Dynamique de rapprochement Une importante délégation d'hommes d'affaires, d'experts et de représentants de la finance qatariote ont effectué, les 30 et 31 décembre 2002, une visite au Maroc pour s'entretenir avec les politiques et les autorités monétaires et économiques marocaines en vue d'étudier conjointement la possibilité d'implanter une banque et une compagnie d'assurances islamiques au Maroc. Et de réaliser une série d'investissements dans le domaine immobilier. Les relations économiques et financières entre le Maroc et le Qatar ne cessent de se développer ces dernières années. Après que les politiques des deux pays aient ouvert, en 2002 à l'occasion de la visite de l'émir du Qatar au Maroc, Hamed Ibn Khalifa Al Thani, le bal des négociations pour le développement de partenariats économiques, c'est au tour de la communauté des opérateurs et décideurs privés de monter au créneau pour consolider cette démarche et la traduire en une vraie dynamique de rapprochement. C'est dans cette optique qu'une importante délégation, présidée par Khaled Ibn Thani Ibn Abdellah Al Thani - président directeur général de la société qatariote des investissements immobiliers, administrateur directeur général de la banque islamique du Qatar, de la société qatariote islamique d'assurances et de la société de l'hôpital national des spécialités - composée d'hommes d'affaires, de banquiers et assureurs qataris - parmi lesquels on trouve Abdelbasset Ahmed Achibi, directeur général de la banque islamique du Qatar, Izzat Mohamed Arrachid, directeur général de la société qatariote islamique d'assurances et Tony Hajar, son Directeur de développement des investissements - s'est rendue les 30 et 31 décembre au Maroc pour s'entretenir avec des ministres marocains. L'objectif de la mission étant d'étudier avec les décideurs politiques nationaux la possibilité d'implanter une banque et une compagnie d'assurances islamiques au Maroc et de dynamiser les relations commerciales et financières entre les deux pays et prendre connaissance des opportunités d'affaires et d'investissements qu'offre le Maroc. Dans ce dessein, la délégation s'est réunie avec Fathallah Oualalou, Ministre des finances et de la privatisation, Abderazzak Al Mossadeq, Ministre délégué chargé des affaires économiques, Mustapha Al Machhouri, Ministre du commerce extérieur, Hassan Al Amrani, wali de Rabat et Hassan Al Bernoussi, responsable de la direction des investissements étrangers au ministère des finances. Au cours des différentes réunions de travail avec les politiques marocains, la délégation qatariote s'est intéressée de très près aux lois et règlements qui régissent le fonctionnement des activités financières et économiques au Maroc. Il faut dire que cette poignée d'investisseurs qataris vise aussi bien la création d'entités d'intermédiation financière fonctionnant suivant les principes islamiques que le développement de sociétés immobilières pour la réalisation de grands projets d'habitat économique. Cet intérêt pour le Maroc est mu par les potentialités qu'offre le Royaume chérifien dans le cadre de son partenariat avec l'Union européenne. “C'est une porte ouverte sur l'Europe, l'Afrique et tous les pays du pourtour méditerranéen”, a noté Khaled Ibn Thani Ibn Abdellah Al Thani. Deux questions à Khaled Ibn Thani Ibn Abdellah Al Thani, La Gazette du Maroc : qu'apportera de nouveau le modèle de la banque islamique au marché bancaire marocain ? Khaled Ibn Thani Ibn Abdellah Al Thani : Les métiers classiques de l'intermédiation financière tels qu'ils sont pratiqués de par le monde - hormis le fait qu'ils mettent à la disposition des agents économiques des moyens de paiement, leur distribuent des crédits et gèrent leur épargne - encouragent beaucoup plus la consommation que l'investissement. Le modèle de banque islamique, lui, de par son fonctionnement, encourage essentiellement l'investissement. Les fonds sont mis à la disposition de la banque qui, pour les rémunérer (dans le sens de partage des bénéfices qui seront réalisés), les investit dans différents projets. Cette manière de procéder crée une dynamique constante d'investissement et amène les opérateurs économiques à s'associer à cette culture. De plus, les modes de financement que met une banque islamique à la disposition des agents économiques sont plus variés que ceux des banques classiques. Et ils rencontrent actuellement un grand succès au sein des plus grandes places financières étrangères. Ce n'est pas fortuit si les plus grands groupes bancaires internationaux ouvrent des pôles de banques islamiques. Il n'existe pas au Maroc un cadre juridique spécifique aux banques et compagnies d'assurances islamiques. Comment comptez-vous amener les autorités monétaires marocaines à vous délivrer l'agrément d'exercice pour vous implanter dans le marché marocain ? Comme je vous l'ai expliqué, notre entrée dans le marché marocain ne se limite pas à la création d'une banque et d'une compagnie d'assurances islamiques, elle concernera aussi la réalisation de grands projets immobiliers. C'est une réelle dynamique de rapprochement économique et financière qu'on offre aux décideurs marocains. Ceux-ci sont conscients de cet enjeu et nous ont montré leur intérêt pour voir se concrétiser dans les plus brefs délais ces investissements, qui ne représentent d'ailleurs que le début d'une série de partenariats que les opérateurs qataris ne tarderont pas à sceller avec leurs homologues marocains. De plus, et comme vous le savez, il y a un très grand nombre d'investisseurs qataris qui se sont désengagés du marché américain et qui sont en train de rapatrier la quasi-totalité de leurs fonds des banques américaines. Ils sont actuellement à la recherche d'opportunités d'investissements dans d'autres pays, principalement arabes. Nous l'avons fait savoir aux différents ministres et représentants de la communauté des affaires marocains que nous avons rencontrés. Ainsi, le ministre des finances et de la privatisation, Fathallah Oualalou nous a confié que ses équipes et celles de Bank Al Maghrib sont en train de préparer les textes juridiques qui vont asseoir un statut juridique et régir le fonctionnement des banques et des compagnies d'assurances islamiques au Maroc. Notre entrée dans le système bancaire et financier marocain se fera, selon les propos tenus par les décideurs marocains, d'ici une à deux années.