Le championnat national saura-t-il alimenter le Onze national en éléments de valeur au moment où les «pros» donnent de moins en moins satisfaction ? On ne remerciera jamais assez l'entraîneur du Onze national pour avoir exhorté les responsables de ce football, dit d'élite, à donner, au plus vite, le coup d'envoi d'un championnat qui s'est trop longtemps fait attendre et qui, avec Ramadan comme prétexte, donnait bien l'impression de chercher à éterniser son hibernation. Roger Lemerre, de par son expérience, sait que plus une trêve est longue, plus la reprise est dure. De plus, il devait s'impatienter de connaître, pour de vrai, le football marocain, maintenant qu'il est dedans. Il doit bien se faire une idée assez précise sur les potentialités que ce football, à travers son championnat national peut lui proposer, surtout que jusqu'ici, il aura été plutôt mal servi par ces «pro» évoluant, pour leur quasi-totalité, à un niveau assez modeste dans des clubs étrangers. Un Onze national qui aspire à se faire respecter ne peut se permettre de multiplier ses sorties tout en continuant d'ignorer jusqu'à l'existence d'un championnat national. A moins qu'il ne puisse compter sur une bonne brochette de génies portant, tous, les couleurs des plus grands clubs à travers le monde. Ce qui est loin d'être le cas, et Lemerre vient de constater, de visu, à l'occasion du tout récent Oman-Maroc, que c'est loin d'être le cas. La plupart des prédécesseurs du nouvel entraîneur, ont toujours préféré s'approvisionner ailleurs. La plus grosse aberration venait surtout du fait qu'ils avaient tendance à ne remarquer un joueur qu'à partir du moment où il avait enfilé le maillot de quelque club étranger, si modeste fût-il. Il faut dire, cependant, que du côté de notre championnat, c'est pas la joie. Mais là, et maintenant que cela a enfin commencé, on serait en droit de s'attendre à un léger mieux. On ne peut ne pas apprécier le fait que la majorité des clubs semble avoir saisi les bienfaits d'une préparation à temps, tranchant de la sorte avec les galops de fortune effectués à quelques jours du coup d'envoi, surtout qu'il y en a qui ont enfin compris que le recrutement de joueurs, est une affaire d'entraîneur, le seul à être habilité à évaluer les besoins du groupe en fonction du système et de la stratégie qu'il compte adopter. Doit-on ajouter aussi que le nerf de la guerre, cet argent qui a tant servi de prétexte à quelques pleurnicheurs en manque d'idées est là, grâce à la télé notamment et qu'il faut juste faire preuve d'imagination et de quelque esprit d'initiative pour ramener d'autres fonds allant dans le sens de la réalisation des buts tracés. Ce qui est malheureusement être le cas de la totalité des seize clubs de la D1. Pour ce qui est des pelouses tant critiquées et tant décriées, le synthétique est de plus en plus présent apportant une solution qui épargne les soucis du trop coûteux et trop contraignant gazon naturel. Les réticences à l'artificiel semblent être en voie de s'estomper, gentiment. Le championnat a donc toutes les chances de se faire intéressant et de plaire, même si la première journée, déjà, a prouvé que les vieilles habitudes ne sont pas près d'être enterrées. En attendant qu'il en soit autrement, et « La nuit sacrée » étant pour bientôt, faisant le vœu de voir ce bon vieux championnat épouser l'allure qui ferait détourner le sélectionneur national de joueurs dont le seul atout, c'est de pratiquer à l'étranger. Souhaitons que les entraîneurs jouent le jeu, qu'ils soient en mesure de concocter cette potion magique qui leur permettrait de ne pas sacrifier le jeu pour l'enjeu. Si ce n'est pas trop leur demander. Sauf qu'il ne faut pas trop rêver. Il y a de ces « tics » qui vous collent à vie. Certains coachs sont là pour nous le rappeler. Au même titre que certains arbitres qui se sont rappelés à notre bon souvenir dès la première journée, à l'instar du pourtant international Rouissi qui a officié MAS-WAC. Quant au public, autant dire que c'est parti pour une énième campagne de sensibilisation, mais sans grosses illusions.