Grève générale. La CDT a décrété une grève générale. Tactique fondamentale pour anticiper un remaniement ou moyen pour négocier ? Pourquoi Noubir Amaoui, le bouillonnant chef de la CDT, veut faire cavalier seul ? Tactique fondamentale, pour les nostalgiques du marxisme léninisme, la grève générale, décrétée par le chef CDT, n'aura, en aucun cas, la portée révolutionnaire toujours caressée par les anciens internationalistes. La question à nouveau : à un moment où pas moins de quatre centrales syndicales coordonnent leurs actions, en vue d'entamer une grève nationale, exclusivement dans le secteur public, le 13 mai, l'indéboulonnable patron de la Confédération, lui, appelle à une grève générale qui touchera également le secteur privé, à une semaine d'intervalle. Pourquoi ? Dans la tradition radicale, une grève générale de 24 heures est définie comme «moyen suffisant pour repousser l'attaque gouvernementale». Elle est à la fois arme de négociation et moyen de renforcer l'image combative du syndicat concerné. D'ailleurs à Amaoui, on a reproché, juste après le retrait des représentants syndicaux de la deuxième chambre, un réveil «incompris», sinon, spectaculaire, voire douteux. Du coup, nombreux étaient les observateurs qui ont vu dans l'escalade déclenchée un avertissement qui visera à obliger le partenaire gouvernemental à conclure un compromis. Est-ce l'objectif recherché par le SG de la CDT ? Fait remarquable : Amaoui a soigneusement évité toute action commune pour rester maître de sa propre action, d'une part, et se positionner en négociateur unique, d'autre part ! Autrement, son message est clair : la CDT a ses propres calculs qui n'ont rien à voir avec ceux des autres syndicats ! Quels sont ces calculs? D'interviews en déclarations, le chef de la CDT fait savoir qu'il fait peu de cas du gouvernement actuel. Souvent incendiaire, son discours donne l'impression qu'il «transcende le gouvernement Abbas El Fassi» et en fait fi, comme le signale un proche collaborateur. Faut-il y voir une tentative de «virer» le gouvernement ? D'une grève sans lendemain, à une grève qui marquera le cours politique actuel, il y a des pas à franchir. Et d'abord, une action commune, tous syndicats confondus. Or, Amaoui, lui, boude jusqu'à présent toute main tendue. D'autant plus qu'une telle visée doit d'abord penser aux préalables, à savoir : quel gouvernement sortira de la crise ? Politiquement, Noubir Amaoui ne fait pas le poids. Surtout que les partis qui soutiennent la CDT ne font pas la mise en termes politiques ! A moins que Amaoui table sur un hypothétique remaniement, et faire en sorte de «capitaliser» par la suite. Il faut, le cas échéant, compter sans les autres partis et syndicats ! Encore faut-il que la CDT ait la force ouvrière capable de faire pression et, partant, geler l'activité du pays. En a-t-il la prétention ? De toute manière, une grève générale a l'allure d'un coup d'épée dans l'eau. Au mieux, elle permettra à Amaoui, de négocier avec le gouvernement actuel. Ni plus, ni moins !