Le prochain conseil national de l'USFP devra entériner les changements intervenus au BP et surtout donner le coup d'envoi de l'opération Renouveau et réunification. La Gazette du Maroc» a été la première à annoncer l'imminence du départ d'Elyazghi et Radi du Secrétariat général de l'USFP. Maintenant, il est temps de se projeter dans l'avenir et de se hasarder à quelques pronostics. Ce que d'aucuns ont appelé «le putsh» n'en est pas un, il n'y a pas eu de complot, et Fathallah Oualalou a été sollicité et n'a pas été l'initiateur du mouvement. Le départ des deux ténors est la résultante du grand malaise au sein du parti qui a atteint son paroxysme après le 7 septembre et surtout la constitution du gouvernement. Le parti ayant choisi «le soutien critique», la position d'Elyazghi, devenait intenable. Au Parlement, le groupe USFP a mené un véritable bras de fer avec le gouvernement. Ce sont d'ailleurs les parlementaires, en particulier le trio Zaïdi-Chbaâtou-Doumou qui ont accéléré le mouvement. Par ailleurs au sein du Bureau politique et pour la première fois depuis le 6ème congrès, les groupes et les fractures ont disparu. Driss Lachgar, Boubekri étaient d'accord avec Tayeb Mourchid et le duo El Malki-Oualalou. Seules les recrues du PSD, généreusement traitées par Elyazghi sont restées à l'écart. Mais contrairement à l'idée répandue ce n'est pas une vendetta. Ce mouvement au sommet reflète le malaise de la base et le réveil de l'instinct de survie chez les militants. C'est en auscultant la profondeur de ce mouvement qu'on peut se rallier à l'optimisme raisonnable qui entoure la nouvelle donne. Le prochain congrès devrait être celui du renouveau et de la réunification. Le deuxième volet concerne ce que l'on a appelé la «Tchadie». Des discussions informelles ont lieu depuis plus d'un mois avec comme objectif, le retour au bercail de tous ceux qui ont quitté le parti, Amaoui, Bouzoubaâ, Sassi et même Ben Atik ont été sondés. Les dirigeants de l'USFP sont prêts à la réunification syndicale comme gage de bonne volonté. Au niveau des directions, il est possible que ces démarches n'aboutissent pas rapidement. Mais déjà se dessine un mouvement en faveur de la réunification mais sur la base d'un vrai débat, et c'est là où le terme renouveau, prend toute sa mesure. Les militants attendent le contenu qu'y mettent les uns et les autres. La stratégie du parti depuis le oui au référendum de 1996 doit être mise à plat, c'est une conviction partagée. Cette évaluation sera déchirante et mettra à mal la cohérence de beaucoup de parcours individuels. L'autre question lancinante concernera la démocratie interne, l'organisation des courants inéluctables et les voies de réanimation de l'action politique. L'objectif étant bien évidemment le réancrage de l'USFP dans la lutte sociale. C'est en cela que ce qui se passe à l'USFP intéresse tous les observateurs. Ce qui était latent depuis longtemps est maintenant posé sur la table. Le virage à gauche de l'USFP va faire voler en éclats la Koutla et ouvrir une possibilité d'alliance à gauche. Il est évident que la nouvelle ligne politique de l'USFP appelle le retrait de celui-ci du gouvernement El Fassi. Sauf à transformer ses ministres en technocrates. La majorité devra être remodelée, soit par le retour de la Haraka, soit par l'intégration du groupe El Himma, soit un nouveau scénario. Si l'USFP passe à l'opposition que fera le PPS ? Cela aussi est important dans la perspective d'un mouvement vers l'union de la gauche. La prochaine étape cruciale est le Conseil national de l'USFP, cette instance devra légitimer les choix de la direction collégiale, mais surtout fixer les objectifs du prochain congrès. La manière dont sera constituée la commission préparatoire donnera d'emblée un signal sur la réalité des convictions unionistes des uns et des autres. Ce qui s'est passé ce week-end est aussi important que le mouvement du 30 juillet 1972 qui a donné naissance à l'USFP. Les militants de gauche dans leur ensemble, se mettent à espérer un virage fédérateur qui redonnerait des couleurs au projet égalitaire. Ce n'est là que l'un des résultats logiques du scrutin du 7 septembre et des errements de la confection du gouvernement actuel.