Les ministres des Affaires Etrangères algérien et marocain se sont rencontrés. L'agence de presse algérienne a qualifié leur discussion d'«intense». Cela s'est passé à Charm-Cheikh, en marge du sommet pour la reconstruction de Gaza. Auparavant, Hillary Clinton avait tenu une réunion avec ses homologues des trois pays de l'UMA présents. Selon des indiscrétions, elle aurait insisté sur la nécessité de la coopération, sur les questions sécuritaires en particulier. L'on sait que les USA font de la stabilité de la région une priorité. Il est donc naturel que Madame Clinton œuvre pour une normalisation entre Rabat et Alger. Ces réunions sont donc dans la logique des choses. Mais l'on sait aussi, malheureusement, que nos voisins de l'Est, leurs dirigeants en tout cas, adoptent la politique d'un pas en avant, deux pas en arrière. A chaque fois que les observateurs voient une éclaircie à l'horizon, Alger fait machine arrière. Ces derniers mois, les responsables algériens ont choisi l'outrance, sur les questions des droits de l'homme en particulier. C'était leur réponse à la main tendue de Rabat. La diplomatie marocaine plaide pour des rapports constructifs, en dehors du dossier de nos provinces du Sud, qui est du ressort du conseil de sécurité de l'ONU. Alger refuse cette approche, même si elle se rend bien compte, que l'offre d'autonomie rallie les suffrages, que la communauté internationale y adhère, et qu'il n'y a pas de solution envisageable en dehors de cette proposition. L'acte d'Hillary Clinton signifie deux choses. D'abord l'intérêt des USA pour la région et sa stabilité, surtout depuis que le terrorisme international veut en faire un sanctuaire. Ensuite une volonté d'influer sur les rapports inter-maghrébins dans le sens d'une coopération accrue, plus efficace, et pas uniquement sur le plan sécuritaire. Alger n'a plus l'aisance financière que lui a procuré la rente des hydrocarbures, ces dernières années. Sa dépendance vis-à-vis de ce produit la fragilise face à la baisse de la demande et la chute des prix. Or, les besoins de ce pays en infrastructures sont immenses. C'est peut-être l'intérêt économique qui amènera Bouteflika et son équipe à une position plus réfléchie. Il n'en demeure pas moins que les Marocains ont appris à scruter les positions algériennes avec méfiance. Ce clivage mental, structurel, ne tombera que le jour où le bon voisinage s'imposera. Taïeb Fassi Fihri a probablement rappelé à son homologue algérien, la disposition du Maroc à œuvrer dans ce sens, avec la meilleure des volontés, mais sans aucune naïveté. L'UMA est une nécessité pour les peuples de la région, mais il n'est pas question qu'elle consacre une hégémonie quelconque, c'est le nœud du problème. . ■