* Sa 1ère pièce de théâtre, il l'a interprétée en 1956 tout juste après l'Indépendance du Maroc. Il s'agit des “Balayeurs” de feu Abdessamad Kenfaoui-Tahar Wâaziz et Ahmed Tayeb El Alj. La toute récente,elle, remonte à la saison artistique 2002/2003. Elle a pour titre “Salha”. Elle est signée Daryoufo sur un mise en scène Driss Roukh. Hassan Skalli est un personnage haut en couleurs. Fils de notables, issu d'une famille de résistants, il a fait l'école coranique à un très jeune âge. Trilingue (arabe, français, anglais), poête ayant un recueil à son actif, ancien footballeur, danseur mondain, comédien et metteur en scène, Skalli a participé avec succès à de nombreux feuilletons pour le compte de la télévision et à des films cinématographiques, notamment “Les amis d'hier” de Hassan Benjelloun et “Le regard” de Noureddine LakhmarI. Aussi bien sur sa vie artistique que sur des thèmes n'ayant rien à voir avec le domaine, nous lui avons posé un certain nombre de questions variées, auquelles il a d'ailleurs répondu avec son sourire habituel. La Gazette du Maroc : Peut-on dire, aujourd'hui, que Hassan Skalli est vraiment content de son sort d'artiste ? Hassan Skalli : A mon avis, faire une carrière artistique, c'est rester fidèle à un choix tracé, accepter l'endurance et essayer au maximum de rejeter la souffrance. LGM : A propos de souffrance et dans ce contexte-là, n'avez-vous jamais flairé dans le milieu une odeur de sabotage ou de jalousie après l'interprétation et la réussite de l'un de vos rôles que ce soit au cinéma ou au théâtre ? H.S : Au juste, les obstacles sont faits pour qu'on leur lance un défi et non pour qu'on les subisse. Le flair des gens honnêtes et humbles ne peut être attiré que par l'encens paradisiaque. LGM : Si les gens se mettent à vous dévisager avec curiosité lorsque vous êtes dans un lieu public, cela vous dérange-t-il un peu ou bien vous passez votre chemin sans attribuer à ce comportement la moindre attention ? H.S : A chacun son diagnostic, et l'ordonnance est souvent bienfaitrice. Vous me comprenez?? LGM : Quand il vous arrive de vous tromper, est-ce que vous vous empressez de demander des excuses à celui à qui vous avez fait du tort ou bien vous laissez passer l'orage ? H.S : Reconnaître son tort, c'est se reconcilier avec soi-même et avec les autres. Hélas, de nos jours peu de gens ont le courage de le faire quoique cela ne coûte rien du tout. Bien au contraire, cela augmenterait notre capital estime aux yeux des autres. LGM : Dans votre vie artistique, comme dans la vie de tous les jours, est-ce que l'échec vous fait tellement peur ? H.S : Personne n'est infaillible. Toutefois, l'échec fait peur aux consciences tranquilles et aux gens qui ne cherchent pas à se rabaisser ou à trébucher. LGM : Pardonnez-vous facilement à ceux qui vous découragent, à ceux qui vous dénigrent et à ceux qui tentent de vous mettre les bâtons dans les roues? En un mot, oubliez-vous vite le mal dont vous êtes la cible ou bien adoptez-vous une attitude vindicative ? H.S : ..., et la caravane passe.... Vous connaissez le début ! LGM : Ce que vous faites, vous rapporte-t-il suffisamment d'argent pour mener une vie, disons assez “normale” ? H.S : Comment avoir à mener une vie normale quand la pauvreté des autres vous crève les yeux. On souffre, et pour nous et pour les autres, ceux qui sont écrasés par le sort et la malchance. LGM : Gardez-vous rancune contre ceux qui vous adressent des critiques gratuites et non fondées dans la presse? H.S : Moi, je suis pour la devise : La critique est légitime, la calomnie est damnée. LGM : En toute franchise, comptez-vous aujourd'hui autant d'artistes amis - mais de vrais amis - qu'il y a une trentaine ou une quarantaine d'années ? H.S : L'être est un caractère et, l'amitié n'a pas d'âge. Heureux celui qui reste fidèle à cette richesse. LGM : Quand vous êtes au milieu d'un groupe de personnes et que vous vous trouvez embarrassé ou dérangé par quelqu'un ou par une situation déterminée, choisissez-vous de vider les lieux en douceur ou bien rester et affronter “l'imprévu” ? H.S : Quitter dignement les lieux, sans éveiller le moindre soupçon. Les gens aux mauvaises intentions, il faut les laisser se morfondre... LGM : Dites-nous, Hassan, quel est votre plus grand regret dans la vie ? H.S : Assister à l'absence “d'une politique culturelle” facteur fondamental de tout progrès, et de sauvegarde de notre idendité. Mais, c'est sûr, cela va changer, inch a-allah. Le Maroc est en marche sur tous les plans et rien ne l'arrêtera plus. LGM : Avez-vous un jour été déçu par une amitié trahie ? Et quel sentiment avez-vous ressenti à ce moment-là ? H.S : Une profonde blessure. Néanmoins, j'ai décidé qu'il n'y aurait plus d'amitié à “crédit” ! LGM : Quelle définition donnez-vous à ces trois termes : Célébrité, Concurrence, Méchanceté? H.S : La Célébrité: une arme à double tranchant. La Concurence : elle est acceptable, sans rancune. La Méchanceté: un virus dangereux. LGM : Ne croyez-vous pas qu'aux yeux du public, quand un artiste fait de la publicité à certains produits dans le commerce, cela risque de lui coller à jamais à la peau ? D'ailleurs, êtes-vous pour ou contre les artistes qui font de la pub' ? H.S : Quand on est majeur et vacciné, on est résponsable de ses propres actes. LGM : Souvent, lorsqu'une troupe se déplace à l'étranger, on ne vous invite pas à faire partie du voyage.?Est-ce qu'on vous déteste à ce point, côté confrères ? H.S : L'artiste n'est pas forcément un marchand ambulant ! “On est heureux chez soi quand on a fait le bon choix”. A bon entendeur, salut ! LGM : Dans le domaine artistique, avez-vous une bonne habitude que vous gardez toujours jalousement dans un petit coin de votre mémoire ? H.S : En effet, c'est le respect mutuel. Vous ne pouvez pas savoir combien ça réconforte. LGM : Supposons que vous devenez subitement très riche, quel serait dans ces belles conditions le projet que vous allez concrétiser en premier lieu ? H.S : On doit être riche de coeur surtout. Après, tous les beaux rêves sont permis. LGM : Les gens trop jaloux de votre réussite dans le domaine artistique, celà vous inspire quoi au juste ? H.S : De l'indifférence. La jalousie est un handicap en soi. Alors, crève qui peut ! LGM : Côté habillement, êtes-vous dépensier, ou bien vous mettez sur le dos ce qui vous tombe sous la main ? H.S : L'habillement est un art vertueux. La vertu n'a pas de prix, tout comme la simplicité et la gentillesse. LGM : Dans votre vie artistique, y a-t-il suffisamment de temps libre pour votre petite famille ? H.S : Vous savez, l'art de vivre, c'est le secret du bonheur. LGM : Quelle est la devise qui vous est chère et que vous adoptez dans la vie ? H.S : Toujours respecter l'autre pour qu'il vous respecte de son côté. LGM : Pour terminer, un petit message aux artistes vaniteux ? H.S : La vanité de l'artiste, c'est un goufre sans issue... C'est le tombeau avant terme.