Grève et constitution, du social au politique, le fossé entre PI et USFP risque de se creuser davantage. Détails. Fleurets mouchetés entre USFP et PI : les différends qui opposent les deux frères ennemis de la koutla sont, ces derniers temps un secret de polichinelle. Il y a le plus grave, et donc le constant et le moins grave, le circonstant. A savoir, la constitution : c'est la première fois que le parti de l'Istiqlal s'adresse à son frère ennemi dans un langage on ne peut plus clair : «à l'heure qu'il est, le pays est occupé par les prochaines élections communales et le temps ne nous permet pas d'accorder aux réformes constitutionnelles toute l'attention qu'elles méritaient», a explicitement déclaré Abbas El Fassi, devant la session extraordinaire du conseil national de son parti. Ce n'est peut-être que pour riposter à son allié. Contrairement à ce que les socialistes espéraient de lui, le parti nationaliste a effectivement reporté à une date ultérieure aux élections, toute discussion sur les réformes à soumettre au Souverain. Le désaccord n'est pas que sur la date, le contenu aussi est sujet de dissonance socialo istiqlalienne . En clair : «le parti de l'Istiqlal a réitéré la nécessité de renforcer la monarchie constitutionnelle et d'être en symbiose avec Sa Majesté le Roi au sujet des différents aspects concernant les réformes constitutionnelles», a encore expliqué le SG du PI. Riposte Il y a fort à parier que les socialistes marocains, qui ont eu des entretiens avec la direction du PI au sujet des réformes, y verront une réponse sans appel à la feuille de route élaborée par les instances du parti. Laquelle avait mentionné la monarchie parlementaire » en tant qu'horizon de réforme». Ils ne manqueront pas également de noter cette «pique» à peine voilée dans les propos du Premier ministre : le parti, a-t-il noté, constitue un véritable laboratoire d'idées destinées à développer et promouvoir le pays «à l'écart de toute surenchère». Sur la forme, le parti aux commandes a été des plus formels : non à tout dialogue national déjà prôné par le socialiste sur la question. «Une commission des partis de la koutla a été constituée pour l'élaboration d'une vision commune des nouvelles réformes qui pourraient être proposées au moment adéquat, dans le cadre du consensus et d'harmonie à Sa Majesté Le Roi». Autrement, un retour à l'année 2007, où ladite commission a vu le jour et une «cristallisation» de l'USFP à un moment avant son dernier congrès. Que feront les socialistes ? On ne tardera pas à le connaître. Il n'en demeure pas moins que le climat entre les deux formations n'est pas au beau fixe. Car le PI reproche aux amis de Abdelouahed Radi de lui rendre la tâche gouvernementale plus difficile. Côté social, s'entend. Effectivement, Abbas El Fassi est revenu sur la question des prélèvements sur salaires pour raison de grève, décidés par son gouvernement «la décision du gouvernement de procéder à des prélèvements sur les salaires des grévistes a été prise à l'unanimité». Une manière de dire que les ministres socialistes sont «mouillés».