L'artiste Hammadi Ammour, est l'une des plus vieilles figures du Théâtre au Maroc qui, depuis presque 60 ans, n'a cessé de s'impliquer corps et âme afin de donner au domaine des planches, toutes ses lettres de noblesse, aux côtés d'autres noms connus de la “Troupe du Théâtre Arabe” affiliée à la radio marocaine, notamment : Abderrazak Hakam, Ahmed El Gharbi, Amina Rachid, Habiba Medkouri, H'midou Benmessaoûd (à ses débuts dans les années 50) Mohamed Hammad El Azrak, Mohamed Ahmed El Basri, et tant d'autres. En parallèle au théâtre, Ammour cultivait aussi un autre violon d'Ingres : celui de l'animation radiophonique. Et l'on se rappelle d'ailleurs avec une certaine nostalgie de son émission hebdomadaire très réussie dans les années 60 “Aâlamou el founoune”, présentée chaque jeudi soir. Bref, il y a beaucoup à dire sur ce grand artiste qui a tellement donné à son art et à son public. Néanmoins, nous allons aborder dans le présent entretien, certains volets plus ou moins liés à la vie artistique de notre invité. Cédons-lui la parole dans cette série de questions. La Gazette du Maroc : Tout d'abord, dites-nous brièvement comment ont été vos débuts artistiques et en quelle année exactement s'est effectué le “démarrage” ? H. AMMOUR : Le “démarrage”, comme vous dites, s'est déroulé à Casablanca le 18 février 1948 sur la scène du défunt Théâtre Municipal de la ville, dans une pièce intitulée “Ana el moujrime” (je suis l'assassin), de Ahmed Qasiss. Evidemment, vous êtes au courant d'une couverture médicale, dont a bénéficié une certaine partie des artistes marocains... Chaque artiste a besoin d'une couverture médicale et d'autres choses. Mais on voit à ce jour, qu'une masse considérable d'artistes est toujours négligée, sachant que ces derniers ont consacré toute leur vie au domaine. La prétention dans le comportement d'un artiste, cela vous inspire quoi au juste ? La prétention chez un artiste est une erreur fatale, et celui-ci est loin d'être un vrai créateur, car l'orgueil est le cimetière de tous ceux qui se prétendent “artistes” et qui sont loin de l'être. Supposons que vous disposez d'un poste d'influence dans un ministère chargé des affaires artistiques, quelles seraient à vos yeux les premières mesures à prendre pour promouvoir le domaine ? Sur ce point, je demande un peu de temps, car on attend et on espère des résultats fructueux au sein du ministère de la Culture, surtout qu'il est géré par des personnes qui sont en relation directe avec le domaine artistique et en premier lieu, Madame la ministre et Madame l'Artiste en même temps. A votre avis, nos deux chaînes de télévision jouent-elles vraiment leur véritable rôle dans l'encouragement de nos jeunes talents ? Sur cette question très importante, je ne peux fournir aucune réponse sur ce qui s'est passé avant ou sur ce qui va se passer après... Est-ce que Hammadi Ammour compte, comme tout le monde ou presque, des ennemis dans le domaine. Et comment se comporte-t-il avec eux? Sur ce point, je ne peux satisfaire cette question, car je n'ai pas d'ennemis dans le domaine ou ailleurs, et durant toute ma longue carrière, je n'ai jamais eu d'incident avec personne, car je respecte tout le monde. Si vous n'aviez pas été destiné à l'art, quels seraient les 3 autres métiers (par ordre de préférence) pour lesquels votre coeur aurait facilement balancé ? La bijouterie, l'art de décoration et le métier de traiteur d'un haut niveau. A part le théâtre, disposez-vous d'autres penchants dans votre arc ? Tout d'abord, j'ai un amour fou pour l'Art. Il y a aussi le domaine commercial où j'ai exercé durant quelques années et où j'ai acquis une certaine expérience qui m'a été bénéfique, dans la vie d'une manière générale. Avez-vous une opinion précise sur les jeunes qui, de nos jours, tournent le dos au mariage ? Je connais beaucoup de jeunes qualifiés pour le mariage, mais qui ont une certaine peur de ne pas réussir cette relation conjugale sacrée. Avez-vous un mot à dire sur une certaine hypocrisie qui commence, hélas, à tendre ses tentacules et fausser les relations entre les gens en société ? L'hypocrisie est un virus parmi d'autres qui résident dans toutes les sociétés, depuis les temps les plus reculés de l'histoire et qui n'a pas de remède, malheureusement ! BQue pensez-vous de la femme qui suit aveuglement la mode ? Une femme qui s'accroche de la sorte à la mode est sans personnalité et ignore tout de ses qualités et traditions. Comment procède Hammadi Ammour dans le choix de ses amis ? Je me fie et me repose auprès de gens sympathiques, paisibles et sincères, et ils sont nombreux grâce à dieu dans notre domaine artistique. A propos d'amitié et de sincérité, quelle est votre opinion sur les gens qui n'arrêtent pas de critiquer leurs amis, en leur absence ? A ces gens malades, je souhaite un prompt rétablissement. C'est tout ! Toujours dans le même sillage, est-ce que vous vous remettez facilement d'une trahison subie après une belle et longue amitié ? Si quelqu'un procède de cette manière et ils sont plusieurs d'ailleurs, je l'efface vite de ma mémoire sans le moindre regret. Dans le théâtre, comme à la télévision, vous campez assez souvent, le rôle d'un personnage riche. L'êtes-vous aussi dans la vie ? Tout le monde pense que je suis riche en puisant cette idée dans les rôles que j'interprète, soit à la télé ou au cinéma. c'est malheureusement le contraire qui est la pure vérité. Toutefois, je suis très riche de l'amour que me voue le public et c'est un trésor inestimable. Des invités qui débarquent chez vous à l'improviste, cela vous perturbe-t-il outre mesure ? Si je reçois des invités, mon seul souci est de les accueillir chaleureusement, selon mes moyens évidemment. Et vos lecteurs pourraient s'en assurer, car ils seront les bienvenus chez moi à tout moment, ainsi que ceux qui les accompagnent. Quel est le souvenir artistique le plus doux que vous gardez au fond de votre mémoire? Il s'agit de plusieurs souvenirs, aussi impérissables les uns que les autres. A une époque, j'ai offert plusieurs occasions à des artistes lors de leurs premières apparitions et qui aujourd'hui, sont célèbres. Je ne peux citer de noms, la liste est longue... De ce côté-là, je suis absolument fier d'avoir accompli ma tâche. Pour terminer, quelle est la question gênante que vous n'aimeriez pas que l'on vous pose ? Me demander : «quel est le montant, que vous réglez chaque mois, de vos quittances d'eau, d'électricité ou de téléphone» ?