Samia Akeriou, un petit bout de femme venue du Nord et animée d'une incroyable volonté, est parvenue en très peu d'années, à imposer sa présence et son style en tant que comédienne et actrice de cinéma, en faisant aussi une petite virée derrière les casseroles lors de sa fameuse émission culinaire qu'elle animait de main de maître dans la cuisine intérieure de la 2ème chaîne Ces dernières années, elle a été l'instigatrice d'une troupe de théâtre marocaine unique en son genre au Maroc. Cette troupe est exclusivement formée de femmes. Une expérience qui est parvenue à convaincre plus d'un homme récalcitrant ! Sur ce sujet précis, sur le domaine gastronomique et sur d'autres questions variées, nous livrons à l'appréciation de nos lecteurs (et nos lectrices, eh oui !) l'entretien à bâtons-rompus que voici : L.G.M : À l'époque où vous présentiez régulièrement une émission culinaire à la télévision, la rumeur vous prêtait un certain malentendu, voire une certaine concurrence “farouche”, entre vous et Choumicha. Qu'en est-il en réalité de tout cela ? Samia Akeriou : En vérité, il n'y avait et il n'y a actuellement aucun malentendu entre nous deux. Pour la bonne raison que l'art gastronomique n'est pas mon métier. Moi, je suis tout d'abord comédienne. D'ailleurs, je n'ai passé qu'une toute petite année à 2M. Mon premier et vrai métier, c'est le théâtre. Que l'on soit rassuré de ce côté-là... Toujours à ce propos, si l'on vous propose un jour de présenter ensemble, Choumicha et vous, le même programme culinaire, accepteriez-vous de le faire sans la moindre difficulté ? Toutes les deux ? Non ! Je refuserais. Le proverbe marocain célèbre ne dit-il pas : “elwajh el machrouk ma quayettegh'ssel chay” ? Avec elle, comme avec quelqu'un d'autre, je ne me risquerais pas dans ce genre d'opérations. À la télévision, j'ai eu tout à fait et pleinement ma dose... Maintenant, place au théâtre, au cinéma et aux programmes à caractère social ! Puisque c'est là votre vision des choses, comment parveniez-vous auparavant, à concilier entre votre métier primordial d'actrice et celui, secondaire, de présentatrice d'émissions gastronomiques ? Je vous le répète encore ! Je n'ai passé à 2M, qu'une seule année. Et en plus, je ne travaillais que quatre jours par mois?! Le reste du temps, je le consacrais au théâtre et... aussi à mon foyer. Puisqu'on parle de théâtre, certaines personnes soutiennent que vous vous efforcez d'utiliser un accent particulier dans vos rôles devant la caméra, afin de... sortir du lot ! S'agit-il là de mauvaises langues qui cherchent à vous nuire en répandant un tel ragot ? En effet, il ne s'agit que de mauvaises langues poussées par je ne sais quelle intention ! Moi, je suis comme ça, tout à fait naturelle. Je parle devant la caméra, sur les planches ou ailleurs comme dans la vie courante. Et je ne tiens pas à changer ma façon de parler, de vivre et de me comporter. Vous savez, c'est inné chez moi. D'ailleurs, si je parle de la sorte, indirectement, je fais connaître cette chère partie du Maroc, qui est la région Nord et qui est demeurée assez longtemps ignorée, abandonnée, voire oubliée... Gardez-vous aujourd'hui une certaine déception du temps où vous présentiez l'émission culinaire (encore elle !) sur 2M ? Aucune ! Vous savez, je ne travaillais pas directement avec 2M mais avec une agence qui servait d'intermédiaire. C'est pour vous préciser qu'il n'y avait pas pour ainsi dire un contact direct avec la chaîne. Donc, pas de déception de ce côté-là. À 2M, je travaillais dans la sérénité et un respect réciproque me liait à la chaîne. A cette époque-là, avez-vous été inspirée, un tant soit peu, par le style du fameux cuistot Abderrahim Bargach en choisissant au départ votre voie ? Cela n'a rien à voir. En passant, je tire chapeau à ce grand Monsieur des arts culinaires et des Arts tout court. Je regrette qu'il soit parti... C'était aussi un comédien au grand coeur, talentueux et confirmé. Toujours au sujet de 2M, dites-nous quel est le plus beau souvenir que vous gardez de votre passage dans la cuisine, si le terme convient, de la chaîne du quartier Aïn Sebâa ? Celui de voir mon fils Mohamed Amine, à l'époque âgé de 9 mois, me reconnaître à l'écran, sauter de joie devant le poste de télévision et même commencer à m'imiter ! Tout à fait loin de la cuisine et de ses soucis, peut-on savoir, Samia, quelle est votre conception personnelle de l'amitié ? Comme on le sait, la véritable amitié est devenue, hélas, une denrée très rare. Un certain comportement des gens l'a désacralisée. Et il n'y a plus malheureusement que l'intérêt matériel ou autre qui domine et qui compte dans la vie de certaines gens. Et votre conception de l'hypocrisie qui grignotte de plus en plus les relations en société? Il est regrettable de le dire, mais l'hypocrisie est devenue à notre époque assez “normale” en quelque sorte ! Elle est même banalisée. Ce qui est malheureux, c'est que les gens sincères, francs et probes soient devenus de plus en plus rares ! Par contre, le rang des hypocrites de toutes sortes ne cesse de grossir... Sincérité, franchise, hypocrisie... ceci nous amène à vous demander si vous comptez beaucoup de jaloux dans votre carrière artistique ? Ah oui ! Personne ne peut y échapper?! D'ailleurs, c'est grâce à ces jaloux que j'existe ! Pour être plus claire, à cause d'eux on essaie d'aller toujours de l'avant, de se perfectionner, de progresser, de relever le défi. En un mot, sans les jaloux, on stagne, quoi ! Légèrement sur le même plan, Samia Akeriou est-elle du genre qu'on décourage facilement ? Eh bien, j'essaie de tenir le coup en m'accrochant face à toutes les tempêtes. Dans la vie, il ne faut jamais se décourager ou abandonner la partie. Il faut sans cesse se nourrir d'espoir... Trouvez-vous un certain plaisir à ce que les gens vous reconnaissent dans la rue et cherchent à vous saluer ? J'éprouve toujours un profond respect pour le public, et je réponds facilement et avec le sourire à tous ceux ou celles qui tiennent à me parler. Un artiste n'est pas un extra-terrestre ! Il doit vivre sa vie au milieu des autres. D'ailleurs, sans le public, il n'y aurait pas d'artistes. C'est clair. Pour terminer, revenons à notre cuisine ! Etes-vous du genre qui fréquente régulièrement les restaurants? Oui, j'adore fréquenter ces lieux en famille. Cela change évidemment d'une certaine monotonie des repas au foyer. Pour la petite précision, j'aime bien aller au restaurant un vendredi soir. Question de changer de décor comme je l'ai dit. Et s'il arrive à un garçon de restaurant de vous servir un plat qui ne vous plaît pas, quelle réaction manifesteriez-vous à ce moment-là ? Comme je suis de nature franche, je vais droit au but et je le fais savoir à celui qui me présente le plat. Je suis exigente de ce côté-là. Aussi, je suis très sensible à l'accueil dans un restaurant, au comportement du serveur et même à la tenue de la table et à l'aspect du couvert. C'est une question de goût, dans le sens le plus large du terme.