Sachez que si la RAM n'est pas encore une Web 2.0, bien qu'elle soit la plus «mondialisée» des entreprises marocaines (Hervé Seyriex l'avait juré dans une conférence à la RAM Academy), la France tout autant est loin de faire mieux. Démonstration magistrale du professeur Marc de Fouchécour qui a livré, le jeudi 17 avril dans le cadre du cycle 2008 des conférences de la RAM , sa «botte secrète» sur les innovations virtuelles qui renforcent le management de la connaissance dans les entreprises. En invitant périodiquement des universitaires, consultants et managers de talent, qui se succèdent au pupitre des conférences organisées, chaque année, le staff COM des «Ailes du Maroc» bien conduit par la dynamique Rajae Bensaoud, maître d'œuvre de l'organisation de ces rencontres, offre des opportunités de régaler le public et les partenaires pour lesquels le détour par la RAM Academy, est devenu un rendez-vous incontournable. Surtout quand les invités du jour sont des valeurs confirmées dans le domaine de la consultance et de l'ingénierie, tant au sein de l'entreprise que dans l'Enseignement supérieur et la recherche scientifique. C'était le cas avec Marc de Fouchécour, qui a suscité la vive curiosité de l'assistance autour du thème «Entreprise 2.0 : innover, manager, travailler autrement». DEA de mathématiques, polytechnicien (X 70), professeur à l'ENSAM parisien (Ecole nationale supérieure des Arts et métiers actuellement Paristech), directeur associé de la société Next Modernity, l'orateur a persévéré pour nous convaincre que «plus nous sommes de têtes, plus nous devenons intelligents et efficaces». L'explication est, à la base, scientifique : sur les 100 milliards de neurones du cerveau humain, environ 20.000 connexions sont possibles pour chacune de ces cellules cérébrales. «Ce n'est pas le neurone qui est intelligent, mais les connexions entre plusieurs de ces cellules», insiste-t-il. Si bien, que la nouvelle génération d'entreprise, fondée sur le Web 2.0 comme outil de communication et de développement partagé des informations et des connaissances, grâce au recours intensif des nouvelles technologies interactives et proactives (wikis, gmail, blogs, face book, skype…), décuple le potentiel d'intelligence collective en incitant les contributions individuelles à «penser liens». Et pour démontrer aux «esprits noueux» que la prétendue complexité des choses est souvent le contraire de ce que l'on croit, il a rappelé que «la réalité est faite de plein de choses fort simples» et que l'intelligence comme faculté à s'adapter à des situations nouvelles, se développe avec des «neurones connectés». Et il sait de quoi il parle pour avoir développé des systèmes de traitement d'information et d'aide à la décision et réalisé des missions d'audit et de conseil en Knowledge Management et Technologies de l'Information et de la Communication. Il a innové, en introduisant les outils du travail collaboratif et de k-mapping et en contribuant au développement du e-learning à l'ENSAM où il est en charge du département du knowledge management. Il pratique, expérimente et enseigne les méthodes et outils d'efficacité collective, de travail collaboratif et en réseau, et d'organisations innovantes. Il participe à l'Institut de l'Entreprise 2.0 créé en janvier 2008 par Grenoble Ecole de Management. Marc de Fouchécour ne pouvait se taire sur le constat, dûment établi par les études, que «plus de 80% des connaissances dans l'entreprise ne sont pas codifiés dans des documents ou des procédures aussi exhaustives, puissent-elles supposées l'être». Les mutations du savoir Celles-ci ne représentent que la partie visible de l'iceberg, tandis que le plus clair du management des connaissances, le knowledge management si vous préférez, est intensif dans les conversations téléphoniques, les réunions de travail, les rapports interprofessionnels, bref dans tout ce qui n'est pas couché noir sur blanc dans la mémoire et dans la science des organisations. Au fait, pour définir le knowledge management, il n'y a pas plus rébarbatif que la définition classique énonçant cette discipline, comme étant «constituée par l'ensemble des démarches, de méthodes, d'outils, de collecte et d'accumulation de connaissances visant à finaliser et à capitaliser un savoir partagé». Du coup, l'orateur s'est débarrassé du référentiel qu'il enseigne à ses étudiants des Arts et métiers ravis de découvrir la «recette» plus directe et concise de leur enseignant : le RIP MIX BURN qui peut être assimilé à l'idée en vogue dans les cabinets de consultance occidentaux : «la stratégie, c'est l'art de l'exécution». Tiens, je «pense liens», un des principes de base du web 2 ;0 puisque la relation est connectée avec la conférence précédente sur le leadership PERFORMEX donnée dans le même cadre par le consultant canadien Vincent Sabourin, champion du pragmatisme qui s'était appliqué à présenter les meilleures pratiques des managers les plus performants. Fouchécour préconise la rupture avec le Web 1.0 qui est un univers de navigation, où l'internaute est passif et consomme tout ce que la toile lui affiche. Dans le Web 2.0, l'usager est, au contraire actif, il écrit ses blogs, il se mue en producteur et acteur et devient, à son tour, auteur contribuant à enrichir la mémoire de connaissances stockées en ligne. «Ce n'est ni un paradis, ni un enfer. Ce n'est plus une mode. C'est un mouvement mondial qui renforce le sentiment d'existence et enrichit considérablement l'intelligence collective», explique-t-il. Il recommande fortement de multiplier les «effets de seuil» qui font que plus on est nombreux, plus les idées s'enrichissent. D'ailleurs, illustre-t-il, «plus de la moitié des contenus du web est réalisée par des particuliers. De nos jours, tout le monde va au bain».