En commémorant, le samedi 29 mars à la salle casablancaise Abdessamad El Kanfaoui, artiste et fondateur de l'UMT, dont l'épouse était présente, le 2ème anniversaire de la disparition du syndicaliste Mohamed Abderrazak, l'Association Ennour n'a pas oublié de rendre un vibrant hommage à ces héros qui représentent un symbole posthume et une école de militantisme social au service du bien-être des travailleurs marocains en général, et des Electriciens de l'ONE en particulier. Il est impossible de passer sous silence le legs fécond d'un des plus grands leaders du militantisme de la classe ouvrière au Maroc et membre fondateur et dirigeant de la puissante centrale UMT qui nous a quitté en avril 2006 en laissant en héritage des acquis de taille et des améliorations considérables au bénéfice des salariés des deux secteurs public et privé. C'est que feu Mohamed Abderrazak, compagnon de lutte et de route de l'inamovible Mahjoub Benseddik, dont il fut «l'éternel second» pendant plus d'un demi-siècle depuis la création de la centrale en 1955, est à créditer du label amplement mérité de «Monsieur œuvres Sociales» de l'UMT par excellence, tellement il a fait école en matière de revendications arrachées de haute lutte au patronat et à l'Etat dans le registre de l'amélioration des conditions de vie et de travail des salariés. Au palmarès exceptionnel de ses faits d'armes de tous les combats syndicaux qu'il a orchestrés et des âpres négociations qu'il a fait aboutir en sa qualité reconnue d'homme de dialogue et de modération, figurent en ligne de mire la création des centres de vacances, notamment à l'ONE (ex-FNTE) où il conduisait les œuvres sociales, un peu partout dans le Royaume et pas moins de 14 grandes polycliniques de la CNSS réparties sur tout le territoire national. Une stature d'homme d'Etat En guise de témoignage poignant du président de l'ONG initiatrice de l'évènement, qui fut compagnon de Mohamed Abderrazak chez les électriciens pendant plus de 25 ans, Saïd Mourtaji explique que «Si nombreux sont ceux qui ignorent encore que Mohamed Abderrazak était un simple ouvrier électricien à l'ONE, en revanche tous les Marocains le connaissent comme l'un des fondateurs et premier dirigeant de la première organisation syndicale du Royaume». Saïd Mortaji persiste et signe en précisant que «L'action menée par l'illustre défunt a pu rendre chaque ouvrier de l'ONE dont il présidait la FNTE (Fédération nationale des travailleurs de l'énergie) et les œuvres sociales de l'entreprise, propriétaire de son logement. Nous étions les premiers en Afrique à bénéficier de cette aide sociale grâce à la clairvoyance, l'engagement militant et l'abnégation totale d'un homme qui n'avait de cesse que de voir ses collègues travailleurs vivre toujours mieux». Mohamed Abderrazak, un homme brave et valeureux, altruiste et patriote, dont «l'amitié n'avait pas de limite car le défunt inspirait autour de lui le respect et la sagesse, tant à l'échelon national qu'à l'étranger, par sa simplicité, sa clairvoyance et sa solidarité active». Le vétéran syndicaliste, qui s'est éteint à l'âge de 80 ans, n'en était pas moins un résistant de la première heure, Settati de souche pure, dans la lutte pour l'indépendance lorsqu'il s'appliquait, notamment, à faire le trait d'union entre les nationalistes entre sa ville natale et Casablanca. En commémorant cette date anniversaire, l'Association Ennour fondée le 29 avril 2007 et dirigée par un Conseil exécutif fort de ses 9 membres, a réussi à ramener de nombreuses personnalités de marque à la cérémonie d'hommage du week-end dernier. Nous citerons les anciens ministres Saïd Saâdi et Abderrahim Harrouchi tous les deux mus en d'intenses acteurs de la société civile active, le dramaturge Abdelkader Badaoui dont le frère Abderrazak avait été sauvé de la cécité grâce au défunt syndicaliste, l'ancien Résistant, le grand Mohamed Benhamou qui se souvient toujours, les larmes aux yeux, avoir été sauvé de la potence coloniale par Mohamed Abderrazak. Il y avait, aussi ce jour-là, l'ancien Directeur Général de l'ONE Abderrahmane Naji sans oublier, bien entendu, les membres de la famille du défunt en la personne de son fils Tarek et de ses deux sœurs Souad et Fatiha, leur brave maman et épouse du leader disparu, ne pouvait faire le déplacement pour des raisons de santé. élégance d'esprit Elle, qui était de tout cœur dans l'évènement, elle qui a tant accompagné, aidé, soutenu et conseillé un homme, son époux, contraint par ses hautes responsabilités et ses charges importantes à consacrer plus de temps à son activité militante au détriment des loisirs en famille. Foi de Mourtaji qui enchaîne en ayant eu l'élégance d'esprit de s'en excuser auprès des membres de la famille du leader de l'UMT : «Nous nous excusons auprès des membres de la famille du regretté défunt qui a sacrifié tout son temps et tant d'efforts à la cause syndicale et au bien-être des travailleurs qu'il n'en a pu passer auprès des siens». C'était un activiste infatigable qui s'était interdit de prendre des congés, pour abattre un travail considérable, tous les jours, de 9 heures à 23 heures sans arrêt. D'ailleurs, il ne pouvait normalement déjeuner, quand il le pouvait, que vers 18 heures, pas avant. A la vision et à l'intelligence du militant pieux, on lui a découvert aussi le secret de sa formidable capacité de mémorisation qui impressionnait tous ceux qui l'ont approché ou connu dans son entourage. Un secret révélé par son propre fils Tarek, son confident et ami qui nous rapporte un aveu de son héros de père : «C'est grâce au Coran que j'ai appris par cœur depuis l'âge de 12 ans», une prouesse très rarement égalée dans les annales. Plus que tout cela, «Mohamed Abderrazak avait une authentique stature d'homme d'Etat souvent consulté par des chefs d'Etat et des membres du gouvernement», nous assurent les témoins qui lui reconnaissent la richesse et l'efficacité d'une école dans les affaires sociales et politiques. Pour toutes ces raisons, un ultime hommage est souhaité par l'Association Ennour dont le président fait acte en adressant une demande appuyée au Souverain visant à baptiser du nom de Mohamed Abderrazak Dar Mouemin (Maison de l'Assuré) à Casablanca tant le leader disparu fut un inlassable défenseur du Trône et de la Patrie qui l'avaient déjà honoré par la décoration Royale du Wissam Al Arch de rang d'Officier du temps de feu le Roi Hassan II.