Entretien avec Omar Tazi, PDG de SOTHEMA et Président d'honneur de l'AMIP «Le Plan Emergence a occulté l'industrie pharmaceutique» La Gazette du Maroc : Pourquoi les médicaments au Maroc sont aussi chers que dans des pays comme la France alors que leur dosage actif est plus faible et que le pouvoir d'achat est limité ? Omar Tazi : Le dosage au Maroc est exactement le même que celui des médicaments fabriqués au niveau international. Le laboratoire national de contrôle veille sur leur qualité et leur dosage conforme à des normes très strictes. Quant aux prix, étant donné que 68% des produits pharmaceutiques sont fabriqués localement, ils sont jusqu'à 35% moins chers qu'en France Quelles justifications avancer au sujet du principe actif plus faible au Maroc ? Le principe actif est le même partout au monde et est accompagné d'un fichier pharmaceutique standard et internationalement reconnu, à savoir le DMF (Drug Master File) qui atteste que les principes actifs utilisés au Maroc sont normatifs. En plus, la circulaire 49 donne l'assurance absolue sur la qualité des produits fabriqués au Maroc, leur pureté, leur stabilité ainsi que le dosage et bien d'autres paramètres. Par conséquent, la notion même de sous-dosage est totalement exclue dans notre pays. A quand une industrie du générique dans le Royaume ? L'industrie du générique est plus développée au Maroc que dans d'autres pays comparables. Il est vrai qu'aujourd'hui, la culture du générique reste encore peu répandue et ceci se traduit par la faible pénétration du générique qui ne représente que 25% du chiffre d'affaires global, mais cela n'empêche pas que cette industrie pourra se développer dans le futur. Approuvez-vous la décision de la ministre de la Santé relative aux bio-équivalents ? La bioéquivalence n'est nécessaire que pour certains produits particuliers décrits dans les directives européennes et est exclue pour d'autres comme les injectables. Certains produits nécessitent des tests de dissolution plutôt que la bioéquivalence. Pourquoi la décision de l'AMIP au sujet des génériques prête-t-elle à polémique ? Le bureau de l'AMIP a tenu une réunion avec la ministre Yasmina BADDOU. Il a été décidé la création de commissions mixtes chargées d'étudier les prix, les décrets d'application du code de la pharmacie, le système des AMM… Nous sommes confiants que les conclusions de ces commissions préserveront l'industrie pharmaceutique fondée depuis 1950 et qui demeure un fleuron national. Comment se fait-il que le Plan Emergence ait occulté l'industrie pharmaceutique ? Un contrat concernant une étude de stratégie industrielle du secteur pharmaceutique a été conclu entre l'AMIP, le ministère de l'Industrie et du commerce et l'ANPME. L'étude a démarré depuis 2 mois et ses conclusions seront rendues prochainement. Nous souhaitons que cette étude aboutisse à un contrat-programme permettant à l'industrie pharmaceutique de mieux s'exporter à l'étranger. L'OMS a classé le Maroc dans la zone Europe d'un point de vue qualité des produits pharmaceutiques. Certains laboratoires ont réussi à obtenir des accréditations par des agences internationales de qualité. Il faut que le Plan Emergence permette au secteur pharmaceutique d'en tirer parti. Malheureusement, le plan d'industrialisation de notre pays adopté récemment par l'actuel gouvernement a occulté notre industrie. Un petit mot sur l'AMIP dont vous êtes le président d'honneur ? L'AMIP est une association professionnelle des industriels pharmaceutiques dont la mission est d'assurer la défense des intérêts de ses membres adhérents. Créée en 1985, elle comprend plusieurs commissions, économique, technique, export et AMO. Le président actuel est Ali Sedrati. n