Saâd Eddine El Othmani a annoncé sur les colonnes du quotidien espagnol ABC que si le PJD est exclu de la prochaine coalition gouvernementale, l'opposition que ce parti pratiquera sera beaucoup plus forte. Le secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), Saâd Eddine El Othmani, est très optimiste quant au nombre de sièges que sa formation obtiendra lors des prochaines législatives. Dans un entretien publié par le quotidien espagnol ABC dans son édition du 23 août, le chef de file du parti islamiste a indiqué que sa formation aurait entre 60 et 70 sièges le 7 septembre prochain. «Nous aurons entre 60 et 70 députés. Le paysage politique au Maroc est très balkanisé. Il existe actuellement 36 partis qui se présentent aux élections législatives», a dit M. El Othmani. Toutefois, si ce score escompté est considéré comme étant très optimiste par les observateurs, le PJD, lui, ne le voit pas ainsi. Bien au contraire, la formation islamiste estime que c'est elle qui veut limiter, encore une fois, ses résultats aux élections. « Le PJD ne veut pas être seul au Parlement. Il ne veut pas obtenir la majorité absolue. Nous voulons des partenaires de gouvernement qui nous aideront à affronter les défis économiques et sociaux ou les défis internationaux comme le terrorisme ou l'immigration clandestine», précise le leader islamiste. Le PJD procédera donc à une autolimitation qui lui permettrait de ne pas aller au-delà de 70 députés. Comment cela peut-il être possible si le parti a couvert toutes les circonscriptions électorales du Royaume ? Le dirigeant du PJD ne donne pas d'explications. Il se contente de dire que son parti a fait de l'autorégulation une stratégie depuis sa naissance. «C'est une stratégie d'autorégulation que nous avons adopté en 1997, date des premières élections auxquelles nous avons participé. À l'époque, nous nous étions présentés dans 4% des circonscriptions. En 2002, c'était en 60%. Il n'y a pas eu de pression du gouvernement. Mais, on ne peut pas faire de réforme radicale dans une société complexe comme la nôtre et qui est à cheval entre modernité et traditions», a-t-il dit avant de préciser : «cette année nous nous présentons dans toutes les circonscriptions». Et bien que le fait de concilier autorégulation et couverture de toutes les circonscriptions ne soit pas clarifiée, M. El Othmani apporte une précision de taille qui pourrait passer inaperçue à savoir que l'objectif de son parti est de «réformer la société». Or, dans une démocratie, la bataille politique en général et électorale en particulier a pour objectif de se faire accréditer par les citoyens pour gérer les affaires publiques. Arriver au pouvoir pour réformer une société est l'objectif d'un mouvement révolutionnaire et non celui d'un parti politique. S'agissant d'une éventuelle entrée au gouvernement, le secrétaire général du PJD pose une seule condition, à savoir que sa participation soit dans l'intérêt de la nation. «Nous allons entrer au gouvernement si nous estimons que cela va bénéficier au Maroc et si nous avons la possibilité d'appliquer un minimum de notre programme», a-t-il indiqué avant de lancer une sorte d'avertissement au cas où il serait exclu de la future coalition gouvernementale. «Si les conditions politiques ne sont pas bonnes pour faire partie de la coalition gouvernementale, nous sommes prêts à rester dans l'opposition, mais celle-ci sera beaucoup plus forte », lance-t-il à qui de droit.