Ouverte jeudi 30 septembre, la deuxième édition du Festival des Andalousies atlantiques d'Essaouira a pris fin samedi 2 octobre. A l'honneur, la musique Flamenco à travers ses plus grands défenseurs et un hommage sans pareil à Haïm Zafrani. Et de deux pour le Festival des Andalousies atlantiques. Passée presque inaperçue l'année dernière lors de son démarrage, cette manifestation, qui a eu lieu du 30 septembre au 2 octobre n'en a pas confirmé cette année aussi bien sa constance que la qualité des différentes activités au programme. Des activités dont les concerts, organisés sur la grande Place de ce véritable havre de paix qu'est Essaouira, constituent le noyau dur et lors desquels on a vu se produire quelques unes des plus grandes pointures de la musique espagnole du moment, plus particulièrement le Flamenco. Et c'est à un Flamenco ouvert, innovant, recherché que les mélomanes, marocains comme étrangers, ont eu droit. Une dominance agrémentée par quelques rencontres musicales intéressantes et des passages remarqués d'artistes marocains et sud-américains, à l'image des Cubains de Guason et du prodigieux Mohamed Bajdoub, dont les années n'entament nullement la capacité d'enflammer l'auditoire et les talentueux Chabab Al Andalous de Rabat. Le visiteur aura particulièrement été étonné par la qualité des groupes et artistes andalous présents dans cette édition. Si, lors de la première édition, Ketama avait volé la vedette à tous les autres, cette année, c'était au tour du légendaire Radio Tarifa de prendre le relais. Loin de tout puritanisme, ce groupe, né dans les années 80, n'a cessé de jouer la carte des fusions, alliant musique Jazz et Flamenco, Rock et musique arabe, avec un savant mélange aussi bien de rythmes que d'instruments. De quoi donner sens à toute une philosophie qui entoure la définition même de ce groupe : « à la fois une frontière, la terre de personne et surtout le balcon de la Méditerranée ». Des confluences dont un autre artiste, Javier Ruibal, semble également faire son cheval de bataille. Véritable troubadour des temps modernes, cet originaire de Cadiz laisse la porte ouverte non seulement à l'emprunte laissée par la musique arabe en Andalousie, mais également à l'Amérique du Sud et ses sons enflammés. Le meilleur étant pour la fin, c'est avec une des meilleurs guitares flamenca que le festival a pris fin. Une guitare qui a un nom, celui de Tomatito. Un artiste tout simplement inclassable, dont le jeu passe de la pure expression flamenca aux mélanges les plus subtils, notamment à travers l'introduction de sonorités nouvelles comme celle du violon ou encore de la contre-basse. A la découverte de ces véritables prêtres du plaisir d'écoute est venue s'ajouter une fusion très réussie entre le guitariste flamenca Pedro Soler et Majid Bekkas, un musicien gnaoui résolument moderne. Une fusion dont l'apogée a été atteinte lors de la soirée de clôture dans laquelle Javier Ruibal, Bajdoub et leurs groupes respectifs ainsi que Guason ont mêlé leurs voix et musiques pour le plaisir de tous. Moins écoutés, mais tout aussi intéressants : les colloques organisés dans le cadre desquels un grand hommage a été rendu à Haïm Zafrani, dont les travaux et recherches sur le patrimoine arabo-andalou et l'Histoire du judaïsme marocain sont des références pour la connaissance d'un grand pan de l'Histoire du Maroc. Egalement à l'ordre du jour, l'itinéraire culturel des Almoravides et Almohades, lancé par la Fondation Legado Andalousi (l'Héritage andalou). De quoi donner toute la portée et la dimension d'un festival qui se veut un lieu de rencontres et d'une meilleure connaissance de ce que les relations maroco-espagnoles ont de meilleur : leur patrimoine commun.