Quand «La Gazette du Maroc» a publié son dossier de la semaine dernière «2009 : l'année de la crise mondiale» en ajoutant que le Maroc ne sera pas épargné, ce n'était pas dans un esprit mercantile, cherchant à semer la panique, et en profiter en vendant des exemplaires en plus. C'est animé de notre conception de la presse citoyenne que nous l'avons fait. Les évènements nous donnent raison, les bourses mondiales, y compris celle de Casablanca, plongent, le taux de chômage augmente en Europe, de grandes entreprises annoncent des pertes énormes et l'ensemble des dirigeants politiques annoncent la crise. Le silence des officiels ayant perduré, nous avons donné la parole à des experts, des économistes de haut niveau et de diverses écoles. Ils sont d'accord sur 3 points : - La crise actuelle est grave et va s'étendre aux économies productives, parce qu'il s'avére que le marché hypothécaire n'était pas le seul concerné, et que donc le financement de l'ensemble des économies est en crise. - Le Maroc n'aura pas à souffrir de l'éclatement de la bulle financière outre mesure, mais subira le contre-coup de la dépression de l'économie mondiale. - Le rôle de l'Etat régulateur est à repenser, parce que les moyens en place n'ont pas su éviter l'implosion et que depuis 20 ans aucune leçon n'a été tirée des crises de la bulle internet, du Mexique ou de l'Argentine. En fonction de leurs inclinaisons personnelles, ils ont des appréciations divergentes sur la redistribution sociale et les efforts à fournir en matière de solidarité. Tous cependant insistent sur la centralité de la démocratie. Nous partageons fondamentalement, leur analyse sur le Maroc. Il est effectivement établi que notre système bancaire ne présente pas le même risque, parce que la politique de provisionnement imposée par la réglementation en vigueur, limite les crédits «pourris». Il est notoire aussi que l'économie marocaine, ses fondamentaux n'ont plus rien à voir avec la fragilité des années 90, sans parler de la faillite de l'Etat débouchant sur le programme d'ajustement structurel en 1983. Ces éléments réels, inspirent confiance et peuvent justifier une certaine assurance, ou tout au moins de la sérénité. Mais l'économie marocaine, par choix, est intégrée à l'économie mondiale. Les effets de la crise, sont d'autant moins chiffrables que nul ne peut aujourd'hui déterminer l'étendue de cette même crise. Il y a donc un devoir de vigilance auquel nous appelons tous les décideurs. Pour notre part, nous continuerons notre mission : informer, alerter, susciter le débat, le tout avec un sens civique extrême. n