Les représentants d'une dizaine d'institutions financières, de fonds internationaux et arabes des banques d'investissements, ont participé, le jeudi 14 juin, au colloque sur le financement du XIème Plan de Développement (2007-2011). Ces partenaires qui ont répondu présents se sont tous engagés pour prendre part aux besoins de financement définis. En inaugurant cette rencontre des partenaires financiers de son pays, le Premier ministre, Mohamed Ghannouchi, qui connaît très bien ce milieu et ce domaine, du fait qu'il a par le passé dirigé le ministère de l'Investissement extérieur et de la Coopération internationale, a dressé un bilan objectif du Xème Plan de Développement pour passer par la suite aux grands axes du XIème Plan qui prendra fin en 2011. Dans ce contexte, il indiqua que la réalisation des programmes et projets inscrits, nécessite un volume global d'investissement de l'ordre de 45,5 milliards de dollars dont 40% seront consacrés à la préservation des ressources naturelles, la protection de l'environnement, le renforcement de l'infrastructure dans les domaines du transport et des communications et aux investissements dans les équipements collectifs, particulièrement dans l'enseignement, la formation et la santé. Tout cela porte sur les besoins globaux de financement, compte tenu du remboursement de la dette et de la constitution des réserves de change, à 58,5 milliards de dollars, soit 37% de plus comparativement avec le Xème Plan. Dans ce cadre, l'on table sur la mobilisation de plus de 6 milliards de dollars en investissements directs et de portefeuille et on compte sur les relations de coopération et de partenariat avec les pays frères et amis et les institutions financières régionales et internationales, pour couvrir le reliquat des besoins de financement et qui est estimé à 9,8 milliards de dollars. La Tunisie espère dans ce cadre, mobiliser 4,6 milliards de dollars sous forme d'aides et de crédits à des conditions préférentielles pour parvenir à réaliser les projets et les programmes surtout dans les domaines de la protection de l'environnement, du développement des services sanitaires, du renforcement de la qualité de la formation et de l'enseignement et l'amélioration des conditions de vie. Le parachèvement du financement extérieur du XIème Plan nécessite la mobilisation d'une valeur de l'ordre de 5,4 milliards de dollars sous forme de crédits commerciaux et financiers, ce qui représente 33,8% de l'ensemble des besoins de financement extérieur. En dépit des atouts existants, la Tunisie ambitionne de mobiliser cette partie de ses besoins dans les conditions les plus favorables, compte tenu de son souci constant de préserver ses équilibres financiers et de renforcer le capital confiance dont elle jouit auprès des institutions financières spécialisées. Ghannouchi a tenu à préciser que son pays «compte en premier lieu, comme cela était toujours le cas durant les plans précédents, sur ses propres capacités pour financer ses besoins». Témoignages Par ailleurs, force est de souligner que la limitation des besoins de financement à ce niveau, outre qu'il répond aux exigences de la concrétisation des objectifs tracés, traduit la volonté ferme de préservation des équilibres financiers interne et externe, avec le but de limiter le déficit courant de la balance des paiements à 2,5% du PIB et de réduire le taux d'endettement de 47,9% à 39,1%. Le Premier ministre tunisien a également tracé un objectif d'augmentation de l'épargne nationale qui permettrait de porter sa couverture des besoins de financement à 73% au cours du prochain quinquennat contre 64%. Dans ce même ordre de projection, le responsable du fonds allemand, K.F.W, Stephan Sellen, a souligné que la Tunisie a, depuis plus d'une décennie, déployé des efforts considérables qui ont fini par convaincre les milieux financiers internationaux. De ce fait, soutenir le XIème Plan de Développement ne pose donc aucun problème. C'est aussi l'avis du représentant de la Banque Mondiale, Dominique Bechara, qui estime qu'il a attendu que les réformes importantes introduites au niveau du secteur bancaire, de celui des assurances et du marché financier, et qui ont renforcé les mécanismes de l'épargne, facilité l'admission à la cote en bourse, devenue désormais plus accessible aux investisseurs étrangers. De son côté, l'ambassadeur des Etats-Unis à Tunis, Robert F. Godec, a précisé que la «Tunisie est un pays stable, où il n' y a plus de risques pour les investissements étrangers. De ce fait, son pays cautionne les efforts déployés par les partenaires financiers internationaux». Pour l'ambassadeur suisse en Tunisie, Christian Fässler, la Tunisie bénéficie dans son pays d'une image à grande performance économique et de grande qualité humaine. Et d'ajouter qu'il est temps de «passer de la phase d'assistance à celle de l'échange du Now How, ensuite de conclure que la Suisse, 5ème investisseur en Tunisie consolidera les besoins de financements. Le président de la BAD, Donald Kaberkouka, dont le siège est aujourd'hui en Tunisie, a réitéré la volonté de cette institution de soutenir et d'accompagner le développement en Tunisie, augmentant les lignes