L'arrestation de trois éléments de la Salafia Jihadia dans la commune de Sidi Yahia dans la province d'Oujda a intensifié la menace d'infiltration des terroristes en provenance d'Algérie. Si les éléments arrêtés cherchaient à fuir en Algérie, on parle également de quarante terroristes présumés qui eux, chercheraient plutôt à rentrer au Maroc en provenance d'Algérie. Leur nombre exact n'est pas encore connu. Mais selon toute vraisemblance, il est important. En effet, on parle de dizaines d'éléments qui écument actuellement les frontières marocco-algériennes. L'arrestation de trois éléments de la Salafia Jihadia dans la commune de Sidi Yahia dans la province d'Oujda a relancé l'infiltration des terroristes en provenance d'Algérie. «Il semble que les éléments arrêtés cherchaient à fuir en Algérie alors qu'on parle de quarante terroristes présumés qui eux, chercheraient à rentrer au Maroc en provenance d'Algérie» précise le journaliste oujdi Barij Abderrahim qui fait état d'un état d'alerte maximum déclenché par les services de sécurité dans tout l'oriental. Selon les premières informations, ce sont les services de renseignements allemands qui ont prévenu leurs homologues marocains d'une infiltration imminente d'éléments armés à partir de l'Algérie. Le Service fédéral de renseignements (le BND) n'exclut pas que ces éléments aient été contraints de traverser la frontière pour fuir la traque des services de l'ordre algériens. Une vaste opération de ratissage, déclenchée mercredi dernier par les services de sécurité chargés de la lutte antiterroriste ont permis le bouclage hermétique, s'étalant sur plusieurs kilomètres de maquis denses de Tébessa. L'action militaire qui intervient au lendemain de la neutralisation de 22 terroristes a permis à l'armée d'accéder aux fins fonds des massifs où se terrent les terroristes. Comme la traque se poursuit toujours, les terroristes en débandade chercheraient à trouver refuge au Maroc. D'où l'état d'alerte déclenché à Oujda et dans les environs. Les services de sécurité craignant un repli en masse des terroristes vers le Maroc. «On rapporte que si de nombreux terroristes ont été abattus en Algérie, d'autres éléments, traqués, ont bien pu tenter de se réfugier de ce côté-ci des frontières. N'oublions pas que les dernières arrestations ont accentué le désarroi au sein du GSPC algérien qui n'a plus cette facilité de mouvement en Algérie. Comme il n'est pas exclu que cette infiltration fasse partie d'un plan plus vaste qui vise à commettre des attentats au Maroc pour prouver que les djihadistes ont toujours une forte capacité de nuisance », précise l'islamologue Saïd Lakhal. Quels sont les liens des salafistes du cru avec le GSPC ? Cela dit, on ramène souvent les liens de la salafia jihadia avec le GSPC à la création récente d'Al Quaïda au Maghreb. Or rien n'est plus faux. Selon les connaisseurs du dossier, les liens ont toujours existé. À en croire la vidéo d'Ayman al-Zawahiri du 1er septembre 2006, les islamistes marocains et algériens n'auraient fait allégeance à Al-Qaïda que dernièrement. Pourtant la synthèse élaborée par le juge Philippe Coirre en décembre 2005 sur la base des éléments recueillis par la DST française est claire. L'alliance entre le mouvement d'Oussama ben Laden et le GSPC remonte plutôt à l'année 1998. Selon les enquêteurs français qui ont pisté le GSPC à partir de ses éléments qui opèrent en France, Hassan Hattab, qui reste le véritable fondateur et chef historique du Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) avait été briefé par Oussama ben Laden en 1994 qui l'a chargé de créer une nouvelle structure pour faire oublier les horreurs commises par le GIA. On apprend ainsi que c'est Ben Laden lui-même qui est derrière la création du GSPC. Le procès hautement médiatisé d'un ancien lieutenant de Hattab, Mohamed Berrachad, en février 1999, a mis à jour de nombreuses communications par satellite entre Oussama Ben Laden et Hassan Hattab passées au mois de mai 1998. Pourquoi alors insister pour proclamer à cor et à cri la naissance d'Al Qaïda au Maghreb en 2006 ? Selon Saïd Lakhal, l'explication est à chercher dans la volonté d'Al Qaïda de saboter la réconciliation nationale en Algérie. Il rappelle à cet effet que l'annonce par Hassan Hattab de renoncer à la lutte armée et d'adhérer à la politique de réconciliation nationale définie par le président Abdelaziz Bouteflika remonte à août 2006, soit un mois avant la pseudo naissance d'Al Qaïda au Maghreb. L'islamologue ajoute que la décision de nombreux militants du GSPC d'abandonner le maquis pour discuter avec les autorités constitue un coup dur pour Al-Qa'ida, qui a longtemps considéré le GSPC comme son bras armé pour mener la guerre sainte au Maghreb. La fameuse sortie d'Ayman Al-Zawahiri du 1er septembre 2006, peut être considérée comme une tentative désespérée de booster les jeunes du GSPC, pour qu'ils n'abandonnent pas la lutte armée. La surenchère et les déclarations de guerre publiées sur des sites salafistes servent dans ce sens à maintenir la flamme du jihad chez des générations de plus en plus désabusées par le terrorisme. Contrairement à ce qui se dit, ce sont les salafistes jihadistes marocains qui sont réellement derrière la création du GSPC