L'Istiqlal, plutôt donné pour conservateur, a été jusqu'à appeler ses militants, via la presse du parti, à présenter leurs candidatures. Un signe très rassurant. Il n'en demeure pas moins que la course pour se placer en tête des listes lors des prochaines élections sera rude. Alors qu'on s'attendait à une plus grande discrétion dans le choix des candidats istiqlaliens, lors des échéances 2007, le parti d'Abbas El Fassi a pris le taureau par les cornes et a joué la transparence totale. Dans un appel solennel et dans les règles de l'art oratoire habituel, Al Alam, l'organe du parti, a publié un communiqué de la direction du parti relatif aux dépôts des candidatures. On y lit précisément que «tous les militants sont priés d'envoyer leur candidatures à la direction». Conclusion immédiate d'un observateur averti : «par sa méthode publique, l'Istiqlal veut couper court à toutes les velléités, coutumières en pareil cas, chez les ténors régionaux de faire de leurs choix ceux du parti». Bâti sur les principes de notabilité et de centralisme, et ce depuis les années coloniales, le parti de feu Si Allal El Fassi a toujours conféré des pouvoirs incontestables aux inspecteurs du parti. Sorte de Commissaire de l'appareil, ils ont toujours fait la pluie et le beau temps dans la vie interne du parti. Les temps changent, et le parti compte s'y faire.»Sans pour autant, mettre en cause l'autorité du parti et de ses instances», note un membre du Conseil national. Méthodologie, donc. Pour élire les futurs candidats, «un profil politique et organisationnel est bel et bien établi», note la même source. D'abord, «seront sélectionnés les membres aguerris». En clair ? Ceux dont l'appartenance n'est pas dictée par les ambitions électorales. Ainsi, les places de choix seront, d'abord du ressort des anciens du parti ! La longévité fera-t-elle, à elle seule, un candidat ? Loin s'en faut. «Compétence, dynamisme, aura et autres œuvres sociales, sont autant de valeurs et atouts requis pour faire valoir les candidatures». Une sélection naturelle qui ne dit pas son nom ? En fait, les critères de bases sont autant de «haies» à franchir. Autant dire que les chances des «nouvelles recrues sont minces». Pour ce membre du comité exécutif, un parti comme l'Istiqlal a «beaucoup à gagner en favorisant une certaine circulation des élites». À moins de présenter un profil de proximité et de notoriété, rares, effectivement chez les candidats de la nouvelle génération.La jeunesse istiqlalienne, de son côté, compte bien batailler pour avoir sa part du gâteau. «Un quota de fait», explique ce jeune membre de la direction de la Chabiba istiqlalia. Le bras de fer a déjà porté ses fruits : «dans le choix des cabinards, les jeunes istiqlaliens ont eu leur mot à dire et ont pesé lourd dans la sélection». Il y a fort à parier que les «protégés» de Abdellah Bakkali, le secrétaire général de la Jeunesse Istiqlalienne, remporteront un nombre considérable de sièges. Un atout à ne pas omettre : La jeunesse, en la personne de son secrétaire général, a été du côté d'Abbas El Fassi durant toutes les épreuves endurées par ce dernier. En politique, il faut toujours savoir récompenser. Entre une jeunesse qui table sur le rajeunissement de l'élite, qui est indéniablement à l'ordre du jour dans la politique interne de l'Istiqlal, et des quatuors en quête d'une place sous le soleil, le choix de faire un «appel d'offres» politique, même interne est à mettre au crédit du parti. Ce dernier sait également «récupérer» les siens qui cherchent refuge ailleurs, le temps d'une échéance.