L'habit fait le moine et cache l'escroc. Souad et ses acolytes, au nombre de quatre, l'ont parfaitement compris. Des chèques faussement certifiés, une allure au-delà de tous soupçons, de fausses cartes d'identité et des sociétés fictives, ils ont réussi à escroquer des millions de dirhams à travers plusieurs villes du royaume. Au total, 21 sociétés ont été lésées, dont certaines à plusieurs reprises. Plusieurs plaintes ont été déposées par des sociétés victimes d'escroquerie. Les formulations des plaintes se ressemblent presque toutes. La démarche est identique. Le premier contacte fait par téléphone. Une personne prend rendez-vous au nom d'une société. Une charmante et élégante dame se présente alors, passe commande, marchande le prix et conclut la transaction. Le chauffeur arrive par la suite avec une enveloppe fermée, remet le chèque certifié portant le montant convenu, charge la marchandise et rebrousse chemin. Jusque-là rien de suspect. Sauf que tous les chèques retournent impayés, pourtant les derniers sont certifiés. Les messages des avis de recherche commencent à affluer en grand nombre. Le phénomène se reproduit dans plusieurs villes du pays. Il a fallu donc commencer par le commencement. Et c'est à l'aide de la série des noms des titulaires des chèques en bois et grâce au jeu de photos apposées sur les différentes cartes d'identité que le nom d'un certain Said El Ghozlane surgit. Les éléments de la police judiciaire ont commencé par montrer les photos aux victimes dont certaines ont reconnu la bête. Said a été mis sur table d'écoute sur autorisation des autorités compétentes. Les enquêteurs ont pu intercepter une communication qui ordonnait à Mohamed Ben Ali, chauffeur de son état, de se rendre à Ain Sebâa pour charger un lot de marchandises. Là, il avait rendez-vous avec la police qui a réussi, avec sa collaboration, à repérer l'endroit où se trouvait Said. Une embuscade a été planifiée et Said est tombé dans les filets de la police. Il se trouvait dans un café jouxtant le complexe touristique «L'Océanique» à Ain Sebâa. Devant passer aux aveux, Said a indiqué aux enquêteurs les noms de deux autres membres actifs du réseau : Jamal Aouidate et Souad Achhab. Arrêtée, Souad possédait un chèque au nom d'une société fictive «Platform» d'un montant de 105.000 DH, libellé au nom d'une société de textile sise Lissasfa. Elle avait aussi un bon de commande. Jamal et Souad s'étaleront sur la manière avec laquelle ils agissaient et donneront d'autres noms : Moulay Lahoucine Idrissi, Jamal Lahrach et Miloud Chihab qui seront interceptés et arrêtés à leur tour. Perquisition Une perquisition dans le domicile des accusés a permis aux policiers de mettre la main, chez Lahoucine, sur tout un arsenal de faussaire : cachets humides, ronds, rectangulaires, vierges, des cartes d'identité nationale falsifiées, un passeport, des chèques vierges et des carnets de chèques au nom de différentes personnes tirés sur différentes banques à travers plusieurs agences. La police a découvert également la présence d'un chèque signé portant la somme de 303.000 DH. Six autres chèques signés portant respectivement la somme de 80.000 DH, 1.700.000 DH, 1.200.000 DH, 120.000 DH, 42.800 DH et un sixième de 120.000 DH. Dans le domicile de Jamal et Souad, à Mohammédia, la perquisition s'est soldée par la saisie d'un lot de parfums et de produits de beauté de différentes marques, un lot de vêtiments de luxe, des cachets humides… Les accusés ont avoué se servir des documents administratifs, fruits de vols à l'arrachée, pour créer des sociétés fictives, ouvrir des comptes bancaires pour escroquer les sociétés. Ils ont énuméré 21 sociétés et unités industrielles et commerciales à travers le Royaume, y compris Ittissalat Al Maghrib. Certaines ont été escroquées plus d'une fois. Trois receleurs ont été identifiés et arrêtés. A noter que les cinq premiers mis en causes étaient recherchés à l'échelle nationale pour émission de chèque sans provision par différentes sections de la police judiciaire.