Prévue pour la mi-mai, la tournée maghrébine de l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, le néerlandais Peter Van Walsum, a été reportée. Les raisons sont un secret de polichinelle : l'Algérie et ses protégés séparatistes ont été à l'origine de ce report. Dernière manœuvre d'une équipe aux commandes algériennes désavouée par la communauté internationale. Acculée, depuis le 30 avril dernier, à ruminer ses amertumes, Alger n'en profite pas moins de son implication dans le conflit du Sahara pour mettre les bâtons dans les roues onusiennes. Des «propositions indécentes» d'Alger ont poussé Van Walsum à revoir son agenda qui prévoyait initialement un déplacement, le 15 mai à Rabat, et qui devait le mener, les jours suivants, à Nouakchott et Alger. Désormais, il faut attendre le mois de juin pour une éventuelle rencontre du genre. Annoncé en grande pompe par les instances onusiennes, le périple de l'envoyé spécial de Ban Ki-moon dans la région, aurait donné suite à une dynamique internationalement concertée. Surtout qu'il survient quelques jours après le vote d'une nouvelle résolution au Conseil de sécurité le 30 avril dernier. Moins de 15 jours, et déjà l'Algérie s'active à faire capoter les démarches internationales pour trouver une résolution politique au conflit artificiel du Sahara. À la question «à qui profite ces atermoiements ?», force est d'affirmer que les séparatistes et leurs supporters étaient loin de saluer la résolution 1754. Et pour cause : «réaffirmant sa volonté d'aider les parties à parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable». Ladite résolution demande «aux parties et aux Etats de la région de continuer à coopérer pleinement avec l'Organisation des Nations unies et les uns avec les autres pour mettre fin à l'impasse actuelle et aller de l'avant vers une solution politique». Plus : prenant note de la proposition marocaine présentée le 11 avril 2007 au Secrétaire général, le texte onusien se félicite, sans ambages, «des efforts sérieux et crédibles faits par le Maroc pour aller de l'avant vers un règlement». Fait hautement remarquable, cependant, l'insistance du Conseil de sécurité sur l'engagement «des négociations de bonne foi sans conditions préalables, en tenant compte des développements survenus ces derniers mois». Ce qui, en fin de compte, s'assimile à un camouflet pour Alger. Plus intolérable encore, le soutien accordé par la communauté internationale à la résolution susmentionnée. La diplomatie du voisin de l'Est n'a pas été tendre avec les Etats Unies d'Amérique et la France notamment. Que faire ? Commencer par mettre les conditions à même, selon Alger, de faire capoter les efforts onusiens. Pour ce, les amis de Bouteflika «boudent» d'abord l'ONU. Surtout que la résolution, indiquée «prie le Secrétaire général d'organiser des négociations sous ses auspices et invite les Etats membres à prêter le concours approprié à celles-ci». Le Secrétaire général est ainsi prié de présenter d'ici au 30 juin 2007 un rapport sur l'état de ces négociations sous ses auspices et des progrès réalisés. Progrès ? Voilà le terme qui fait le plus peur aux généraux algériens. Selon des sources très proches du dossier, l'Algérie a «proposé» une rencontre entre Van Walsum et le chef des séparatistes, Mohamed Abdelaziz, dans la zone de Tifariti. À quatre jours des soi-disant festivités marquant «le trente-quatrième anniversaire du déclenchement de la lutte armée sahraouie du 20 mai 1973», comme l'a noté la presse algérienne. «Faute de quoi, note un diplomate occidental à Rabat, il aura droit à une rencontre avec un responsable de bas étage au Polisario». Et Alger ? Elle cautionne tout ! Savait-elle, pour autant, que la réplique de l'envoyé spécial de Ban Ki-moon sera, encore une fois, un désaveu international à ses manœuvres ? Quoi qu'il en soit, il doit s'en rendre compte, maintenant que Walsum a refusé un tel chantage ! Se trouvant dans l'obligation de reporter une visite d'une telle importance, il fait savoir au voisin de l'Est que les Nations Unies ne peuvent se plier à son diktat, et partant préfèrent rester dans la légalité. D'ailleurs, ce n'est pas la première fois que l'Algérie rejette la visite de Walsum. Déjà en 2006, Peter Van Walsum n'avait pas obtenu l'aval des autorités algériennes pour une visite à Alger et à Tindouf. À dire que c'est devenu un réflexe de la part des responsables algériens !