Salem El-Louzi, Directeur général de l'OADA Le docteur Salem El-Louzi, qui est à la tête de l'Organisation arabe pour le développement agricole, se considère “ viscéralement Marocain ”. Ce lauréat de l'université américaine du Colorado, professeur universitaire, ancien secrétaire général du ministère jordanien de l'agriculture pendant une décennie, a été le bien-élu à l'issue de l'Assemblée générale des ministres arabes de l'agriculture qui s'est tenue à Bahreïn en 2001. Sa double préoccupation : la mise à niveau tous azimuts des structures et du fonctionnement de l'OADA, structure indépendante de la Ligue des Etats arabes d'une part, et le développement des compétences et de l'expertise des ressources humaines. La satisfaction de son séjour dans le Royaume se résume à ce constat : “la 23ème session du Conseil exécutif de l'OADA est la plus réussie” de toutes les précédentes. Khartoum, capitale du Soudan, “le grenier du monde arabe”, expression favorite de Salem El-Louzi, en raison des potentialités naturelles (sol et eau) et humaines du plus grand Etat africain en superficie, abrite depuis 1972 le siège permanent de l'OADA. Celle-ci a réussi à regrouper les 21 Etats de la Ligue à partir de 1981. Quel est le chemin parcouru depuis ? “Le soutien au développement des productions agricoles, animales et végétales et la facilitation des échanges inter-arabes”, réplique aussitôt notre personnage. En formulant le souci de mettre en place des mécanismes fiables et fluides de “commercialisation des produits agricoles” dans la perspective de l'implantation d'une zone arabe de libre-échange à l'horizon 2005. L'une des décisions les plus importantes mises en avant par le Conseil Exécutif concerne le dossier inhérent au développement agricole durable et à la sécurité alimentaire, préparé par le Conseil économique et social de l'OADA qui sera soumis à l'appréciation du prochain Sommet des chefs d'Etat arabes prévu à Bahreïn. Plus particulièrement, la Déclaration de Manama sur la sécurité alimentaire figurera en bonne place des travaux leaders arabes. Un Centre de développement des compétences et d'expertise agricoles L'expert jordanien met l'accent sur l'importance de la formation des ressources humaines en soulignant les cycles des “training programs” que multiplie l'instance sectorielle panarabe. Ce qui permet d'apporter une expertise scientifique et technique “made in arabia” dont le know how s'exporte volontiers vers les espaces africains et du monde arabe à la demande. “L'OADA est number one”, affirme-t-il avec certitude, notamment pour diligenter les études de faisabilité technique et économique des projets de développement des produits du secteur primaire. Et c'est avec fierté qu'El-Louzi qualifie l'Organisation de “Baït Alkhibra”, difficilement traduisible par “Centre de développement des compétences et de l'expertise”. Ce savoir-faire a suscité des échos positifs dans le monde arabe et ailleurs, attirant les pourvoyeurs de fonds d'institutions internationales et des Etats de la Ligue pour financer les études et la recherche mises en œuvre au bénéfice des pays de l'Afrique anglophone et francophone. Un des grands projets initiés en coopération avec des organismes internationaux et les pourvoyeurs de fonds a trait au programme régional de lutte contre les grandes maladies animales, notamment pour l'éradication des épizooties, un redoutable fléau de pathologie épidémique qui décime une grande partie des cheptels bovins et ovins. Un autre souci majeur évoqué : la mise à niveau de l'Organisation. “Le Conseil a approuvé le planning de mise en œuvre du programme de modernisation de l'activité de l'OADA lors de la prochaine étape et je ne puis qu'exprimer ma satisfaction personnelle sur l'état d'avancement de cette opération”, affirme El-Louzi. Autrement dit, un lifting salvateur, en termes d'efficacité pragmatique et d'innovation scientifique qui rajeunirait utilement une Organisation qui avait eu tendance à vieillir quelque peu en ronronnant des programmes de routine sans grand effet fédérateur et intégrateur des économies régionales. A propos de “renouveau”, le Conseil exécutif vient d'approuver les résultats du prix OADA pour la promotion de l'innovation scientifique dans les domaines du secteur primaire au titre de l'exercice 2001 . Quant à l'avenir à court terme, les sphères de la recherche scientifique ont été balisées dans les créneaux de l'utilisation des techniques biologiques en matière de modernisation et de développement de la production agricole dans l'ensemble des pays arabes. Salem El-Louzi est rassuré de voir revenir au Maroc la présidence du Conseil exécutif de l'OADA pour la période 2002-2004 en la personne de son ministre de l'agriculture, Mohand Laenser. “Une organisation parfaite, des cadres très performants qui entourent l'équipe de ses proches collaborateurs, un savoir-faire avéré dans le secteur qui vaut au Royaume d'être le pionnier du monde arabe dans plusieurs domaines agricoles”. Et d'ajouter que le Maroc, durant la présidence de l'organisation, apportera à coup sûr une contribution distinguée qui sortira des sentiers battus. El-Louzi conserve, aussi, “une excellente impression” du long entretien qui a réuni les ministres arabes de l'agriculture avec le Premier ministre Driss Jettou, les orientations prodiguées ont été qualifiées de “très importantes et très bénéfiques” pour inciter l'organisation panarabe à aller plus de l'avant vers d'autres réalisations salutaires et des performances louables. Surtout, les recommandations de la primature axées sur l'intensification et l'élargissement de la coopération entre les pays de la région dans l'objectif d'instaurer une zone arabe de libre-échange à l'échéance 2005. Le Directeur général de l'OADA a exprimé, au nom de tous les membres du Conseil exécutif, sa “très haute considération et sa grande admiration pour SM le Roi Mohammed VI, que Dieu le glorifie, au gouvernement et au peuple marocain qui, sous la conduite éclairée de leur Souverain, nous ont fait sentir que nous étions parmi les nôtres sur cette terre bénie du Royaume”. Et son élan ne se borne pas aux formules d'usage diplomatique pour au moins deux raisons. Primo, cela fait 37 ans qu'il avait effectué sa première visite au Maroc, en 1965 pour être plus précis, où il séjourna deux mois avant d'y revenir à plusieurs reprises dans les années 80 et 90. “J'ai personnellement beaucoup appris sur tout ce que j'ai vu et entendu”, se remémore-t-il avec une nostalgie à peine dissimulée. Secundo, il affirme : “Je suis déterminé à consacrer l'essentiel de mes efforts et à accentuer le rythme des projets de développement agricole” au bénéfice du Royaume. Sachant que des programmes y ont déjà été engagés, comme le projet de développement de l'assistance technique en faveur de plus de 200 exploitations agricoles, ou bien encore celui ayant trait au développement des cultures des légumineuses. Parallèlement, des experts marocains ne cessent d'apporter leursavoir-faire dans le cadre des études de faisabilité au profit du monde arabe et des pays africains.