Il n'y a pas eu de miracle à Manhasset 3. On savait depuis les dernières déclarations du Polisario et des gouvernants d'Alger qu'il n'y avait aucun revirement a espérer. Bien au contraire, ils avaient choisi la voie de la tension en menaçant de reprendre les armes, si à la fin de l'année les négociations n'avaient pas abouti. Le représentant du secrétaire général de l'ONU doit en perdre ses cheveux. L'Algérie joue les saintes nitouches et ne participe pas aux négociations proprement dites. Le Polisario est d'une inconséquence absolue. Le Conseil de sécurité avait réclamé des pourparlers sans préalable et de bonne foi. Le Polisario ne remplit aucune des deux conditions. Des préalables il en a et sa mauvaise foi est avérée au moins sur 3 tableaux: la menace de revenir à une situation de guerre en pleine négociation, la tentative de changer la réalité du terrain en faisant du Tifariti «une zone libérée», et les manœuvres pour faire des mesures de confiance «un moyen d'extorquer» des avantages en dehors des négociations. Le Maroc a exposé ses points de vue sur ces 3 points. Il n'est pas question d'accepter la manœuvre Tifariti, ni d'ouvrir les mesures de confiance au-delà de l'aspect humanitaire. Ce blocage devrait aboutir à un au revoir sans engagement autre que celui de maintenir le fil parce qu'aucune des deux parties ne veut prendre la responsabilité de claquer la porte. Dans ce conflit, il faut comprendre que l'essentiel est que, sauf changement géostratégique, le Conseil de sécurité s'interdit toute solution imposée à l'une des parties, c'est pour cela qu'il a enterré le plan Baker 2. Dans ce contexte, la pression internationale se joue autrement. Les grandes puissances sont convaincues de l'inanité du projet séparatiste. Les chancelleries ne se cachent plus pour le dire ouvertement. Nicolas Sarkozy l'a laissé entendre à Alger même. Le référendum avait bon dos, il permettait d'évacuer le problème sur les populations concernées. Seulement, rapidement, il était clair qu'il était impossible à tenir. La proposition Marocaine «sérieuse, crédible et pouvant servir de cadre à une solution», selon le conseil de sécurité n'est plus perçue comme un moyen de geler le dossier mais comme une véritable opportunité pour les grandes puissances. En clair, le dossier du Sahara ne faisait pas partie de l'agenda prioritaire des grandes puissances, mais que le terrorisme est passé par là. D'où une plus grande pression pour avancer vers une solution politique négociée ou tout au moins éviter toute tension accrue dans une région de turbulences. Ceci dit, Baki Maoulni même l'a déclaré «il faut beaucoup de patience et de persévérance dans ce dossier complexe». Enfin, les batailles annexes se multiplient. Elles ont pour objet les droits de l'homme, l'Algérie dénonçant des exactions au Sahara, le Maroc rappelant les séquestrations, le refus des droits à l'expression et à la liberté de circulation à Tindouf. Des combats aussi autour du nombre de réfugiés, le Maroc ayant réussi à ce que le Haut commissariat aux réfugiés impose le recensement de ceux de Tindouf et de le lier à l'aide internationale. Ce combat diplomatique tous azimuts se déroule, alors même, que cette fois c'est Alger qui refuse de dissocier le dossier du Sahara des relations bilatérales et bloque ainsi toute possibilité de redémarrage de l'UMA. L'affaire du Sahara, hyper importante sur le plan sécuritaire, l'est aussi sur le plan de l'intégration et du développement régional. Le Maroc, grâce à sa proposition, a inversé les rôles : c'est Alger qui subit la pression internationale qui ira grandissant d'ici... à Manhasset 4.