«Le Cheval Barbe» a plus de taille que l'Arabe, il a la tête un peu plus longue. Sa poitrine est magnifique, ses membres sont forts et nerveux, son ensemble est merveilleux de grâce et d'élégance. Il a le pied sûr, la course rapide et se plie néanmoins facilement aux travaux les plus compliqués du manège. Appelé cheval de Barbarie par les auteurs Romains il y a plus de 2000 ans, le Barbe a toujours été élevé par les tribus nomades (de la Libye au Maroc en passant par la Tunisie et l'Algérie) et depuis longtemps en France. Physiquement très endurant et supportant sans peine toutes les privations, il quitta très tôt les pays du berceau de race pour rayonner en Italie, l'Espagne et la France sous la selle de guerriers désignés sous le nom de Barbares… puisque ni Romains ni Grecs ! Le même nom qui fut attribué aux chevaux qui de Barbares devinrent : Barbes. Endurant, sobre, frugal, résistant à toutes les variations climatiques, les Barbes sont héritiers des longues campagnes et des raids militaires. Il fût donc utilisé comme cheval de guerre par les Numides, par Jules César pour la guerre de la Gaules, par les Arabes pour envahir l'Espagne et plus récemment par l'armée allemande pour gagner Moscou avec des barbes réquisitionnés en Tunisie par Rommel. Ce fut aussi la monture des Spahis dans un passé récent. Ce corps d'élite doit une grande partie de sa réputation à la qualité de ces chevaux. Accouplée aux chevaux arabes à l'arrivée des tribus arabes venues de l'Est apportant l'Islam au Maghreb, la race barbe a une sœur, l'Arabe-Barbe, cheval plus sportif qui partage son nom et ses registres généalogiques, possédant comme elle un mental exceptionnel, calme et explosif à la fois. Son énergie devenue légendaire est toujours très simple à canaliser. Morphologie Trois types principaux : le barbe des plaines littorales riches, celui des montagnes, celui des hauts plateaux et de la limite nord du Sahara. On le trouvera plutôt alezan et gris en Tunisie, plutôt gris en Algérie, plutôt gris et bai au Maroc avec toutes les variantes de ces familles de robe. Pas toujours très élégant, il est toujours efficace et agréable à monter. Des sabots plutôt petits, cylindriques et durs, des canons courts (18cm minimum de circonférence chez l'adulte), un dos court parfois tranchant, une croupe «en pupitre», une encolure courte, le Barbe a une morphologie de cheval porteur et efficace. Lymphatique au repos, il bouillonne dès qu'on le sollicite, c'est un faux tempérament froid allié à une véritable intelligence. Si la morphologie idéale du Barbe est précisée, celle de l'arabe-barbe ne peut l'être. Elle est en fonction du pourcentage de sang arabe de chaque individu, lui même en fonction de l'usage auquel on le destine (sport, endurance, obstacle, dressage, attelage, polo etc...). Ce cheval complet convient à tout. Le cheval Barbe à la conquête de l'Europe Le cheval Barbe a joué un rôle important en Europe occidentale, tout spécialement en Angleterre à partir du XVI siècle. C'est à Henri VIII, le contemporain de François 1er et de Charles Quint, que le Prince de Mantoue offrit plusieurs juments de cette race qui furent mises à la reproduction au Haras d'Eltham. Les cours européennes utilisaient des chevaux napolitains et andalous qui se prêtaient bien au dressage. Le Barbe, cheval d'extérieur par nature, se révéla capable de les concurrencer sur leurs propres terrains, tant son équilibre naturel était bon. Aussi Henri VIII, puis ses successeurs, multiplièrent-ils ce cheval dans les îles Britanniques. En France, c'est à propos du roi Henri?III que l'on cite pour la première fois, au plus haut niveau, le cheval barbe. C'est en effet sur un Barbe qu'il quitta Cracovie, où il était alors roi de Pologne, pour regagner Paris, lorsque la mort de son frère Charles IX, en 1574, lui laissa le trône de France. Mais Henri IV va être le premier souverain français à s'intéresser vraiment aux chevaux barbes et à leur élevage. Antoine de Pluvinel, grand ecuyer du Roi avait découvert cette race en Italie et l'avait introduite dans les écuries du roi : il employait plusieurs Barbes dans son Académie Equestre, et c'est sur un Barbe appelé «le Bonnitte» qu'il fit faire au Dauphin, le futur Louis XIII, son éducation équestre. Dans «Le Manège Royal», dont il était l'auteur, plusieurs gravures représentent «le Bonnitte». Le Grand Ecuyer en parlait en ces termes : «C'est le cheval le mieux dressé de la chrétienté, et il est le parangon de tous les chevaux de manège du monde, tant par sa beauté, que pour aller parfaitement, de bonne grâce, jusque terre à terre et à courbettes». On lui trouve beaucoup de nerf, de légèreté et d'haleine ; il réussit parfaitement aux allures relevées et dure longtemps. A n'en point douter, le fameux «cheval blanc» qu'Henri IV montait dans les grandes occasions, était un Barbe !» En Angleterre, Olivier Cromwell, bien qu'opposé aux courses, pratiquait l'élevage, et possédait des juments Barbes qu'il faisait couvrir par l'étalon du Général Fairfax, le fameux «Marocco Barb». En 1650, après le rétablissement de la monarchie, Charles II envoya ses écuyers acheter d'autres juments orientales : ce sont les fameuses «Royale Mares et Barb Mares». Le Barbe continue, par ailleurs, à alimenter les écoles d'équitation. Le duc de Newcastle, le célèbre auteur de la «Méthode Nouvelle et Invention Extraordinaire de dresser les chevaux» exprime toute l'estime qu'il porte à cette race : il nous dit que le barbe est son cheval préféré, il lui donne cette préférence «pour le modèle, la force, son naturel agréable et sa docilité.» En France, sous Louis XIV de nombreuses juments Barbes achetées à Moulay Ismaïl sont mises à la reproduction au Haras royal de Saint Léger en Y.velines. Jacques II, roi d'Angleterre, poursuit la politique de son frère Charles II , et achète à Monsieur Curwen deux étalons Barbes que le sultan du Maroc avait offerts à Louis XIV, et dont avait hérité son fils légitime, le Comte de Toulouse?: il s'agit de «Curwen Bay Barb» et de «Toulouse Barb». En 1731, le Bey de Tunis offre au jeune roi Louis XV, huit étalons Barbes; celui-ci ne s'intéresse qu'aux chevaux ramassés et près de terre qu'on appelle des courtauds, il se sépare de Scham, étalon bai, à l'encolure puissante, qui après beaucoup de vicissitudes sera acheté par Lord Godolphin ; il deviendra «Godolphin Barb» et produira avec l'excellente Roxana une extraordinaire descendance dont un des meilleurs chevaux de courses?: «Lath». Naîtront ensuite, du même père, Cade, Regulus et bien d'autres. Ce sont les qualités foncières des Barbes qui, grâce à une sélection sévère par l'épreuve sportive, ont permis aux anglais de fabriquer le Pur Sang Anglais. Les pédigrées de Matchem, Herod et Eclipse en apportent la preuve.