* Mohamed El Ghaoui a été révélé au grand public à travers la tournée des fameuses soirées “Adouae el madina” au début des années 80. La première oeuvre qui l'a d'ailleurs rendu célèbre, c'est la belle chanson de Mohamed Abdelouahab “moudhnaka gafahou...” qu'il a magistralement interprètée. Ce succès-là n'équivaut en fait, qu'à celui de sa propre chanson “El Ghorba”, merveilleusement interprétée elle aussi et placée plusieurs fois en première ligne des hit-parades des chaînes radiophoniques nationales. Aujourd'hui, El Ghaoui compte un répertoire riche de dizaines de chansons de thèmes différents et attrayants. Pour avoir une idée sur ce que pense notre artiste des choses de la vie, nous lui avons posé un certain nombre de questions. Pour commencer, dites-nous quelle est votre devise la plus chère et que vous adoptez dans votre vie artistique ? Dans la vie en général, j'adopte constamment une devise qui m'est très chère : c'est d'être convaincu de tout ce que j' entreprends, de le faire avec foi et beaucoup de sincérité et laisser parler ceux qui se sont, hélas, spécialisés dans la critique destructive. Rien que pour le plaisir de détruire d'ailleurs ! Dans le même sillage, gardez-vous une dent contre ceux qui vous adressent des critiques non fondées dans la presse ? Absolument pas ! Je ne suis pas rancunier. Ceux qui me critiquent, sans la moindre objectivité, dans la presse -- et cela arrive très, très rarement -- je les prie surtout de se montrer un peu plus raisonnables afin de ne pas se ridiculiser inutilement devant leurs lecteurs qui sont au courant de tout ce qui se passe dans le monde artistique. Franchement, la célébrité, vous a-t-elle fait gagner quelque chose ? En tous les cas, pas de l'argent ! J'en dépense beaucoup pour faire un bon travail, réaliser une chanson de qualité (du moins, c'est ce que j'espère). Comme on le sait, pour concevoir une oeuvre qui vous fait honneur, il faut beaucoup de sacrifices. Pour en revenir à votre question, la célébrité m'a fait gagner surtout la confiance et le respect du public et cela vaut beaucoup plus que l'argent. Dans le domaine artistique comptez-vous beaucoup d'ennemis, peu ou pas du tout ? Dieu merci, à ma connaissance, je ne compte que des amis. D'ailleurs, je ne fais rien de méchant pour mériter leur animosité. Je me comporte loyalement avec tout le monde. Je respecte les gens, comme je respecte tous mes confrères les artistes sans aucune exception. A propos, que signifie pour vous la véritable amitié que l'on dit assez rare de nos jours ? Vous savez, la véritable amitié existe toujours. Elle est devenue rare, comme vous dites, mais elle existe, dieu merci. Il faut la chercher et une fois trouvée, il faut savoir la garder. Si l'une de vos connaissances vous demandait un jour de lui prêter une certaine somme d'argent, accepteriez-vous ? Cela dépend d'abord de sa solvabilité, de son honnêteté, et du degré d'amitié qui nous lie. On ne doit tout de même pas jeter par la fenêtre l'argent qu'on gagne, il est vrai, difficilement. Vous comprenez... On sait que vous idôlatrez le grand chanteur arabe disparu Mohamed Abdelouahab, que vous imitiez merveilleusement au début de votre carrière lors des Soirées publiques. Gardez-vous toujours aujourd'hui ce même engouement pour les oeuvres du maestro ? Et comment ! Les oeuvres de Mohamed Abdelouahab sont immortelles et ne se limitent pas à un temps défini. Qu'il soit débutant ou célèbre, c'est un honneur pour chaque chanteur arabe de chercher à les interpréter. A condition, bien entendu, qu'il dispose de la capacité de le faire... En compagnie d'un groupe d'amis, si les remarques de quelqu'un à votre sujet vous irritent et que vous vous sentez offensé, réagissez-vous sur le champ, faites-vous l'indifférent ou bien quittez-vous les lieux intelligemment en cachant votre colère ? Face à la situation que vous décrivez, je ne réagis ni sur le champ ni après ! Je m'éclipse en douceur. C'est d'ailleurs le meilleur comportement à adopter face à un provocateur. Sinon, on tombe dans son jeu et on lui fait plaisir sans le savoir ! Que signifient pour vous ces trois termes : la Solitude, le Bonheur, la Jalousie ? La Solitude : une chose épouvantable. Le Bonheur : un don de Dieu qu'il faut préserver jusqu'à la mort, surtout lorsqu'on vit en couple. Quant à la Jalousie, c'est une maladie qui n'atteint que les gens faibles de caractère et qui les fait atrocement souffrir. Vous entreprenez assez fréquemment des tournées artistiques en Europe à l'intention de la communauté marocaine et maghrébine. Cela vous rapporte-t-il gros ? Pas du tout, mais je ne m'en plains pas ! Ne vous fiez surtout pas aux apparences et à ce qu'on raconte. Cela me rapporte juste assez pour vivre “al hamdou lillah” et continuer à produire et servir le public. Etes-vous du genre qui fait les cent pas sur le boulevard pour “voir de plus près” son public ? Faire les cent pas, n'est absolument pas dans mes habitudes. Ce n'est qu'une perte de temps à laquelle s'adonnent malheureusement certains et c'est leur affaire, d'ailleurs ! En tant qu'artiste, donnez-vous de l'importance au côté vestimentaire ? Il le faut ! Et même sans être artiste. C'est en quelque sorte un signe de respect envers les autres et envers soi-même. Avez-vous un mot à souffler à l'oreille de ceux qui n'aiment pas vos chansons ? Je leur demande tout simplement de faire l'effort de les écouter un peu plus attentivement. Enfin, il y a ceux qui n'aiment pas les chansons d'un artiste parce que sa tête ne leur revient pas ! C'est leur droit le plus absolu ! Lorsque vous faites du mal à quelqu'un qui, en réalité, mérite bien votre geste, vous arrive-t-il de le regretter par la suite ? Effectivement, je le regrette. Cela me fait vraiment mal, d'avoir dans un geste de colère, fait mal à quelqu'un. Pour terminer, comment vous voyez-vous à l'age de 80 ans ? Aussi jeune qu'aujourd'hui. Il n'y aura pas de différence. Le corps va vieillir un peu, mais l'âme et l'esprit resteront toujours jeunes. Et c'est l'essentiel.