Au port de Casablanca, la crise se poursuit. Et pas n'importe comment. Les responsables sont, pour leur part, satisfaits des solutions adoptées pour soulager l'«asphyxie» dont suffoque le port, mais les opérateurs manifestent une colère sans pareil. Les minotiers du port de Casablanca rejoignent les rangs des opérateurs utilisant les produits chimiques dans leurs chaînes de fabrication. Ainsi, semble-t-il, la grogne au site du port casablancais devient plus sérieuse. L'«asphyxie» que connaît le port est inquiétante. Le site affiche le trop-plein et le nombre de bâteaux en rade est plus de trente, malgré le fonctionnement continu des postes de déchargement. Auquel s'ajoute le rythme lent de croisière que prend le flux des arrivées des céréaliers. Et pourtant, les officiels semblent satisfaits du déroulement de l'application de la réforme. Les autorités compétentes ont entamé une série d'actions pour satisfaire les attentes des opérationnels et soulager l'étranglement du port. Dans son ensemble, le secteur portuaire et maritime s'ouvre, dans le cadre de la réforme portuaire, sur d'autres horizons et les effets positifs de sa mutation d'une logique de secteur monopolistique à un opérateur privé, sont désormais palpables auprès des usagers portuaires à plusieurs niveaux. Il s'agit bien de «la simplification du circuit de facturation portuaire, et ce, en facturant les opérations de manutention directement par les concessionnaires de terminaux aux agents maritimes, l'unicité de la manutention et la responsabilisation d'un même opérateur sur tout le processus de manutention, bord et terre, et l'introduction de la tarification unifiée», explique Karim Ghellab, ministre de l'Equipement et des Transports. Toujours, selon la version officielle du déroulement des choses au port de Casablanca, un responsable local affirme sous le sceau de l'anonymat que «la capacité de traitement des conteneurs au port passera de 660 milles EVP par an à plus de 900 milles EVP par an». Une mutation prévue dès la mise en service du terminal à conteneurs concédé à la Somaport. Il est à noter dans ce sens que la réforme, notamment l'entrée en vigueur de la loi 15-02 à partir de décembre 2006, a donné naissance à plusieurs organismes : l'ANP, la Sodep et la constitution de la Somaport. Sans oublier l'introduction de la concurrence, de l'unicité de la manutention, l'abolition des centres d'embauche, l'unification de la tarification et la mise en place de tarifs publics plafonds par l'ANP. Sur le site du port de Casablanca, les efforts fournis se sont matérialisés par deux décisions décisives en cours d'application. Il s'agit, en premier lieu, de l'extension du terre-plein avec le lancement, depuis plus d'une semaine, des travaux sur un terrain du département de l'Equipement. Une opération en phase finale, puisqu'il ne s'agit que d'un simple bitumage pour être opérationnel. L'autre mesure n'est tout autre que la décerte d'une zone non-séjour où la marchandise dépassant les délais raisonnable sera transférée pour y être traitée autrement. Tout ceci se traduit par la baisse des tarifs portuaires, qui est de 30% en moyenne pour le trafic des conteneurs et de 25 % pour le trafic routier, l'augmentation des investissements dans l'outil portuaire et le renforcement de la capacité de traitement du trafic portuaire. Cette initiative a pour objectif, selon notre source, de réhabiliter la vocation de transit de l'enceinte portuaire sans pour autant pénaliser la clientèle qui se conforme aux règles d'usage.