Le ministre adjoint des Affaires étrangères du Qatar, Mohamed Abdallah Rmihi, nous livre, dans cette interview, la position de son pays sur un certain nombre de questions d'ordre bilatéral, régional et international. La Gazette Du Maroc : La diplomatie du Qatar a fait une transition de la dimension régionale à l'internationale, pour quelle raison ? Mohamed Abdallah Rmihi : Chaque Etat a l'objectif d'occuper une place et affirmer sa présence au niveau international. Pour ce qui concerne le Qatar, nous avons fait des efforts énormes pour jouer le rôle que nous méritons dans le monde vis-à-vis de nos moyens et nos potentialités humaines, financières et notre ferme volonté de participer à la résolution des problèmes du Moyen Orient et à travers le monde entier. Aujourd'hui, Qatar joue un rôle très important dans la politique étrangère régionale et internationale, qui se base sur des relations directes avec les Etats et les relations multilatérales. L'Etat du Qatar entame de bons contacts avec les organisations internationales, tenant compte de sa position en tant que membre du conseil de sécurité international et des droits de l'homme. Celà signifie que Qatar a réussi à traduire ses grands objectifs, en faveur de la région et des affaires Arabes et Musulmanes et aussi de l'organisation des pays non alignés. Actuellement, l'Etat du Qatar – grâce aux hautes instructions de l'Emir, Son Altesse Cheikh Hamad Bin Khalifa Al Thani – réalise beaucoup de projets dans différents domaines des droits de l'homme, l'enseignement, la démocratie et le développement humain. Ainsi que son rôle pour le soutien des principes fondamentaux du troisième millénaire, par le biais de l'organisation du sommet mondial du commerce libre et la démocratie (Round de Doha), de même que Qatar a eu l'occasion d'organiser plusieurs congrès et conférences internationales et régionales dans les domaines politiques, économiques, sociaux et sportifs. L'Etat du Qatar est maintenant sur les rails de la démocratie, la modernité et le développement politique, économique, culturel, sportif et médiatique. A vrai dire, Qatar trace sa politique étrangère sur certaines bases prérogatives comme la défense de la stabilité, la sécurité et la paix dans le monde et de préserver une situation stable et meilleure pour les palestiniens et les autres peuples arabes. Nous défendons toujours un bon avenir pour le peuple palestinien, et nous soutenons nos frères palestiniens pour des raisons de fraternité et de valeurs communes, mais notre intervention diplomatique pour le règlement des conflits régionaux ou internationaux a eu un bon impact sur la situation en Irak et au Liban et aussi au Soudan. Nous jouons notre rôle, mais chaque pays a une stratégie diplomatique. Notre espoir est de construire un Etat moderne qui prouve que nous pouvons aussi influencer la politique internationale et intervenir pour le règlement des conflits. En tant que membre non permanent du conseil de sécurité, quel est le rôle que peut jouer le Qatar dans l'instauration de la paix, la sécurité en Irak et le règlement du dossier nucléaire iranien pour éviter une attaque militaire américaine ? Nous discutons souvent avec nos frères iraniens avec beaucoup de clarté et nous jouons notre rôle à l'égard de l'humanité et aussi vis-à-vis de la sécurité régionale. Qatar ne veut pas voir une crise se déclarer dans le Golfe, qui pourrait mener la région à des crises économiques et politiques. Nous avons demandé à toutes les parties de se calmer et d'étudier toutes les solutions pacifiques. Nous comprenons le besoin de l'Iran en énergie nucléaire pacifique, mais nous ne comprenons pas comme les autres pays, qu'il l'utilise à des fins militaires. Ce qui peut créer une crise internationale. Il faut donner la priorité aux solutions diplomatiques et pacifiques. Quels sont les sujets que vous avez discutés avec les marocains lors de votre visite à Rabat? Nous avons toujours des concertations politiques avec les marocains. Nous sommes intéressés par l'opinion du Royaume du Maroc dans plusieurs questions régionales et internationales. Nous avons abordé des questions sur le Liban, l'Irak, la Palestine et le Kosovo. Nous avons aussi discuté le dossier du Sahara, et nous avons pris avec beaucoup de considération, l'initiative marocaine pour instaurer une autonomie élargie au Sahara. Nous avons aussi examiné l'élargissement du Conseil de Sécurité et les réformes des Nations Unies. Le Qatar s'intéresse beaucoup à l'opinion du Maroc, puisqu'il est loin des problèmes du Moyen-Orient. Que pensez-vous de la situation actuelle de la coopération bilatérale entre les deux pays ? Nos relations sont excellentes. Il y a plusieurs investissements qataris au Maroc, ce qui aide à développer les relations bilatérales. Nous avons constaté une compréhension de nos frères marocains par rapport au rôle que Qatar joue dans le monde. La commission mixte va nous permettre la mise en exécution de plusieurs projets bilatéraux. Que pensez-vous de la proposition marocaine pour l'autonomie au Sahara ? L'initiative marocaine est une «bonne proposition» et jouit d'une grande responsabilité. Je crois que la résolution du Conseil de sécurité convoque les parties pour une négociation directe, afin de trouver une solution politique définitive et équitable, qui permet aux réfugiés de retourner chez eux et mettre fin à ce problème afin de vivre en paix et en toute sécurité. Quel est le rôle que le Qatar peut jouer dans cette affaire ? Nous ne jouons actuellement aucun rôle, mais si quelqu'un nous demandait d'intervenir, nous sommes prêts à déployer nos efforts pour préserver la paix et la stabilité dans la région du Maghreb Arabe. Certains journalistes critiquent souvent la chaîne internationale Aljazeera par rapport à ses couvertures des événements au Maroc et font un lien entre cette chaîne et la politique étrangère du Qatar. Qu'en pensez-vous ? Aljazeera est une chaîne indépendante. C'est une fenêtre qui a permis aux téléspectateurs arabes de s'exprimer librement dans le monde arabe. Il y a beaucoup de réactions à travers cette chaine. Mais cela n'empêche pas de dire que c'est une chaîne qui a un impact positif sur l'instauration de la démocratie et la liberté dans le monde arabe. Par contre, la politique étrangère du gouvernement du Qatar ne se définit pas par rapport à la ligne éditoriale d'Aljazeera.