Communauté marocaine en Côte d'Ivoire Quelque 2.827 Marocaines et Marocains vivent en Côte d'Ivoire. Un pays déchiré par une guerre civile depuis le 19 septembre 2002. Pour faire le point sur la situation de notre communauté, La Gazette du Maroc a contacté Ahmed Bourzaïm, diplomate de carrière au ministère marocain des Affaires étrangères et de la Coopération, ancien ambassadeur à New Delhi, ex numéro deux de notre ambassade à Washington et actuel directeur des affaires au M.A.E. • La Gazette du Maroc : quelle est l'importance de la communauté marocaine en Côte d'Ivoire ? Ahmed Bourzaïm : l'émigration marocaine vers la Côte d'Ivoire, et vers d'autres pays de l'Afrique subsaharienne, ne date pas d'hier. Elle remonte à plusieurs décennies, à l'époque où des commerçants marocains avaient choisi cette destination en quête de nouvelles opportunités de travail et de commerce. Plusieurs d'entre eux s'y sont installés, au début au Sénégal et en Côte d'Ivoire et par la suite dans d'autres pays africains. Au fil des années, ils sont devenus des résidents permanents vivant en parfaite symbiose avec les autochtones. Par leur sérieux, leur dévouement et leur contribution au développement économique des pays de résidence, les ressortissants marocains ont pu acquérir la confiance et le respect des autorités et des populations de ces pays, jouissant auprès d'elles d'estime et de considération. La communauté marocaine en Côte d'Ivoire est relativement peu nombreuse par rapport à notre communauté établie en Europe ; mais par les activités professionnelles auxquelles elle s'adonne, elle joue un rôle important dans l'économie du pays. L'effectif de la communauté marocaine établie en Côte d'Ivoire s'élève à quelque 2.827 personnes, réparties comme suit : Hommes : 1.213 ; femmes : 1.101 ; enfants : 513. • Quelles sont les mesures que vous avez prises pour assurer sa sécurité et avez-vous établi un plan d'urgence pour son rapatriement, le cas échéant son évacuation vers un pays tiers? Il y a lieu d'indiquer, tout d'abord, que juste après les événements regrettables survenus en Côte d'Ivoire le 19 septembre dernier, le gouvernement de Sa Majesté le Roi a publié un communiqué, en signe de solidarité avec le pouvoir légitime en place, dans lequel il a relevé avec soulagement l'échec de cette tentative visant à porter atteinte à la légalité constitutionnelle dans ce pays frère. Dans ce même cadre, Sa Majesté le Roi, que Dieu l'assiste, a pris l'initiative de dépêcher auprès du président Gbagbo, Tayeb Fassi Fihri, alors secrétaire d'Etat, qui était porteur d'un message de notre Souverain au chef de l'Etat ivoirien. L'occasion a été saisie par la délégation marocaine pour s'informer sur les conditions de vie de notre communauté et l'aider à surmonter les difficultés conjoncturelles affrontées. C'est ainsi que, conformément aux hautes instructions royales, une aide d'urgence a été accordée aux Marocains affectés par les événements en Côte d'Ivoire. L'ambassade du Maroc à Abidjan, avec le concours des représentants de la communauté marocaine, a été chargée de déterminer les cas les plus nécessiteux pour bénéficier de cette aide. Il est à noter, par ailleurs, qu'une cellule de crise a été mise en place par notre ambassade en Côte d'Ivoire en vue de suivre, au jour le jour, les conditions de vie de la communauté marocaine et d'agir de concert avec les autorités ivoiriennes, pour la sauvegarde de ses intérêts. Fort heureusement, sur le plan de son intégrité physique, la communauté marocaine n'a eu à déplorer aucune perte ou dommage. D'autre part, l'ambassade du Royaume a veillé, avec la collaboration du contingent militaire français, à l'évacuation des ressortissants se trouvant dans les zones où sévissait la rébellion. Quant au rapatriement des familles marocaines désireuses de regagner le Maroc, les autorités marocaines compétentes sont en train d'étudier, de concert avec la direction générale de Royal Air Maroc à Casablanca, les moyens susceptibles de faciliter l'évacuation de ces familles vers le Maroc. • A-t-on déploré des pertes humaines ou matérielles ? La communauté marocaine, comme c'est le cas d'ailleurs des autres communautés étrangères de Côte d'Ivoire, a subi des dégâts matériels importants, notamment chez les commerçants qui étaient victimes de pillage et de vandalisme; mais aucune perte humaine n'a été enregistrée au sein de notre communauté.