de crédits accordés aux établissements financiers locaux. Ce responsable a évoqué la compétitivité de ce pays, dont les choix et les réformes adoptés ont préparé le terrain pour poursuivre le développement de l'économie nationale et l'amélioration de son rendement et de sa compétitivité, ce qui lui a permis d'acquérir une capacité accrue en matière d'adaptation aux mutations et d'intégration dans l'économie nationale. En effet, à la veille de la Rencontre des partenaires financiers de la Tunisie, le Forum économique mondial (WEF) sur l'Afrique, tenu au Cap (Sud-Ouest) a, dans son rapport publié le même jour, qui estime que le manque de sécurité reste un obstacle à la conclusion d'affaires en Afrique du Sud, considère que la Tunisie est un oasis de stabilité. L'intervention du vice-président de la BEI, Philippe de Fontaine Vive, était bien ciblée. Il affirma que son instrument financier, le FEMIP, a décidé d'emblée d'aller jusqu'à plus 50% pour développer le secteur privé tunisien et, par là, d'aider les PME. Dans ce contexte, De Fontaine Vive, a indiqué que la BEI investira en fonds propres pour soutenir les entreprises tunisiennes. Bernard Philippe, chargé de la mission européenne à Tunis, a parlé du développement de l'économie du savoir, de la connaissance et de la compétence créatrice d'emplois. Tout en proposant d'apporter un appui durable au XIème Plan de développement, qui constitue un saut qualitatif, ce responsable européen s'est focalisé sur l'ancrage de la Tunisie sur le marché européen, qui est aujourd'hui de 500 millions de consommateurs. Le secteur privé devra être au cœur des aides financières apportées, tout comme l'investissement dans la recherche et dans le capital humain. Car l'augmentation de l'investissement privé, reste le seul moteur de l'économie. Les Japonais, partenaires privilégiés de la Tunisie, étaient présents en force dans cette rencontre. Le Directeur général du bureau de représentation de Paris de la Japan Bank For International Coopération, Akihiko Koenuma, a indiqué à La Gazette du Maroc que : «l'institution qui a financé le projet de la centrale thermique de Radès, du pont liant la banlieue nord à la banlieue sud de Tunis, l'autoroute, Mseken-Sfax, poursuivront leurs financements aux projets de développement définis dans le XIème Plan. Conformément à ces choix, on inscrit parmi nos priorités, le développement de la compétitivité de notre économie et sa mise à niveau globale, en vue de lui procurer davantage de solidité et d'efficacité, lui permettant de faire face à la concurrence qui ne cesse de se durcir, et ce, que ce soit sur le marché local ou sur les marchés extérieurs». Ainsi, 2500 projets de mise à niveau ont été approuvés. Ce qui s'est traduit, comme le confirme la dernière enquête, par une amélioration du chiffre d'affaires et des exportations des entreprises ayant exécuté leur programme respectivement de 11% en moyenne par an et de 18% et de relever le taux d'encadrement au sein des entreprises à 17%, outre l'augmentation du nombre d'entreprises ayant obtenu les normes de qualité qui a dépassé les 750 et le nombre d'entreprises dotées de systèmes d'innovation et de gestion. De la production à commande numérique qui a dépassé les 1000. Par ailleurs, le programme de mise à niveau a été étendu aux secteurs du tourisme, de l'agriculture, du commerce de distribution et des divers services. Toujours dans les priorités, le rôle du secteur privé s'est renforcé et sa part a atteint 56,5% de l'ensemble des investissements réalisés, 72% du PIB et 85% des exportations. Ce qui devra encourager les partenaires financiers à augmenter leurs parts d'apport au XIème Plan de Développement. Parallèlement, la compétitivité de l'économie nationale s'est consolidée et son taux d'intégration dans l'économie mondiale s'est améliorée. Ce qui a permis de porter la contribution de la productivité générale des facteurs à la croissance à 40,8% et la participation des exportations à 22%. Tous ces faits, ont également permis à la Tunisie d'occuper le rang 30 sur un total de 125 pays en terme de compétitivité globale, selon le dernier classement paru dans le rapport du forum économique mondial de Davos, et d'améliorer son indicateur de rattrapage des pays développés pour le porter à 29,9% en 2006 contre 28,2% en 2001. D'autre part, les conditions et la qualité de vie se sont améliorées comme en témoignent l'augmentation du revenu par tête de 2978 dinars en 2001 à plus de 4000 dinars en 2006 et l'évolution du taux de couverture sociale de 84,2% à 90,4% en plus de l'amélioration des différents indicateurs du bien-être social à travers la suppression des logements primitifs, l'augmentation des taux de desserte en eau potable à 97% et d'électrification à 99%. Dans ce même ordre de développement socio-économique, les créations d'emplois se sont intensifiées au cours du Xème Plan et ont augmenté de 2,7% annuellement pour atteindre 372 000 postes nouveaux contre une augmentation de la demande additionnelle de 2,5% en moyenne par an, ce qui a permis de couvrir 92,1% de la demande additionnelle et de réduire le taux de chômage qui s'est situé autour de 14,3% en 2006 contre 15,1% en 2001.