Saâd Eddine Othmani, S.G. adjoint du PJD "En cette année 2003, le Maroc est confronté à des défis énormes qui conditionnent son avenir. Mais il est appelé à capitaliser ses propres moyens et à s'appuyer sur ses potentialités. Nous pouvons dire qu'il y a trois défis majeurs : • Il y a d'abord le défi de la moralisation de la vie publique et l'instauration d'un système de bonne gouvernance. Tout le monde s'accorde à dire que la situation qui prévaut dans certains secteurs publics est à même de freiner tout élan de développement et à faire échouer tout programme de réforme. De même que plusieurs investisseurs marocains et étrangers rechignent à s'aventurer car ils rencontrent des obstacles insurmontables sur leur chemin. Nous constatons malheureusement que plusieurs investisseurs fuient le Maroc à cause des tracasseries administratives. Donc, il est nécessaire de réformer l'administration et d'assainir l'environnement financier. • Le deuxième défi consiste à instaurer une culture de l'effort et de la solidarité. Malheureusement, nous constatons qu'au Maroc règne la culture de la paresse encouragée par le népotisme, par la corruption et par les multiples allégeances qu'elles soient partisanes ou autres. Cette culture doit changer pour que règne le respect du mérite et de l'effort et pour dépasser les blocages que rencontrent plusieurs cadres et compétences marocains qui fuient également leur pays. Ces compétences ne trouvent pas le cadre naturel pour leur épanouissement et préfèrent émigrer vers d'autres pays qui leur offrent de meilleures conditions de promotion. • Le troisième défi consiste à réduire les énormes écarts sociaux. Notre pays se trouve toujours après cinquante ans d'indépendance dans une situation de sous-développement alarmante. Nous avons un pays qui roule à deux vitesses. Il y a le Maroc utile et le Maroc inutile. Il y a des catégories qui s'enrichissent facilement et il y a une grande majorité de la population qui croule sous le poids de la misère. Nous avons donc besoin d'une culture de justice sociale. Nous avons besoin de réformer le régime des salaires en réduisant les énormes rémunérations dont bénéficient les hauts cadres. Il faut lutter contre les privilèges à tous les niveaux pour permettre aux petites et moyennes entreprises de progresser. Il nous faut donc un minimum de justice sociale pour que les citoyens soient égaux devant la loi. Il est inadmissible de constater que des gros bonnets ne paient pas leurs impôts, alors que des simples salariés sont étouffés par le fisc. Ce n'est qu'à ce prix que le Maroc pourra véritablement se lancer sur la voie du développement durable."