Le métier de Roi, expliquait feu Hassan II, s'apprend, se cultive, mûrit et se développe et la valeur n'attend point le nombre des années. Après avoir assuré ses lourdes charges de Prince Héritier connu pour sa fibre sociale aiguisée, Mohammed VI accéda au Trône de ses glorieux ancêtres à la force de l'âge, dans sa 38ème année, le 30 juillet 1999. A ce moment, il était le plus jeune chef d'Etat en exercice au monde. Depuis, une cascade ininterrompue de réformes et de chantiers ouverts ont métamorphosé le visage du Maroc nouveau et consacré sa normalité politique et institutionnelle. Si feu Hassan II est inscrit dans l'histoire de l'humanité comme étant le Roi de la réunification et du parachèvement de l'intégrité territoriale du Royaume libéré par le père de la nation, le Sultan Mohammed V, le nouveau Monarque s'est taillé, à très juste titre, les qualificatifs nobles de «roi-citoyen», de «Roi des pauvres», de «Roi tous projets» et de «Roi développeur». Trois souverains du Maroc indépendant, trois révolutions pour la prospérité et le bien-être d'un même peuple qui est, probablement, l'unique au monde et dans l'histoire à se reconnaître dans la Couronne, à s'identifier aux chefs de la dynastie alaouite et à légitimer des Règnes profondément enracinés dans les traditions populaires des Marocains unis dans leur diversité ethnique et culturelle. L'épouse du Roi Mohammed VI n'est-elle pas une fille du peuple ? et sa mère n'est-elle pas une berbère ? Ces réalités exceptionnellement spécifiques à notre civilisation propre continuent d'étonner les chancelleries de la planète et les observateurs avides de découvrir les arcanes des monarchies régnantes sur la planète. Peine vous en prendra car la Monarchie marocaine est vraiment unique pour sa triple dimension confirmée, historique, légitime et populaire. Une Monarchie populaire ? Vous pouvez chercher à la loupe dans l'histoire des civilisations de l'humanité, vous n'en trouverez point. «Mohammed VI n'a pas fini de vous étonner !» L'on se rappelle encore l'exclamation sincère et spontanée d'un Abderrahmane Youssoufi, Premier opposant de l'histoire politique du Maroc à conduire la primature en 1998 sous le règne du Roi Hassan II au moment de la succession sans heurt intervenue : «Mohammed VI va vous étonner». Et lorsque toute l'estime et l'admiration que nourrissait le défunt Roi pour le leader socialiste, un Roi qui avait rassemblé tous les grands de la planète aux funérailles du 25 juillet 1999, les Clinton et Chirac en tête du convoi funéraire sous une canicule estivale incroyable, ces propos ne sont pas des paroles en l'air venant de la bouche de celui qui a juré sur le Coran avec Hassan II. Et nombreux sont ceux qui en restèrent bouche bée en voyant défiler les puissants du monde accompagnant l'illustre défunt vers sa dernière demeure. Et Maurice Druon, le secrétaire perpétuel de l'Académie française, a insisté dans la foulée : «Mohammed VI n'a pas fini de vous étonner». Car celui qui allait conduire la nouvelle révolution du roi et du Peuple, «Al Jihad Al Akbar» comme aimait à rappeler son illustre grand-père Mohammed V, n'attendit point longtemps pour affirmer ses ambitions de changement en s'appliquant à planter les lignes de démarcation consacrant le passage d'un Maroc à «économie rentière» à un Etat moderne et libéral d'une part, et d'un Maroc où régnait le «tout-sécuritaire» à l'accélération de la transition démocratique vers la normalité politique et institutionnelle. D'ailleurs, les premières décisions prises par le Souverain Mohammed VI annoncèrent clairement la couleur du renouveau marocain en institutionnalisant, en octobre 1999 à Casablanca, le nouveau concept d'autorité symbolisé, dans le mois qui suivit, par la destitution d'un des symboles les plus hais par le peuple marocain : Driss Basri. «Il ne me convient pas», déclarait-il, sèchement, à sa première interview publiée dans le magazine américain, Time. Son audace de réforme progressiste franchissait d'autres lignes jamais osées jusqu'ici, notamment la réhabilitation spectaculaire de l'opposant marxiste Abraham Serfaty, la réconciliation nationale en indemnisant moralement et matériellement les victimes des années de plomb en confiant la mission de l'IER à ceux qui en avaient pâti (Allah Irrahmak, Si Benzekri), en restructurant un champ religieux que personne n'osait «déranger» jusque là et, enfin, en provoquant la révolution qui a agréablement surpris les démocraties les plus huppées du globe, USA en tête, avec la Moudouwana. Non seulement, le Roi Mohammed VI a démarré la succession du Trône à vive allure, mais il a pris, depuis, tout le monde de vitesse en semant ses poursuivants qui n'arrivaient pas à le suivre à la trace. Ce qui en a fait, incontestablement, un Monarque itinérant, d'une incroyable mobilité qui a su redonner ses lettres de noblesse à une gouvernance de proximité, toutes régions urbaines et rurales du Royaume confondues. Mohammed VI, c'est aussi le Souverain fondateur de la Monarchie-Citoyenne, dont l'exemple est donné par un Roi-Citoyen, volontariste, engagé, militant et réformateur infatigable. Ce concept de Monarchie-citoyenne, comme les Rois de la dynastie alaouite, est lui aussi, unique dans l'histoire universelle des Royautés. Un Roi-Citoyen qui a déclaré la guerre à la pauvreté à travers la Fondation Mohammed V pour la solidarité qu'il pilote effectivement et dont il a fait une école de gestion professionnalisée et transparente. Mais, surtout, un Souverain qui a eu le génie de stupéfier toutes les chancelleries du globe en instituant un chantier de Règne ouvert en permanence, l'INDH visant l'éradication de la pauvreté du pays et pris en modèle par nombre de pays en Afrique, dans le monde arabe et au Moyen-Orient, voire en Amérique Latine aussi. Enfin, le volet économique a dévoilé un Roi développeur initiateur des plus grands chantiers structurants du siècle qui ont traduit dans la réalité des méga-projets de l'envergure du complexe portuaire de Tanger-Med, de l'aménagement et de la mise en valeur des deux rives du Bouregreg et autres. Tous ces impressionnants états de service dans l'exercice du métier de Roi sont à mettre au crédit d'un Monarque qui vient de souffler seulement sa 44ème bougie pour huit années de Règne, de réformes et de progrès. Le mieux est à venir puisque Mohammed VI, ne cesse-t-on de dire, n'a pas fini de nous étonner !