Dès les premiers mois de son règne, SM Mohammed VI a élaboré une stratégie complète et visionnaire pour la réforme politique du Maroc. Les principaux chantiers, dans ce volet, concernent l'insertion de toutes les composantes sociales dans la vie politique et électorale, le règlement des dossiers de violation des droits de l'homme, et la réforme du champ religieux. SM Mohammed VI est un visionnaire. Quelques mois seulement après son intronisation, le Souverain a adressé une lettre à l'ancien Premier ministre Abderrahmane El Youssoufi, dans laquelle il définit le cadre et les orientations du plan quinquennal. Dans cette lettre royale, le Roi explique qu'il importe de «concevoir une stratégie de développement intégré dont l'exécution aura pour but de renforcer les structures de la société, d'intégrer ses différentes composantes et de consolider son tissu et son unité». Pour cela, le Souverain énonce quatre points essentiels. Premièrement : « la promotion des régions défavorisées et leur intégration dans la dynamique du développement», notamment en rattrapant le retard dont souffre le monde rural en matière d'équipements socio-économiques et en trouvant des solutions à la baisse du revenu, à l'analphabétisme et à l'insuffisance des prestations sociales. Deuxièmement: «l'intégration de la jeunesse, particulièrement celle instruite, dans le processus de production, afin de tirer profit de ses potentialités» et de ses hautes compétences au service du développement économique et social du pays, en l'incitant à la créativité, à l'innovation, en comptant sur elle-même, sans négligence, ni hésitation. Troisièmement: «l'Association de la femme aux activités de développement» en lui permettant d'exercer tous ses droits, en tant qu'élément agissant et influent au sein de la société. Et enfin, quatrièmement: «la lutte contre la pauvreté, la marginalisation et l'exclusion». Il s'agit là, en quelques phrases seulement, d'un véritable programme gouvernemental, toujours d'actualité de nos jours, huit ans après l'intronisation de SM Mohammed VI. La fête du Trône de cette année est célébrée à quelques jours des élections législatives qui verront le renouvellement de la première chambre et l'émergence possible d'une nouvelle élite politique, et surtout d'une nouvelle majorité parlementaire qui permettra la composition d'un exécutif que tout le monde souhaite homogène et efficace. Pour cela, il est nécessaire de rappeler les messages importants adressés par le Souverain, il y a moins d'un an, au peuple marocain, à l'occasion de l'ouverture de la session parlementaire d'octobre 2006. «Aux citoyens, Je dis : (…) On n'attend pas de vous seulement d'exprimer vos suffrages, ni de concevoir la politique comme un exercice qui dure le temps d'un scrutin, ou comme une profession partisane réservée à l'usage exclusif de la classe politique. En fait, ce que l'on attend de vous, c'est une implication forte et constante dans l'action politique engagée… ». Nouvelles idées Le Souverain a également tenu à adresser un message similaire aux partis politiques, principaux acteurs de l'opération électorale : «Nous appelons les formations politiques, à l'heure où elles se lancent dans la course aux prochaines élections législatives, à faire preuve de respect à l'égard des électeurs et à leur tenir le langage de la clarté et de la vérité. Nous les engageons aussi à choisir ceux et celles qui sont jugés les plus aptes à assumer la responsabilité de la députation, tant il est vrai que le Parlement est le coeur battant de la démocratie et constitue la plus haute expression de la volonté populaire». Et SM le Roi d'ajouter : «Il appartiendra aussi à ces formations d'aborder dans leurs programmes les grands dossiers de la nation et de proposer, à cet égard, de nouvelles idées et des mécanismes à l'applicabilité avérée». Ces messages signifient que beaucoup plus qu'une course aux sièges et aux positions, les élections sont, avant tout, une occasion d'émulation entre programmes et projets. «Cela requiert de forger des alliances, de nature à favoriser l'émergence d'une majorité homogène et d'une opposition constructive, dans le cadre d'un paysage politique rationalisé et sain», lance SM le Roi. La gestion de la chose religieuse, qui est du ressort d'Amir Al Mouminine, a occupé une place importante dans l'action politique du Souverain. SM Mohammed VI a toujours estimé que, pour assurer leur pleine application à ses orientations concernant la définition du cadre référentiel de la Fatwa, laquelle relève de la compétence de la Commanderie des Croyants, il fallait créer un cadre approprié. A ce titre, le Souverain a ordonné la mise en place au sein du Conseil supérieur des Oulémas, d'une instance académique ayant pour mission de faire des propositions de Fatwa. Ces propositions seront, par la suite, soumises à Sa Majesté. Le règlement des dossiers de violation des droits de l'homme, a également occupé une place importante dans l'agenda royal, notamment à travers la création de l'Instance Equité et Réconciliation, dont la présidence a été confiée à Feu Driss Benzekri. «Nous demeurerons attaché à la clôture définitive de ce dossier en favorisant le règlement extra-judiciaire équitable, et en veillant à ce que les préjudices du passé soient réparés et les blessures pansées», a expliqué le Souverain. Pour cela, SM Mohammed VI a adopté une approche globale et audacieuse, fondée sur l'équité et la réhabilitation, outre la volonté de tirer les enseignements qui s'imposent et d'établir les faits. «Notre objectif est que les Marocains se réconcilient avec eux-mêmes et avec leur histoire, qu'ils libèrent leurs énergies, et qu'ils soient partie prenante dans l'édification d'une société démocratique et moderne, gage de prévention de toute récidive», assure le Souverain.