A l'heure des bilans défilent tous les faits marquants de la défunte année et 2002, avec son lot de joies et de déceptions, n'a pas failli à cette règle d'or. Evidemment, peser le bonheur et la tristesse n'est jamais chose aisée puisque étant l'affaire de jugement personnel et donc de sentiments. Le public qui vit intensément ces moments forts en émotions retient souvent les derniers résultats de l'année pour établir le bilan et donc porter un jugement définitif sur l'exercice écoulé. Une telle démarche, naturelle serait-on tenté de dire par le phénomène de la mémoire, n'est certes pas juste puisqu'elle sacrifie plusieurs mois au profit des résultats et performances des derniers jours de l'année. Toute réserve faite, il est certain que 2002 n'a pas été une année faste pour le sport national. Les satisfactions ont été rares même si quelques performances ont revêtu un éclat particulier en sport individuel, comme le tennis ou l'athlétisme grâce notamment à deux super champions, Younès El Aynanoui et Hicham El Guerrouj. Tous deux ont crevé l'écran pour parader au plus haut niveau dans leur discipline respective. On peut même ajouter qu'ils ont constitué une fierté pour le Royaume avec leur sacre de n°1 mondial, pour quelque temps pour El Aynaoui et durant toute l'année pour El Guerrouj. En sport collectif, le naufrage a été général et personne ne pourra s'en étonner puisqu'il n'y a pas de politique sportive en équipes nationales, chaque fois préparées à la sauvette pour être envoyées au charbon. Et tant que des plans d'actions ne seront pas élaborés et respectés, les fédérations failliront à leur mission. Mais, sans doute, avant d'incriminer ces différentes instances, faut-il d'abord s'interroger sur le rôle dévolu, en principe, au département de tutelle censé offrir le cadre adéquat à la pratique sportive et venir en aide aux fédérations. Le sport au Maroc est souvent abandonné à son triste sort et la plupart des disciplines sont amenées à colmater les brèches pour survivre. Aujourd'hui, avec des caisses vides, fédérations et clubs passent leur temps à réclamer de l'argent et faute de moyens financiers sont réduits à la mendicité et la misère. Le football bat de l'aile, le basket balbutie, le handball végète, le rugby stagne et l'athlétisme régresse. Difficile de tenir rigueur à tous ces sports déshérités que les pouvoirs publics continuent d'ignorer et à qui tout un chacun réclame des exploits en permanence…! Dans de pareilles conditions et, fatalement, le public marocain ne pourra qu'éprouver des regrets à chaque nouvelle déconvenue. Le sport a besoin d'une politique planifiée, sérieuse et conséquente, faute de quoi on continuera de patauger dans le concert des nations.