Abdelaziz Belkhadem ne semble pas désarmé et tente même un retour en force sur la scène politique. A travers leurs déclarations respectives, les patrons du RND et du FLN se livrent à un duel à distance, pour s'assurer le leadership de la campagne électorale et bien sûr, les dividendes post-électorales. Si les deux formations politiques assument pleinement leur soutien à la candidature de Bouteflika pour un 3ème mandat, elles ont par contre du mal à dissimuler leurs rivalités. La dernière sortie de Belkhadem à l'hôtel Aurassi où il a animé une conférence de presse à l'issue des travaux du conseil national du F.L.N ,se veut un message plutôt clair à ses adversaires politiques et à l'opinion nationale qui le croyait «sacrifié» … Le FLN tienwt à sa suprématie historique et compte l'exploiter pour le nouveau mandat présidentiel. Il ne faut pas perdre de vue que Bouteflika est toujours président d'honneur de l'ex- parti unique. Dans son intervention, Abdelaziz Belkhadem rappelle d'emblée que «c'est en conformité avec le statut du F.L.N que le Conseil national soutient la candidature du président Bouteflika» et d'ajouter plus loin «la sémantique a son importance pour des raisons politiques évidentes». Il ne reste plus qu'à l'instance exécutive de se réunir pour valider cette candidature. L'intervenant fera même remarquer que la situation actuelle n'est pas celle qui prévalait en 1999 et 2004, période durant laquelle le parti était divisé et opposait directement les pro Benflis et les redresseurs qui s'opposaient au rival no 1 de Bouteflika. La suite est connue, la grande purge qui a touché des figures emblématiques du FLN Cependant, si l'unanimité semble être de mise pour le soutien au président pour briguer un troisième mandat, il y a cette précision de taille apportée par l'incontournable Abdelkader Hadjar, et qui a fait du bruit en rappelant à Belkhadem qu'il faut faire la différence entre le programme du parti et celui du président. Il dira «il s'agirait de défendre le programme du FLN et le mettre en exécution si on était dans un régime parlementaire, mais comme nous sommes dans un programme présidentiel, le programme du président prime». Cette remarque n'est pas fortuite, venant de la part d'un membre influent du FLN et l'idée d'un référendum populaire pour une révision profonde de la constitution, est sérieusement envisagée. Sur un autre registre, Abdelaziz Belkhadem s'attardera sur l'enseignement privé. Il dit ne pas être contre, dans la mesure où les valeurs nationales sont respectées (programmes algériens). Sur le plan économique, il défendra le secteur public qu'il faut encourager et s'oppose fermement à la vente des terres agricoles. Nomadisme politique C'est là aussi un signal fort aux adeptes de la politique de privatisation à tout bout de champs. On remarquera que sur certains axes économiques, Louisa Hanoun du PT et le FLN émargent sur la même feuille de route au Conseil du gouvernement. Pour ce qu'on appelle «nomadisme politique», le FLN et le PT (parti des travailleurs ) sont aussi d'accord pour mettre un terme aux désertions des élus qui changent de couleur politique au gré de leurs intérêts, alors qu'ils sont élus sur la base d'un programme de campagne électorale. Le SG du FLN n'a pas manqué de revenir sur la dernière réunion de l'OPEP à Oran, en rappelant que c'est la première fois dans l'histoire du cartel, qu'il a été décidé d'une aussi forte réduction de 2.2 millions de barils/jour et qui n'a pas eu d'effet escompté. Face à la baisse des revenus, on parle toujours de financer un autre plan quinquennal, sauf que les économistes ne sont pas du même avis des politiciens. D'ailleurs, c'est l'avertissement lancé par Mourad Benachenhoun qui met en garde les responsables, dans une contribution au Quotidien d'Oran, sous le titre «le baril de pétrole à 20 dollars ; simple hypothèse ou projection réaliste». L'auteur de la contribution fait une analyse plutôt réaliste, il explique que «le baril chutant à 20 dollars pourrait ne pas être considéré comme une hypothèse hasardeuse», en rappelant que le pétrole a atteint les 147 dollars au mois de juillet, et il se pose la question : 147 dollars est-ce un juste prix pour les pays pauvres ? Enfin, interrogé sur la situation politique et notamment sur les relations avec le Maroc, Belkhadem dira que le Maroc est un pays frère, sa sécurité est la nôtre et sa stabilité aussi. Il ne faut pas que nos différences soient sur le dos des peuples», en ajoutant «nous tenons à la légalité internationale et voulons tout le bien au Maroc» Comprend qui peut! Le non- Maghreb actuel ne prend-il pas en otage deux peuples frères. n