Les Pays-bas ont été la première étape d'une vaste tournée du Conseil Consultatif des Droits de l'Homme (CCDH) en vue de former le Conseil supérieur des MRE. Mais déjà, des voix s'élèvent pour critiquer la méthodologie de travail adoptée par les amis de Driss Benzekri. À l'occasion du 30ème anniversaire de la Marche Verte, le 6 novembre 2005, le Souverain avait prononcé un discours important dans lequel il avait annoncé, pour la première fois, la création future d'un Conseil supérieur de la communauté marocaine à l'étranger (CSCME). Dans ce discours historique, SM Mohammed VI avait clairement affirmé que ce Conseil, placé sous sa propre présidence, sera «constitué de façon démocratique et transparente», et bénéficiera «de toutes les garanties de crédibilité, d'efficience et de représentativité authentique». On ne peut mieux dire. Depuis, plus d'une année s'est écoulée et le Conseil Consultatif des Droits de l'Homme (CCDH) a été chargé par le Souverain de mener à bien les concertations nécessaires pour la constitution du Conseil supérieur des MRE. Des consultations, avec la diaspora marocaine, qui ont débuté, la semaine dernière, par l'étape des Pays-bas. Par la suite les responsables du CCDH se rendront en France, en Espagne, en Italie, en Belgique, en Allemagne, aux Pays du Golfe, au Canada puis aux Etats-Unis. À peine entamée, cette tournée mérite, toutefois, un temps d'arrêt. Quelle est la méthodologie suivie par le CCDH lors de ces consultations à l'international? Qui est convié à ces rencontres ? De quoi parle-t-on lors des réunions ? etc. Pour bon nombre de cadres MRE, très actifs dans le domaine associatif et même politique, expriment certaines critiques quant à la démarche adoptée par le CCDH. «Force est de constater qu'on est loin d'un processus démocratique et transparent susceptible de conduire à une concertation et un dialogue sur des bases saines et claires. Au contraire, il semble que le CCDH a fait le choix de se défaire de sa neutralité et de devenir partie prenante. Une telle chose ne peut lui permettre d'honorer les principes qui justifient et fondent sa propre existence», explique l'un d'entre eux. En clair, on reproche au CCDH de s'entourer de quelques «copains» qu'il veut privilégier. Il est de notoriété publique que le président du CCDH, Driss Benzekri, pourtant connu pour son intégrité et son honnêteté intellectuelle, est un homme de gauche. Il est de même pour la quasi-majorité des membres du CCDH. Sauront-ils se défaire de leur appartenance politique et privilégier «la transparence» exigée par SM Mohammed VI ? Seuls les prochains jours le prouveront. Par ailleurs, une large couverture médiatique a été consacrée à la rencontre des Pays-bas. La deuxième chaîne a même préparé un reportage à l'occasion. Cependant, les thèmes proposés (Citoyenneté et participation politique, la femme émigrée, contribution des émigrés au développement humain du Maroc, etc.) sont du domaine du «consommé» ou, comme on dirait dans le jargon journalistique, du «réchauffé». Le plus important aurait été pour le CCDH d'ouvrir le débat sur la forme juridique du Conseil, ses objectifs, ses prérogatives, sa composition, son fonctionnement... On aurait également aimé avoir une idée sur la compétence des membres du Conseil et leur nombre, de l'éventuel quota par pays et par régions. Car les thèmes proposés, l'ouverture d'un site Internet et l'organisation de quelques consultations, comme celle qui vient de se dérouler aux Pays-Bas, sont propres à décrédibiliser et non à conforter la crédibilité nécessaire à l'entreprise engagée. Le CCDH a accumulé une énorme expérience, et surtout un capital crédibilité non négligeable, à l'échelle aussi bien nationale qu'internationale. Va-t-il tout gâcher dans cette opération ? La question de la représentativité SM Mohammed VI, dans son discours du 6 novembvre 2005 a insisté sur la notion de «représentativité authentique» des MRE au sein du Conseil supérieur de la communauté marocaine à l'étranger. Nous en avons de toutes les couleurs et de tous les courants politiques et idéologiques. Il y a, au sein des communautés marocaines, aussi bien des islamistes que des communistes. Des libéraux et des sans appartenances politique. Ceci sans compter la communauté israélite, installée un peu partout dans le monde et notamment en Israël. Comment le CCDH va-t-il se comporter avec cette partie de la diaspora marocaine qui compte des dizaines de milliers de personnes ? Des membres du CCDH vont-ils se rendre en Israël pour rencontrer ces Marocains qui, malgré leur naturalisation en Israël, demeurent attachés à leurs origines, à leur nationalité marocaine et à la monarchie? Ces questions demeurent posées.