Mardi 1er juillet, les mélomanes sont conviés à une soirée en hommage au regretté Samy Elmaghribi, disparu le 9 mars 2008 au Canada, loin de la chaleur de son pays natal… Né en 1922 à Safi, cité multiculturelle et multiconfessionnelle, Salomon Amzallag alias Samy Elmaghribi, fut attiré par la musique dès sa tendre enfance. Son arrivée au monde ne fut-elle pas célébrée par les youyous et « Ayout » des Chikhates d'Al Hasba ? Auteur, compositeur et interprète, son répertoire est d'une richesse époustouflante comprenant Sanâa andalouses, Noubas gharnaties, Q'said du Melhoun, Hawzi algérien, chants liturgiques et chansons populaires marocaines, style dit Chgouri. En patriote, il accueille à Saint-Germain en Laye Le roi Mohammed V, de retour de son exil en 1955, et lui chante, avec la complicité du prince Moulay Hassan, «Alf hnia ouhnia goulou ala slama sidna mohammed el khamis sultan al maghrib». En 1960, il écrit et compose sous l'émotion, «Qassidat Agadir» évoquant dans des refrains émouvants, le terrible tremblement de terre qui a ravagé la capitale du Souss. La discographie de l'auteur de «Kaftanek mahloul», dont les premiers enregistrements chez Pathé Marconi remontent à 1948, compte pas moins d'une centaine de morceaux. Les anciens se souviennent et fredonnent, avec plaisir et nostalgie, «El kaoui», «Khaif la chmissa», «Ach min rsoul», «Omri ma nansak ya mamma», «Loukanou andi lamlain», «Alach ya rouhi wa alach», «Ala ouhida»… La génération Studio 2M a découvert en 2005, au cours de l'émission Chada Al alhan, un papy chantant «Ana chab andi tmanin sana» (je suis un jeune de 80 ans) ! C'est cette figure emblématique et cette voix suave, qui n'a cessé d'entonner «ana almaghribi toul omri» (je suis marocain pour toujours), que la communauté juive de Casablanca et la Fondation du Patrimoine Culturel Judéo-Marocain célèbrent. La soirée, qu'abrite le Musée du Judaïsme Marocain, sera animée par Maxime Karotchi et son orchestre avec la participation d'Ahmed Al Fakir, chef de l'orchestre gharnati de la wilaya d'Oujda, Mohamed Al Ghaidi, Michel Abittan, la soprano et spécialiste des chants sépharades Samira Kadiri et l'étoile du Gharnati Ahmed Pirou. C'est pour quand un hommage national digne de ce monument de notre patrimoine musical et ambassadeur infatigable de notre culture à travers le monde au long d'une riche et féconde vie ? Festival : Rabat fait son cinéma Le film du franco-tunisien, Abdellatif kechiche, n'a cessé de rafler distinctions et prix depuis sa sortie en 2007. Acteurs peu connus, petit budget, moyens marketing de lancement réduits….mais une thématique originale et une minutie dans l'approche, avec une écriture cinématographique qui cite Claude Sautet, John Cassavetes, Vittorio De Sica ( scène du vol d'une bicyclette), ken Loach, Maurice Pialat, Jean Renoir… bref, un film exigeant et de qualité. C'est le choix de Rabat, au moment où le débat sur le cinéma d'auteur est d'actualité, après la mémorable intervention de Pascale Ferran au cours de l'une des dernières éditions de Cannes. La rencontre, dont les précédentes éditions furent noyées dans une programmation du défunt festival de Rabat, est en train de gagner en visibilité et en cohérence. Outre la sélection officielle avec des films en provenance d'Allemagne, Iran, Egypte, Etats-Unis, Algérie, France, Belgique, Croatie, Pologne et Mexique, le public est convié à des hommages ( Badiaa Rayan, Nadia Joundi, Nabil El Maleh et Latif Lahlou), à des rétrospectives (Darejan Omirbaev, cinéma marocain,indien), aux sections cinéma jeune public, films documentaires, ainsi qu'à une table ronde réunissant cinéastes marocains et distributeurs français. La nouveauté reste la mise en place d'une université d'été sur l'éducation à l'image. «Les cerfs-volants de kaboul» de Marc Forster clôturera le festival après l'annonce des prix. Le jury, que préside le cinéaste polonais Andrzej Zulawski, aura du mal à départager les prétendants. La cuvée de cette année est exceptionnelle.