On a beau être un vieux routier de la vie, on n'en demeure pas moins ébahi devant un monde qui change à vue d'œil. Ce n'est pas seulement parce que le début de ce siècle connaît des «années fuel». L'ancien et le nouveau se télescopent, et parfois cohabitent. Le nouveau Président des Etats-Unis vient de décider la fermeture prochaine du bagne de Guantanamo. On oublie que cette enclave est une base militaire américaine et qu'elle se trouve à Cuba. Cette île, sous embargo américain depuis des décennies, fête le 50e anniversaire de la chute de Batista qui avait fait de son île un casino et une maison close ouverte aux milliardaires du nord et à la crème des gangsters. On espère que dans la foulée l'embargo imposé à Cuba soit prochainement levé pour que les Cubains puissent vivre leur vie. Il n'y a pas que cet embargo là. Un autre est imposé au territoire de Gaza par la bande de Tel Aviv soutenue par l'Europe dans cette misérable besogne. En même temps l'Occident commémore cette année l'anniversaire de la découverte d'Auschwitz et ses horreurs. On sait que Tel Aviv a commémoré à sa façon cet anniversaire. Pour faire oublier tant soit peu ses crimes, Israël devrait lever le blocus du territoire de Gaza. Le meilleur moyen de montrer au monde que les sionistes ont définitivement renoncé au rêve du «grand Israël», Gaza devrait être rattachée territorialement au reste de la Cisjordanie, si la communauté internationale désire réellement la création d'un Etat palestinien «viable», comme ils disent. Rien n'est impossible. Qui aurait pensé que la longue marche de Mao Tsé Tong permettrait au bout du compte à la Chine communiste de voler au secours du capitalisme américain chancelant. Comme c'est étrange. C'est au moment où le capitalisme international montre ses limites que le communisme chinois exhibe ses réussites capitalistes. Celles-ci ne seront pérennes que si l'Amérique capitaliste se porte mieux. Marx au sauvetage de la plus-value. Du reste, il semble que l'école des cadres du parti communiste chinois enseigne le marketing plutôt que le marxisme. Ce sont sans doute les conséquences de la coexistence pacifique. Il y a tout de même une similitude entre les deux systèmes. Pour faire face à ses problèmes économico-financiers les Etats Unis ne font pas qu'emprunter des dollars à la Chine. Les interventions étatiques se multiplient, inspirées du système socialiste honni. La Chine a donc une influence certaine. On ne comprend pas alors le silence du pays de Mao pendant que l'armée israélienne massacrait les Palestiniens à Gaza. Peut-être que les Chinois n'aiment pas élever la voix. Sans doute aussi la désunion au sommet des Arabes a donné le ton. Comment demander à quelqu'un qui meurt de faim dans une chaleur étouffante de se battre pour avoir sa place au soleil. Alors qu'il n'a pour seuls toits qu'un soleil écrasant et des étoiles qui ne sont pas si belles. Le monde vit semble-t-il dans une société de consommation où le pouvoir d'achat prend les allures de philosophie. Tout compte fait, on peut imaginer que le monde ira mieux le jour où toutes les générales, qu'elles soient Motors, Electric ou des Eaux, distribueront des dividendes à leurs clients.