Interpol et ses relations avec le Maroc, la poussée de la criminalité et sa réalité, efficacité et droits de l'homme, les deux invités de Radio-FM n'ont esquivé aucune question. Mercredi soir, les auditeurs des Radios FM et MFM ont eu droit à une grande première. Le commissaire Boubker Sabiq et le préfet de Casablanca Mustapha Mouzouni étaient les représentants de la DGSN lors de l'émission «le Parlement des auditeurs». Ils ont répondu aux questions des animateurs et des auditeurs avec franchise, sincérité, didactique et un grand sens de la communication. Il fut d'abord question, et longuement, d'Interpol qui a tenu sa dernière assemblée générale au Maroc. Pour tordre le cou à une série de représentations qu'on a pu lire ici et là, ils ont d'abord rappelé qu'il s'agit d'une instance de coordination et non d'une police supra-nationale, c'est aux polices nationales qu'il revient, quand cela n'est pas en contradiction avec les lois du pays, de procéder aux arrestations. Il n'y a pas de super-flic d'Interpol transnational. Parce que la question a été posée, sur le cas de la missive du juge Ramaël, le préfet Mustapha Mouzouni a rappelé qu'Interpol ne fait pas de politique et qu'il n'y a donc aucune raison qu'elle fasse de la rétention parce que l'assemblée générale a lieu au Maroc. Membre de la commission exécutive d'Interpol il certifie que «l'organisation Internationale n'a rien reçu à ce jour et n'a donc rien notifié au Maroc». Qui a lancé les rumeurs alors? Cependant c'est sur le travail quotidien de la police que le débat s'est focalisé. D'abord y-a-t-il une montée de l'insécurité ? Les deux représentants de la DGSN soutiennent qu'il faut une lecture affinée des chiffres. «Une partie de l'augmentation constatée est dûe à l'efficacité de la répression. Quand nous disons qu'il y a 50 affaires de drogues de plus cela ne signifie pas que le trafic a pris plus d'ampleur, mais c'est comptabilisé comme une hausse». Généralement, ils considèrent que la criminalité est peut-être plus médiatisée, mais qu'il n'y a pas lieu de parler d'insécurité. Mouzouni, homme de terrain, a tenu à préciser clairement que «les méthodes de la police ont changé, nous sommes tenus par les choix de notre pays en termes de respect des droits de l'homme et de sa dignité». Cela voudrait-il dire que la démocratie nuit à l'efficacité?? Non répond-il, «parce que nous avons modernisé nos structures et nous sommes dotés d'une police scientifique de haut niveau». Les citoyens n'ont pas tous intégré ces changements. Ainsi raconte-t-il, l'histoire de cet avocat, défenseur des droits de l'Homme, qui lui demande de «mettre quelques claques» à des jeunes qu'il accuse du vol de la bicyclette de son fils. Plus sérieusement, les deux invités ont démenti toute raison d'une psychose sécuritaire et ont défendu «la maison» avec moult arguments. Spécialisation et communication L'émission, comme d'habitude, a donné lieu à des annonces exclusives. Ainsi l'on apprend le retour à la spécialisation. Depuis plusieurs années la police était devenue généraliste, c'est-à-dire que tout enquêteur prenait l'affaire qui se présentait sans distinction. Dès les semaines prochaines, il y aura retour à la spécialisation et aux fameuses brigades. «Compétence plus aiguisée, connaissance approfondie du milieu concerné, la spécialisation est un atout». En particulier dans le combat contre le crime organisé, c'est-à-dire les stupéfiants, le trafic d'humains et les crimes financiers. «La lutte contre les crimes financiers est une priorité pour assurer aux investisseurs locaux et étrangers l'environnement sain qu'ils exigent». Par ailleurs, une véritable stratégie de la communication va voir le jour avec une direction centrale et des porte-paroles régionaux. «Nous aurons trois tâches essentielles : - Informer des affaires que la police a résolues. - Démentir les rumeurs infondées. - Informer les citoyens sur les risques, comme un nouveau mode opératoire des escrocs par exemple. Ce désir d'ouverture, de communication se matérialisera aussi par des partenariats avec la société civile. «Nous invitons des associations de parents d'élèves, de la défense de l'enfance, des femmes battues, de lutte contre la drogue etc… à une collaboration fructueuse. Nous avons déjà participé à des ateliers et avons retenu plusieurs propositions». Qu'en pense le citoyen ? La majorité des auditeurs ont tenu à rendre hommage aux policiers. Les critiques concernent la police de proximité et certains abus supposés. Les invités ont rappelé que tout dérapage signalé était traité et sanctionné s'il y a lieu. L'exigence d'une police moderne passe aussi par ce dialogue entre police et citoyens, il a été fécond, constructif. Au point que les auditeurs ont réclamé à l'unisson l'amélioration des conditions et du statut des policiers, signe d'une sympathie certaine