Le premier round du 8ème congrès socialiste était une pure scène organisationnelle, au deuxième, la politique est au cœur du débat, des alliances et autres guéguerres. Dessous des cartes. À quelques encablures de la deuxième manche de leur huitième congrès, les socialistes marocains vivent au rythme des divisions et de tractations tous azimuts. Le week- end dernier, toute la direction s'est mobilisée pour rencontrer les congressistes et exposer les cinq grandes divergences qui traversent le parti. A savoir, la participation du parti au sein du gouvernement, les alliances à venir, l'identité du parti, l'évaluation de la transition démocratique et, enfin, les réformes constitutionnelles et institutionnelles jugées inéluctables. Divergences Il est un fait remarquable, effectivement, qu'au sommet du parti d'Abderrahim Bouabid, ce n'est pas l'harmonie qui règne… D'un côté, Mohamed El Yazghi et Abdelouahed Radi défendent mordicus le choix de rester au gouvernement Abbas El Fassi. L'ancien premier secrétaire est allé jusqu'à traiter de naïfs ceux qui croient redorer le blason du parti, en optant pour l'opposition. De l'autre côté, Habib El Malki et Driss Lachgar mènent le bal pour quitter l'exécutif et changer d'alliance. Tactiquement, Lachgar, ancien chef du groupe parlementaire socialiste, envisage même un rapprochement avec le PJD. Réservé, Fathallah Oualalou, le quatrième candidat au poste du premier secrétaire, reste prudent : pour l'ancien argentier du royaume, l'essentiel est la réhabilitation de la politique ! Parallèlement, se profilent d'autres rapprochements au sein de l'appareil : les fidèles de Mohamed El Yazghi ont rejoint les rangs de Radi. Plus, Jamal Aghmani, l'actuel ministre de l'Emploi ne sera pas candidat, comme il l'avait annoncé au premier round. Il bat campagne avec le garde des sceaux, Radi. Une alliance est donc en marche. Des rumeurs circulent cependant, sur une éventuelle alliance entre Driss Lachgar et Habib El Malki : à eux deux, ils peuvent créer la surprise et radicaliser le congrès. Un pari, certes de plus en plus hypothétique, il n'en demeure pas moins que les séquelles de la première manche sont encore vivantes et peuvent remonter à la surface. Au-delà des tiraillements, le parti reste en quête d'un consensus pour sauver le parti, car, ce dernier joue réellement sa survie. Pour ce, Mohamed Al Achaari tente de colmater les brèches et proposer une plate-forme politique qui servira de position officielle de la messe socialiste. Réuni samedi 1er novembre, le Conseil national est appelé à avaliser le texte, qui selon des sources bien informées, évite soigneusement de soulever les points de divergence et adopte un ton sage. Un exercice délicat, tant il est vrai que les positions des uns et des autres sont parfois diamétralement opposées. Commentaire d'un militant : «seule une issue politique sauvera le parti, car au sein de l'appareil, les couteaux sont déjà tirés». ■