauf exception, même les déclarations de guerre sont faites par l'intermédiaire des diplomates. On dit couramment que pour arrondir les angles il faut de la diplomatie. Ainsi croyait-on qu'avec l'arrivée de Barak Obama à la présidence des Etats-Unis les relations entre les puissances allaient prendre un cours … diplomatique, et que, la crise économico-financière mondiale aidant, la concertation prendrait le pas sur la menace. C'était sans compter avec l'héritage légué par le précédent locataire de la Maison blanche. On citera notamment la situation catastrophique au Moyen-Orient, l'invasion de l'Irak, les relations tendues avec l'Iran, la guerre en Afghanistan, et le projet d'installation en Pologne et en Tchéquie de batteries d'anti-missiles et de radars censés protéger les Etats-Unis contre toute attaque iranienne. Quand on sait que la Pologne et la Tchéquie étaient à travers l'histoire un champ de parcours pour la Russie, on comprend aisément le sens véritable de cette initiative. Le Président Obama ne pouvant déjuger les Etats-Unis a écrit au Président Medvedev pour lui proposer de renoncer au projet d'installations militaires en Pologne et en Tchéquie si la Russie usait de son influence auprès de l'Iran pour dissuader ce pays d'abandonner ses ambitions supposées de mettre au point une bombe atomique. Bien que cette proposition laisse entendre que l'Iran se trouve dans l'aire d'influence russe, elle n'en demeure pas moins brutale malgré son aspect conciliant. La diplomatie traditionnelle c'était plutôt : «passez-moi la rhubarbe je vous passerai le séné». C'est devenu : «passez-moi le sel ou c'est le poivre que vous aurez dans les yeux». La réponse russe a été un «niet» courtois malgré l'enjeu. Chaque pays défend ses intérêts. La Russie ne tient pas à contrarier l'Iran qui lui ouvre les portes du proche et moyen-Orient et lui permet d'accéder aux mers chaudes. Du reste, le rêve des tsars est désormais réalité. La Russie a renoué avec Cuba et se trouve bien installée en Amérique du sud. En revanche le kremlin pense à prendre sa revanche en Afghanistan d'où l'armée rouge avait été chassée en 1989. Revanche par OTAN interposée. Après le démantèlement de l'URSS le départ de Gorbatchev puis d'Eltsine, le Président Poutine s'était consacré entièrement à l'organisation politique et économique de la Fédération de Russie. Les Etats-Unis n'avaient pas trouvé mieux que de multiplier les bases militaires autour du pays de Pouchkine. Il est tout à fait naturel que le Président Medvedev, installé dans un régime stable, mène une contre-offensive. Désormais les navires russes sillonnent toutes les mers. N'empêche qu'une route a été mise à la disposition des Etats-Unis pour acheminer du matériel vers l'Afghanistan. Sujet de méditation. Avant les talibans, ce pays avait une vie politique, bien qu'agitée. Les communistes avaient même conquis le pouvoir. Qui se souvient aujourd'hui de Sadiqullah ? Toujours est-il que la diplomatie prend une drôle de tournure. Ce n'est plus l'échange. A la proposition américaine aurait pu répondre la Russie favorablement si les blocus de Gaza et de Cuba étaient levés, si les dirigeants israéliens étaient poursuivis pour crimes de guerre et pour atteintes aux droits de l'homme … Cela aurait été une grande première. Il est loin le temps où Talleyrand pouvait dire : «Faites-moi une bonne table, je vous ferai une bonne diplomatie». Notre époque se caractérise par : «Armez les missiles, je vais à une conférence». n