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Mohamed Khaddi : "La veille de a première représentation théâtrale, en 1966, je n'ai pas pu fermer l'oeil durant toute la nuit !"
Publié dans La Gazette du Maroc le 31 - 07 - 2007

Le comédien Mohamed Khaddi a foulé les planches “officiellement” pour la première fois en 1966.
La pièce interprétée à l'époque avait pour titre “Al maghribou ouahid” et traitait d'un thème patriotique. La toute dernière, il est en train de la répéter en compagnie des membres de la Troupe nationale, affiliée au Théâtre National Mohammed V. Elle est écrite par Mohamed El Jem et porte comme (nouveau) titre “Chkoune Al mess'oûl”. A souligner qu'elle avait pour titre auparavant “Al mess'oûlou elladi”, étant la suite logique des deux premières oeuvres d'El Jem : “Errajoulou elladi” et “El mar'atou ellati”.
Dans “Chkoune Al mess'oûl”, Khaddi détient un rôle important où il déballe toutes ses capacités artistiques, fruit incontestable de sa longue expérience de plus de 41 ans d'expérience. Nous l'avons invité à se prononcer sur des thèmes variés, en ordre dispersé. Dans ses réponses, il y est allé avec beaucoup de franchise et de spontanéité.
Ce qui a donné naissance à l'entretien que nous vous livrons.
La Gazette du Maroc : Tout d'abord, dis-nous brièvement comment ont- été tes débuts artistiques et en quelle année exactement s'est effectué le“démarrage”?
Mohamed Khaddi : Pour ne rien vous cacher, mes débuts ont été très difficiles par manque de moyens. Le démarrage, comme vous dites, a eu lieu en 1966.
L.G.M : A propos, gardes-tu un souvenir de ce premier pas ?
M.K : Oui. Le souvenir d'avoir eu tous les tracs et toutes les peurs du monde en songeant affronter un large public pour la première fois. Figurez-vous que la veille de la représentation, je n'ai pas pu fermer l'oeil de toute la nuit !
L.G.M : Est-ce que Khaddi compte, comme tout le monde ou presque, des ennemis dans le domaine artistique et comment il se comporte avec eux ?
M.K : D'une manière calme et sereine. Vous savez, c'est tout à fait humain. J'ai été victime de certains comportements mais c'est le prix à payer quand on réussit un travail.
L.G.M : Si tu ne t'étais pas destiné à l'art, quels sont les deux autres métiers (par ordre de préférence) pour lesquels ton coeur aurait balancé ?
M.K : Alors que j'étudiais dans le secondaire, je songeais devenir instituteur ou bien éducateur social.
L.G.M : As-tu un mot à dire sur une certaine hypocrisie qui, hélas, commence à tendre ses tentacules et fausser les relations entre les gens en société ?
M.K : L'hypocrisie me répugne, me révolte. Elle doit être bannie de notre vie sociale. D'ailleurs, notre religion condamne énergiquement “el mounafikine” et les assimile à des “chayatines”.
L.G.M : Et sur ce phénomène naissant de rendre des présumés hommages, avec ou sans occasion, à tous ceux qui bougent ou qui ne bougent pas sur la scène artistique ? Crois-tu qu'il est logique et admissible de “brosser sa propre publicité” d'abord sur le dos de ces artistes honorés ?
M.K : En réalité, un hommage, c'est une reconnaissance pour un talent, des efforts, des sacrifices et une longue et convaincante carrière. Mais, cela ne doit pas devenir une “mode” ou un “gagne-publicité”. Ce serait dommage !
L.G.M : Quel est le souvenir artistique le plus doux que tu gardes bien au fond de ta mémoire ?
M.K : C'était à la fin d'une représentation de “Oualiy ellah” au Festival de Carthage, le public nous a inondés de roses et de jasmins sur scène.
L.G.M : ...Et celui qui te fait toujours le plus mal encore ?
M.K : Alors là, c'était lors d'une tournée dans un patelin de la province d'Errachidia où, à la fin du spectacle, le responsable du Centre à l'époque nous a chassés de son bureau sans nous verser notre dû ! Inoubliable mauvais souvenir !
L.G.M : Sur un tout autre plan, la prétention dans le comportement d'un artiste, cela t'inspire quoi au juste ?
M.K : Tout simplement du mépris. La prétention est mauvaise conseillère.
D'ailleurs, elle détruit toute création chez l'artiste et le rend dépendant du complexe des apparences.
L.G.M : Es-tu au courant d'une certaine couverture médicale dont vont bénéficier (si ce n'est déjà fait pour une partie de chanceux) plus de 600 artistes marocains, essentiellement ceux liés au domaine de la chanson ? Et comment juges-tu cette initiative ?
M.K : Très bonne.Depuis le temps qu'on l'attend avec impatience !
Mais, on doit aussi prendre en considération ceux qui travaillent dans le domaine théâtral et ils sont plus nombreux que ceux liés au domaine de la chanson.
Ils sont aussi les plus démunis...
L.G.M : Si tu disposais d'un poste d'influence dans un ministère chargé des affaires artistiques, quelles seraient les premières mesures à prendre?
M.K : Si vous pouvez me faire grâce d'une aussi gênante question.Je ne suis pas un “homme à poste d'influence” ! Je suis un artiste, ça me suffit. Je ne tiens pas à rêver...
L.G.M : A ton avis, nos deux chaînes de télévision jouent-elles vraiment leur véritable rôle dans l'encouragement et la promotion de nos jeunes talents ?
M.K : Elles se débrouillent, chacune dans son rayon et avec les moyens dont chacune dispose.
L.G.M : A part le théâtre, disposes-tu d'autres cordes à ton arc ?
M.K : La natation et le football.
La natation en été et le foot durant toute l'année.
L.G.M : Les jeunes qui, de nos jours, tournent le dos au mariage; as-tu une opinion précise là-dessus ?
M.K : A mon avis, c'est dû essentiellement au chômage et à une certaine conception erronée de la “moudawana”.
L.G.M : Un mot franc et sincère sur les artistes très aisés matériellement ?
M.K : “Ehna, allah yaâtina... Ouhouma, allah yzidhoum !” Voilà ma conception de la chose !
L.G.M : Ce que tu penses de la femme et de la mode?
M.K : Comme je suis pour la liberté sous toutes ses formes, je trouve que chacun est libre de mener sa vie comme il l'entend ? La femme marocaine peut suivre la mode, mais elle doit respecter l'authenticité dont elle est issue.
L.G.M : Une opinion très brève sur ces trois artistes : Tayeb Seddiki- Abdelkader Badaoui - Nabyl Lahlou.
M.K : Seddiki, c'est le prof' de tous nos hommes de théâtre. Badaoui, un artiste authentique. Nabyl, un artiste complet. A ce dernier me lient de beaux souvenirs.
L.G.M :Comment procèdes-tu pour choisir tes amis afin de ne pas être déçu par la suite ?
M.K : Je choisis ceux qui me ressemblent en ce qui concerne les goûts, le comportement et la vision des choses de la vie.
L.G.M : Tant que l'on parle amitié et sincérité, quelle est ton opinion sur les gens qui n'arrêtent pas de critiquer leurs amis, une fois ces derniers absents?
M.K : Une très mauvaise habitude et ces gens-là sont à condamner sans merci !
L.G.M : Un tout petit dernier mot...
M.K : “Merci !”. Il n'y a pas plus petit et plus grand en même temps !


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