Pour sa cinquième édition, les Andalousies atlantiques, du 30 octobre au 1er novembre 2008, accueillent trois grandes figures de la scène espagnole. Paco Ibanez, Le saltimbanque libertaire. Né à Valence en 1934, il passe sa petite enfance à Barcelone. A la fin de la guerre civile en 1939, sa famille républicaine s'exile en France. Début des années cinquante, Paco Ibanez monte à Paris où il rencontre Brassens, Léo Ferré et flirte avec le mouvement existentialiste. Il accompagnait, à la guitare, la chanteuse Carmela et se produisait, avec Jesus-Rafael Soto et Carlos Caceres Sobrea, dans un trio de musique sud-américaine, à «l'Escale» et au «Chat qui pêche», deux établissements mythiques du quartier latin. D'ailleurs son nom reste lié à ce quartier, surtout après les événements de 68 et son concert mémorable improvisé à la cour de la Sorbonne ? Sa première composition est inspirée de la photo d'une andalouse, toute vêtue de noir, «la mas belle nina» (la plus belle nana), poème de Luis Gongora. Sa voix est toute tracée, chanter et composer la poésie universelle et engagée des Jorge Manrique, Federico Garcia Lorca, Rafel Alberti, Gabriel Celaya, Pablo Neruda, Antonio Machado, José Agustin Goytisolo… Entretenant des amitiés avec les plasticiens tels Dali, Ortega, Saura, Manessier, Amat, Soto … les pochettes de ses disques sont illustrées par leurs œuvres originales, ce qui en fait des objets de collection pour fans et mélomanes. Paco Ibanez ne retourne s'installer en Espagne qu'après la fin du régime franquiste. A 74 ans, fidèle à ses engagements, il continue de se produire à travers le monde, célébrant la liberté et défendant les droits de l'homme. Marina Heredia, La voix d'eau La grenadine Marina Heredia est née en 1980 dans le quartier de l'Albaicin, à l'ombre du palais maure de l'Alhambra, vestige de la coexistence des cultures et des religions et témoignage de l'art de vivre andalou. Grandie au sein d'une famille de musiciens gitans , la grand-mère la Rochina, «vieja cantaora» de l'Albaicin, le père Jaime, El Parron et l'oncle Juanillo, El Gitano, Marina Heredia est considérée aujourd'hui, avec Estrella Morente, comme l'une des plus grandes voix du flamenco contemporain. En compagnie de danseuses de renom telles Maria Pages, Eva Yerbabuena ou Jara Heredia, elle a joué sur les plus prestigieuses scènes de Séville, Madrid, Valencia, Nîmes, Strasbourg, Munich et New York. Dans son deuxième album, «La voz del agua», elle flirte avec d'autres univers musicaux dont le tango, et porte un certain intérêt à la grande poésie, notamment son interprétation personnelle de «Balada del que nunca fue à Granada» de Rafael Alberti. Le flamenco qui coule dans les veines, comme coulent les ruisseaux des jardins de Grenade, avec sa voix douce et sensuelle, Marina Heredia ne cesse de rafler prix et récompenses. Sa «voz de agua» est classée meilleure chanson flamenca de 2007.