M. Benomar Ziani clotura en beauté, la 4 éme édition du Festival des Andalousies Atlantiques (Essaouira du 1er au 3 novembre). Portrait. Descendant d'une famille originaire du berceau du «Mersaoui», les Oulads Ziane des plaines de la Chaouia dans la région de Casablanca, Mohamed Benomar Ziani est né à Rabat en 1938. Après l'Ecole Mohammed V et un Certificat d'études primaires, décroché en 1953 à l'école des fils de notables musulmans, il poursuit son cursus au lycée Moulay Youssef. C'est là que des enseignants français l'initient à la musique, apprentissage qu'il approfondit avec Abdelouahab Agoumi au conservatoire des Orangers. Il confectionne son premier instrument à cordes, un «Souisdi», forme avec une bande de copains, dont l'acteur Larbi Doghmi, une troupe et fréquente les maîtres du Melhoun (Benghanam), de la musique andalouse (Lahbib Charaf), du Gharnati (Benghabrit), les cafés des mélomanes dont le café Baroudi à Salé où les gramophones diffusaient Oum Keltoum, Mohamed Abdelouahab, Farid Al Atrache… et ne rate pour rien au monde les soirées des jeudis, «Taksirt lakhmis», où il retrouve Maâti Belkacem, Ahmed Bidaoui, Ahmed Gharbaoui et autre Ismail Ahmed… Fonctionnaire à la préfecture de Rabat, traducteur assermenté entre 1958 et 1959 à Roummani, il atterrit en 1961 à l'office des changes. En 1964, il crée son orchestre professionnel et anime les nuits chaudes des cabarets, le «Tout va bien» à Rabat et «Al Mounia» à Casablanca avec Salim Halali. A son directeur qui lui reprochait de mener une vie d'artiste bohème, incompatible avec sa fonction, il répondit par le refrain, «moi, je fais ce que je veux/ je m'en fous du directeur, je m'en fous du bureau» ! Avec «Zaouia», tube sur toutes les lèvres, le style Ziani est né. Chouchou des fêtes familiales et nationales, des soirées des samedis de la TVM, retransmises en direct de Ain Chok, il enregistre disque sur disque à la radio et sort une série de 45 et 33 tours chez des sociétés de production casablancaises et parisiennes. Outre ses refrains inoubliables tels «Ana ouana choufou halti», «Alla yatik bisbar», Benomar Ziani, le Jimmy Hendrix du violon, instrument qu'il apprit avec Mohamed Kibou, alias le maréchal, compagnon de route de Bouchaib Bidaoui, est un interprète polyvalent qui navigue entre différents genres dont le «Chgouri» ou le judéo-maghrébin. Il a connu et travaillé avec les grands noms de ce riche répertoire et reprend, avec grâce et jubilation, les morceaux de Zohra Elfassia (Laâroussa), Salim Halali (Mahanni zine, El ain zarga, Dourbiha ya chibani), Samy Elmaghribi (Kaftanek mahloul), Albert Souissa (Ya rabbi Lahnin), Phelix Elmaghribi (Al attar), Blond-Blond (la bombe atomique), Lili Labassi (Ajini, ajini)… «En 1983 je me produisais à Walt Disney et tous les samedis des juifs marocains, me croyant de leur confession, m'apportaient une Skhina ! Une vraie, faite maison. C'était quelque chose en plein Etats-Unis !». Comment ne pas se tromper, notre artiste ne faisait-il pas danser le public américain avec sa version de «Hava Naguila», tube de toutes les ambiances et de toutes les fêtes juives à travers la planète?