Bon nombre de militantes istiqlaliennes revendiquent leur droit à la liste nationale. Ce n'est pas du goût de celles élues en 2002. La bataille s'annonce acharnée. Verdict le 30 juin. Au parti de l'Istiqlal, la bataille pour la tête de liste nationale fait rage dans les coulisses. Le 30 juin, le conseil national du parti, qui compte pas moins de 800 personnes, choisira les trente noms de femmes qui seront présentées dans cette fameuse liste nationale. Avant d'entrer dans les détails des bras de fer ainsi que les jeux d'influence, somme toute salutaires, qui sévissent entre les militantes de l'Istiqlal, attardons-nous quelque peu sur l'enjeu de cette guéguerre. En effet, il s'agit pour celles qui occuperont les cinq premières places dans la liste, d'un ticket de passage direct pour la Chambre des Représentants. Chaque parti politique propose une liste de dix femmes. Et c'est proportionnellement au nombre de voix obtenues dans l'ensemble des circonscriptions du pays, que les trente sièges sont distribués aux différentes formations politiques. Pour un parti comme celui de l'Istiqlal, lors des élections de 2002, quatre femmes ont réussi à décrocher un siège au Parlement, via la liste nationale. Sans aucun effort de campagne (puisqu'elle n'ont pas de circonscriptions électorales), elles sont devenues parlementaires. Un privilège que certaines ne veulent pas céder et que d'autres veulent acquérir à tout prix. Résultat : un bras de fer sans merci se déclenche. Par conséquent, le secrétaire général, Abbas El Fassi, fait l'objet de pressions atroces de toute part, essentiellement des parlementaires qui ont un accès plus facile et plus rapide à lui. Et pour cause, certaines sont membres du prestigieux Comité exécutif qui se réunit chaque semaine pour débattre des questions de fonctionnement du parti. Et depuis quelques mois, seules les législatives occupent la part du lion des menus du Comité exécutif. Nous avons donc deux camps bien distincts. Les quatre parlementaires élues via la liste nationale en 2002 : Naïma Khaldoune, Malika El Assimi, Latifa Bennani-Smires et Mahjouba Zbiri. Cette dernière, épouse de l'ancien secrétaire Général de l'UGTM, est écartée depuis le désaveu de son mari. Restent les trois premières. En face d'elles, Il y a des militantes aguerries qui semblent maîtriser les rouages du parti. C'est le cas de Fatiha El Bakkali, Samira Koraïch, Naïma Rebaâ et Fatima Tarek. Et c'est la première (Fatiha El Bakkali), qui, vraisemblablement, occupera la tête de liste nationale de l'Istiqlal. Afin d'échapper au vote du conseil national, les femmes parlementaires ont profité d'une vague de pressions exercées, cette fois-ci, par des hommes influents du parti. Abdelhamid Aoued (membre du Comité exécutif, ancien ministre et président du groupe à la Chambre des Représentants) est confronté à la candidature d'un militant istiqlalien dans la circonscription de Rabat-Océan. Même chose à Marrakech où Moulay M'hamed El Khalifa (membre du Comité exécutif et ancien ministre) doit disputer la tête de liste de l'Istiqlal avec un autre militant. Dans cette ambiance, le Comité exécutif de l'Istiqlal aurait décidé d'octroyer, en cas de conflit dans une circonscription, «la priorité», à un membre du Comité exécutif. Cette décision a eu au moins, deux conséquences. Pressions sur le secrétaire général Tout d'abord, c'est sur cette vague que les femmes parlementaires veulent surfer pour atteindre le haut de la liste nationale. Et partant, évincer les autres prétendantes. Ensuite, cette décision, si elle met à l'abri de tout souci Aoued et El Khalifa, donnerait un sérieux coup à l'image de marque de la démocratie interne dans ce parti connu, pourtant, pour être extrêmement procédurier. Au cours du mois de mai dernier, plusieurs membres du Comité exécutif de l'Istiqlal ont contacté Naïma Simou, une militante de la première heure, pour lui signifier que le parti va l'accréditer pour la circonscription d'Ifrane. Naïma Simou, contrairement à beaucoup d'autres istiqlaliennes, a choisi de descendre dans «le ring électoral» dans une circonscription locale, plutôt que de se bousculer pour la liste nationale. «Commence à travailler à Ifrane dès maintenant, m'a-t-on signifié», raconte Naïma Simou. D'ailleurs, dès qu'il entendit cette information, l'inspecteur du parti à Ifrane a décidé de retirer sa candidature pour la soutenir. Mais depuis quelques jours, le Comité exécutif a décidé de revenir sur sa décision, certes verbale, et exiger le passage par le vote de l'assemblée provinciale pour le choix du candidat. C'est ainsi que l'inspecteur, qui s'est désisté en mai, revient à la charge, «après avoir mobilisé autour de lui l'ensemble des membres du conseil provincial», estime Naïma Simou. Plusieurs militantes ont décidé de soutenir Naïma Simou et faire pression sur le secrétaire général afin que cette istiqlalienne conserve ses chances de se présenter à Ifrane. Affaire à suivre. 3 QUESTIONS à Fatima Tarik, membre du Comité central de l'Istiqlal et candidate pour la liste nationale « La liste nationale appartient à toutes les militantes» Quelles sont vos chances d'être choisie parmi les membres de la liste nationale de l'Istiqlal ? Je pense, avec l'aide de Dieu, que les choses vont bien se passer. Je suis une militante depuis de très longues années. Membre de l'arrondissement de Zouagha à Fès, c'est la première fois que je vais me lancer dans les élections législatives. D'ailleurs, tous les militants du parti, ici à Fès, me le demandent depuis longtemps. Pourquoi ne pas avoir tenté une circonscription locale ? Pour la simple raison que mon époux, Hamid Chabat, député-maire de la ville, va lui aussi se présenter. Il serait anormal, que tous les deux nous nous présentions pour des circonscriptions locales dans la même ville. Que pensez-vous des femmes parlementaires de l'Istiqlal qui veulent se présenter une nouvelle fois dans la liste nationale ? A mon avis, elles doivent se retirer et laisser la chance à d'autres militantes. Elles ont été élues en 2002. C'est suffisant. Même chose pour celles qui seront élues en 2007. En 2012, elles doivent se retirer. La liste nationale appartient à toutes les militantes.