PJD face au gouvernement Conséquents avec leur islamisme, les islamistes ont un indice de fécondité conforme à l'Islam pour lequel la prolifération de l'espèce (attakathour) est un sujet de fierté. En face d'eux, les ministres, sans être dans la norme des pays développés, font figure de “mécréants”. Le Mouvement unification et réforme (MUR), visiblement un “ très proche parent” du Parti justice et développement (PJD), vient d'élire son Bureau exécutif. Quinze personnes en tout dont une femme. L'ensemble des membres du Bureau sont d'un niveau universitaire. Entre autres, un ingénieur d'Etat, trois docteurs d'Etat, un docteur en médecine spécialisée (psychanalyse) qu'il allie à un diplôme en théologie, un DES de Dar El Hadith Al Hassania. La femme du Bureau exécutif, Naïma Beni-îch, en terme de procréation, occupe la queue du peloton, avec deux enfants, juste devant le “cancre” de la classe, Abderrahim Chaikhi qui ferme la marche avec un seul. A sa décharge, son âge. A 37 ans, il est le plus jeune du bureau et il ne faut pas douter, la prolifération de l'espèce (attakathour) étant une fierté de l'Islam, qu'il a un bel avenir devant lui. Avec trois enfants, le docteur Saâdeddine Othmani reste, en compagnie de deux autres frères, dans des proportions de reproduction limitées. A quatre enfants, on retrouve deux membres du Bureau dont Mohamed Yatim. Ahmed Rissouni, président du mouvement, Abdelillah Benkirane, figure de proue, et Abdennasser Tijani, coordonateur du Conseil consultatif, font jeu égal : 5 enfants comme pour protéger leurs frères en Islam du mauvais œil. Abdeljalil Janissi, responsable de l'éducation et Abdeslam Bellaji ouvrent la marche avec respectivement 6 et 7 enfants. L'un dans l'autre, cela donne un indice synthétique de fécondité de 4,7 enfants par homme. Mettons-nous d'accord, puisque cet indice va être comparé à celui des ministres. La démarche est arbitraire. Si on parle de taux de fécondité par homme, et non pas par femme comme le veut l'approche statistique, c'est parce que les biographies des membres du Bureau exécutif du MUR comme celles des membres du gouvernement, ne nous renseignent pas sur les mariages. On ne sait pas en conséquence si ces enfants ont été faits avec une seule femme ou plus, que ce soit dans le cadre de la polygamie ou du remariage. Mais la tendance globale ne devrait pas souffrir beaucoup de cette carence. Par ailleurs, la comparaison entre l'un et l'autre se justifie par les pronostics des bookmakers de la politique donnant les islamistes qui s'activent dans l'espace du jeu institutionnel, comme l'alternative, électoralement, à l'équipe en place. Et même si l'échantillonnage n'est pas équilibré, 15 pour les islamistes contre 39 pour le gouvernement, les variations, pour parler comme les statisticiens, ne sont pas à notre sens très significatives. L'indice de fécondité de 4,7 traduit la “ruralité” culturelle des islamistes, en contradiction flagrante avec leur niveau d'instruction. Il ne serait donc pas étonnant, autant pour des raisons religieuses que pour une question de niveau socio-économique, de le retrouver en plus accentué dans la population où le MUR, par le biais du PJD, puise ses militants, ses sympathisants et ses voix. Un taux de fécondité de 4,7 apparaît comme une caractéristique des pays en développement surpeuplés quand on sait que pour assurer, selon les démographes, le renouvellement des générations (1 pour 1), il faut un indice de 2,01. Les projections le situent actuellement en moyenne nationale à 2,7. En 1998, l'indice de fécondité était de 3 en milieu urbain et au-dessus de 4 en milieu rural. On le retrouve dans des pays africains comme le Kenya (4,2). C'est mieux que la Somalie (7,3) et l'Ouganda (7,1), mais il est aussi sans rapport avec l'Ile Maurice (1,9). Les membres du gouvernement, non plus, ne sont pas dans la norme, mais font tout de même beaucoup mieux, avec un indice de fécondité de 2,7 conforme à la moyenne nationale. Si des ministres qui n'ont pas ou pas encore d'enfants ne leur sauvaient la mise, ce taux serait de 3 : c'est le cas de Mohamed Achaâri (Culture), Adil Douiri (Tourisme), Nabyl Benabdellah (Communication), et Mohamed El Gahs (Jeunesse) qui tournent le dos pour l'instant à la reproduction. Avec un seul enfant, Abdessadek Rabiaâ (S.G. du gouvernement) et Karim Ghallab (Equipement et Transport) apportent un coup de main à cette courbe de la dénatalité. Onze ministres s'inscrivent dans le “choix des rois” pour la démographie en offrant au Maroc deux enfants chacun. Parmi eux Mustapha Sahel (Intérieur), Khalid Alioua et Habib El Malki (Enseignement toutes catégories confondues), Abderrazak Mossadeq (Affaires économiques) Mustapha Mansouri (Emploi), Abderrahman Sbaï (Défense), Mohamed Elyazghi (Aménagement du Territoire), Fouad Ali Himma (Intérieur), Taïeb Fassi Fihri (Affaires étrangères). Avec trois enfants Yasmina Badou (Femmes et Enfance), M'hamed Khalifa (Artisanat), Mohamed Bouzoubaâ (Justice), Saâd Alami (Parlement), Zahoud (Eau), Omar Fassi (Recherche Scientifique) sont à classer, plus ou moins, dans le “démographiquement correct” pour un pays du tiers monde. Sur la courbe de la forte croissance démographique caractéristique des pays en développement (4 enfants) figurent le Premier ministre Driss Jettou, Abbas El Fassi (sans porte-feuille), Fathallah Oualalou (Finances), Taoufiq Ahmed (Habous et Islam), Mohand Laenser (Agriculture) et Tawfiq Hjira (Habitat). Tous ces ministres ont en commun d'être âgé de 60 ans et plus sauf le Premier ministre qui n'en est pas très loin, 57 ans et Hjira... 44 ans. La “palme” d' “attakathour” revient à Mohamed Benaïssa (A. étrangères) et Biadillah (Santé) dans la même position de protecteur contre le mauvais œil d'Ahmed Rissouni côté islamiste, avec chacun 5 enfants. Et si dans le gouvernement, l'USFP et l'Istiqlal sont à part égale avec 8 ministres chacun, l'Istiqlal est le premier parti en termes de prolifération, 21 contre 15 pour les socialistes. Pour autant, Abbas El Fassi et ses collègues Istiqlaliens sont battus par les islamistes quel que soit le bout par lequel on les prend, les huit premiers ou les huit derniers du Bureau exécutif de MUR : 37 à 21 dans le premier cas, 26 à 21 dans le second. Mais face au gouvernement, les islamistes se rattrapent quand il s'agit de la moyenne d'âge : 44,7 contre 52. Ils sont ainsi plus proches de la très forte composante jeune de la pyramide des âges. L'indice de fécondité de 4,7 traduit la “ruralité” culturelle des islamistes, en contradiction flagrante avec leur niveau d'instruction.