La Delta est de retour. Une berline compacte ouvertement haut de gamme, qui aura la lourde charge de redonner du lustre au blason de Lancia Pour beaucoup, Lancia, c'est d'abord la Delta, berline compacte synonyme de sportivité, avec ses six titres de Championne du monde des rallyes (1987-1992). Un legs malheureusement dilapidé par le Fiat Auto (propriétaire de la marque depuis 1969), politique de groupe oblige. En effet, le rachat d'Alfa Romeo s'est accompagné d'une nouvelle distribution des rôles : au Biscione l'étiquette sportive, alors que Lancia est priée de se transformer en label haut de gamme. Une mission ô combien ardue, qui a failli signer l'arrêt de mort de la marque après l'échec successif des Lybra et autre Thesis. Raffinement et originalité C'est dire l'importance de cette nouvelle mouture de la Delta, qui devra chasser sur les terres de l'Audi A3 et, dans une moindre mesure, de la BMW Série 1. Du coup, les nostalgiques en seront pour leurs frais : la nouvelle compacte de Lancia n'a plus rien à voir avec sa glorieuse aïeule. La Delta version 2008 est d'abord et avant tout une voiture luxueuse, reléguant l'ambition dynamique au second plan, comme en atteste notamment son physique si particulier. Celui-ci est repris, presque à l'identique, de l'audacieux concept dévoilé au dernier Mondial de l'Automobile de Paris. Elégance et originalité sont les deux caractéristiques d'un coup de crayon fort réussi : avec ses lignes élancées, sa silhouette de faux-break, ses vitres latérales effilées et sa calandre chromée, la Delta ne manque effectivement pas de charme. L'habitacle fait écho au raffinement extérieur. On apprécie la précision des assemblages, le niveau de finition très satisfaisant et la qualité des matériaux en adéquation avec le positionnement de la berline, surtout dans la finition Platino, qui propose de superbes sièges en cuir «Poltrona Frau» et une épaisse moquette. L'équipement de cette finition haute est aussi à l'avenant : sellerie cuir et Alcantara, radar de stationnement, climatisation bi-zone, sept coussins de sécurité, autoradio CD MP3, système Blue&Me… Avec ses 4,52 mètres de long, la Delta n'a pas de concurrente directe, se plaçant aux frontières de deux catégories. Pas étonnant du coup qu'elle fasse montre d'une très généreuse habitabilité aux places arrière (avec une banquette coulissante sur 16 cm), même si la garde au toit, imposée par la ligne fuyante du pavillon et le toit ouvrant panoramique (en option) incommodera les (très) grands gabarits. Plus confortable que dynamique Sur la route, la Delta tire largement son épingle du jeu. Basée sur une plateforme rallongée de Fiat Bravo, avec cependant des tarages de suspension spécifiques, elle privilégie cependant le bien-être des occupants à l'efficacité pure et aux sensations du conducteur. Mais pour qui cherche une vaste berline, aussi confortable que raffinée, la Delta est une réponse idoine. Notamment avec sa motorisation diesel 1.6 Multijet de 120 chevaux, la plus petite de la gamme, qui n'est certes pas un foudre de guerre, mais qui suffit à déplacer honorablement cette berline au poids conséquent. Le tout au prix d'un appétit d'oiseau, Lancia annonçant une moyenne de 4,9 litres aux 100 km. Pour plus de nervosité, il faudra opter pour l'inédit 2.0 Multijet de 165 chevaux, voire pour le 1,9 Twin Turbo Multijet et ses 190 ch. En essence, l'offre comprend le récent 1,4 l Turbo Jet à injection directe, dans ses deux versions de puissance, 120 et 150 ch. Elle sera complétée à terme par un inédit 1,8 l Di Turbo Jet de 200 ch. Originale et charmeuse, la Lancia Delta est assurément une offre à part dans le paysage automobile actuel, qui ne jure que par les lignes agressives et les prétentions (parfois pseudo) sportives. Cela lui suffira-t-il pour convaincre et, surtout, ressusciter l'aura de Lancia ? Réponse en octobre, après sa commercialisation sur le marché marocain.