Le CCDH est déterminé à aller de l'avant dans la consolidation de l'Etat de droit et du règlement définitif des dossiers relevant de droits de l'Homme, encore en instance. Le débat autour de la question des droits de l'Homme a repris de plus belle ces derniers temps, notamment depuis l'annonce de la création, sur une recommandation du Conseil consultatif des droits de l'Homme (CCDH), de l'instance «Equité et réconciliation», approuvée par SM le Mohammed VI le 7 novembre, Bien entendu, la présence d'une grande partie de représentants de partis politiques, syndicats et organisations des droits humains au sein du CCDH, n'a jamais empêché ces derniers à apporter des jugements critiques par rapport aux démarches entreprises par cet organisme. Généralement, ce sont les associations et ONG œuvrant dans ce domaine qui sont les plus critiques. Souvent pour des raisons liées à la composition de ce Conseil. La présence de Driss Benzekri au poste de secrétaire général est interprétée, par certains de ses anciens amis, comme une sorte de récupération des anciens militants et détenus d'opinion. Plusieurs démarches et positions de l'AMDH et du Forum pour la justice et la vérité s'inscrivent dans cet ordre de réactions qui trouvent objectivement leurs échos dans les milieux les plus concernés par les séquelles des années de plomb, particulièrement auprès des familles des disparus ou des personnes décédées. La famille de Houcine El Manouzi, enlevé de Tunis le 29 octobre 1972, a estimé dans une lettre récente que la nouvelle présidence du CCDH s'est donnée un délai de 9 mois pour apporter une réponse à la question « où est Houcine El Manouzi ? ». Mais, dans la plupart des cas, c'est-à-dire au niveau de la majorité des ex-prisonniers politiques, les avis restent partagés et une volonté réelle de tourner la page du passé se confirme de plus en plus. Dans son intervention devant le Parlement, le 15 novembre, Abderrafie Jouhari, député de Marrakech et membre du Bureau politique de l'USFP, a considéré l'avènement de l'Instance Equité et réconciliation comme l'une des deux principales réalisations du pays durant ces derniers temps, après l'annonce du Code de la famille. M. Jouhari a réitéré à cet effet la position de son parti appelant à la vérité et à la réconciliation. Une position à laquelle a répondu Driss Benzekri en annonçant que le Conseil adopte une approche globale fondée sur la vérité et visant à instituer un nouveau concept des droits de l'Homme au Maroc. M. Benzekri, qui était l'invité de l'émission « Likolli Annas », diffusée mercredi soir par la deuxième chaîne de télévision 2M, a ajouté que l' « instance équité et réconciliation » s'attachera à établir la vérité concernant les dossiers des disparitions et des cas de décès et autres ; et ce, selon une nouvelle approche « engageant le Maroc dans un processus de transparence et de réconciliation au sujet de son passé ». Réfutant la thèse de l'AMDH, qui estime qu'il est « paradoxal » de créer une instance pour la réconciliation « alors que les derniers mois ont connu des atteintes graves aux droits de l'Homme », M. Benzekri a, néanmoins, reconnu qu'il est difficile de dépasser, dans une courte période et d'un seul trait, certains genres de transgressions, notamment celles qui revêtent un caractère structurel à essence économique ou sociale. Aussi, contrairement au rapport d'Amnesty International adressé à l'ONU, qui fait part d'un « recul par rapport à la tendance à l'amélioration observée au cours de la dernière décennie », le secrétaire général du CCDH rappelle que certaines violations doivent être «dépassées », notamment, à travers l'introduction de réformes juridiques et l'amélioration du mode de fonctionnement de certaines institutions. A rappeler qu'à partir de 1999, 4.750 personnes ou leurs ayant droit ont été indemnisés pour un montant global de 100 milliards de centimes, mais, de nombreux dossiers restent encore non résolus dont en premier lieu ceux des disparitions forcées.