avant qu'il ne se transforme en franchise d'Al Qaïda. Ainsi pour unifier les groupes salafistes algériens, la tâche a été confiée à Mohamed Walbani, alias Abou Bilal Al-Albani, le successeur de Abdelkrim Mejjati ( qui a été tué en Arabie Saoudite en mai 2004) qui avait pris la direction du département Europe et Maghreb d'al-Qaida. Pour regrouper tous les salafistes algériens sous le label GSPC Al-Albani a été particulièrement généreux avec «les frères» distribuant sans compter des millions de dollars. Lors de son arrestation en décembre 2006, en Kabylie, il était en possession de 3 millions de dollars, 7 millions d'euros et bien plus en millions de dinars algériens. Les jihadistes de la cellule terroriste Tawhid wal Jihad arrêtés par les autorités marocaines avaient confirmé à l'époque que Abu Bilal Al-Albani, était le responsable effectif des relations extérieures du groupe et responsable d'Al-Qaida pour l'Afrique. Avant d'être arrêté, Al-Albani, dont la tête avait été mise à prix par le FBI à cinq millions de dollars avait réussi à mettre d'accord des salafistes aussi différents que le Groupe salafiste pour la prédication et le djihad (GSPD) d'Abdelkader Souane, les Protecteurs de la prédication salafiste (PPS) de Mohamed Ben Slim,, le Groupe salafiste combattant (GSC) de Yahya Djouadi et le Groupe Hijra wal-Takfir (exil et excommunication) . Réussissant à mettre sous la bannière du GSPC plus de 900 nouveaux éléments djihadistes. Quant aux relations directes du GICM avec les salafistes algériens, elle n'est plus à démontrer. Dans la hiérarchie terroriste, le groupe est plutôt beaucoup mieux coté que ses homologues maghrébins. Il s'agit d'un organe exécutif qui s'occupe essentiellement du Maghreb et accessoirement de l'Europe. Son commandement remonte jusqu'à Ayman Al Zawahiri et Oussama Ben Laden. La dimension internationale de cette entité a été dévoilée par la participation en masse des Marocains aux attentats du 11 mars à Madrid. La thèse a d'ailleurs été confirmée par l'audition de Saâd Houssaïni, qui a ainsi démontré l'existence de liens entre les fondateurs du GICM et Al Zawahiri et Ben Laden, accréditant l'idée que le GICM a toujours agi en concertation avec la hiérarchie d'Al Qaïda. GICM, les infiltrés en Algérie Si Mohamed El Guerbouzi, le chef présumé du groupe terroriste, vit tranquillement à Londres alors que les autorités marocaines réclament en vain son extradition, la plupart des membres les plus en vue du GICM sont en fuite. Concernant les individus les plus recherchées, de nombreuses sources parlent de fuite en Algérie où ils auraient rejoint le maquis aux côtés des salafistes de l'ex GSPC. Dans le lot, on trouve Mohamed Bouanchouchane, alias « Driss ». Considéré comme un dangereux activiste, selon les aveux de plusieurs jihadistes arrêtés après le 16 mai 2003, Bouanchouchane s'occupait de recruter aussi bien des jihadistes pour les envoyer en Irak que des activistes censés mettre à feu et à sang le Maroc. L'homme aurait gagné le maquis algérien durant l'été 2004. Ali Bousgheiri, alias «Fellah», qui a passé quelques années en France, fait, quant à lui, partie des cellules salafistes de Nador et de Berkane qui n'ont aucune difficulté à circuler entre les frontières poreuses de l'oriental. Il s'occupait essentiellement du recrutement et de l'embrigadement au sein du GSPC. Pour ce qui est de Abderrazak Souamh, alias «Tarek», il a été cité par plusieurs membres des cellules de la Salafiya jihadiya de Nador et de Berkane comme étant l'émir de ces cellules. L'homme aurait également quitté le Maroc en 2004 pour l'Algérie. Des armes et des explosifs à profusion Pas moins de 108.000 mines anti-personnel (modèle 1957), de 100 grammes de TNT, ont été saisies ces derniers mois, selon un bilan évaluatif des services de la Gendarmerie nationale algérienne qui ont également mis la main sur 380 détonateurs, 380 mètres de mèche lente, 60 cartouches de 16 millimètres, 3 fusils, un revolver de marque Saint-Etienne et des matériaux de fabrication d'explosifs. Sans oublier les 800 détonateurs saisis et une cargaison de 9000 cartouches de fusil de chasse de calibre 16mm saisis récemment, à Bab El Assa sur le territoire algérien. De quoi mettre à feu et à sang tout le Maghreb. Ces mines sont déterrées au niveau des frontières marocco-algériennes par des individus sans scrupule qui les revendent à qui de droit. Selon Alger, 3 millions de mines antipersonnel sur les onze millions implantées par l'armée française lors de la guerre d'Algérie sont encore enfouies le long des frontières est et ouest de l'Algérie. Les mines proviennent notamment de Ligne Morice, du nom du ministre français de la Défense André Morice, qui est constituée de barbelés et de mines, surveillée en permanence, a été construite à partir de juillet 1957, le long des frontières de l'Algérie avec la Tunisie et le Maroc. Ces deux lignes étaient destinées à empêcher les infiltrations de combattants de l'Armée de libération nationale (ALN) du Maroc et de la Tunisie. Ironie du sort, ce sont ces mêmes mines qui sont bricolées par les terroristes pour commettre les attentats sanglants d'Alger. Selon des sources sécuritaires, ces mines et ces cartouches servent essentiellement à la fabrication d'explosifs.