Les deux patrons d'Alliance des Libertés (ADL) et de Force Citoyenne (FC) ont décidé de se rapprocher. Dans un premier temps, ils créeront une alliance pour aborder les prochaines élections législatives avant d'entériner un grand pôle politique. Deux jeunes partis ont franchi le pas et ont décidé de créer une alliance en vue des prochaines élections législatives. Deux formations à tendance libérale. Il s'agit de Force Citoyenne d'Abderrahim Lahjouji et Alliance des libertés d'Ali Belhaj. Le 24 mars prochain, un congrès lancera la création d'une nouvelle entité dotée de structures qui lui permettra de présenter des listes communes notamment la liste nationale. Comme le prévoit la loi sur les partis, toutes alliances partisanes passent par un congrès constitutif qui engagent lesdits partis à présenter des listes communes dans 75% des circonscriptions et de présenter le même programme électoral. En 2001, Force Citoyenne et Alliance des libertés allaient procéder à une fusion. Mais certaines divergences entre Lahjouji et Belhaj avaient pénalisé ce projet. Six ans plus tard, de l'eau a coulé sous les ponts et les deux formations se retrouvent. Issus de la classe des affaires, les deux partis se disent à tendance libérale et défendent l'économie de marché. De plus, Lahjouji et Belhaj essayent de convaincre d'autres petites formations pour rejoindre le navire. L'objectif, atteindre un score honorable qui leur permettra d'avoir un groupe parlementaire. Comme le précise le secrétaire général d'Alliance des Libertés, Ali Belhaj, ce rapprochement est naturel. «On devait créer un seul parti. Mais pour plusieurs raisons cela n'a pas été fait. Aujourd'hui, Dieu merci, tous les ingrédients sont réunis pour travailler ensemble» et d'ajouter «je crois que nous allons présenter des listes communes au niveau national. Nous allons avoir une charte qui nous permettra de déterminer notre stratégie électorale. Je dois rappeler que nous avons la même idéologie et nous sommes d'accords sur plusieurs points». Les plus importants demeurent la défense de l'économie de marché et la mise en avant de la défense des droits de l'individu. Ce dernier point que «défend également le parti socialiste unifié de Mohamed Sassi» comme aime à le préciser Ali Belhaj. Mais le point le plus important n'est autre que la proximité d'Abderrahim Lahjouji avec le PJD. Une proximité qui ne dérange pas son partenaire, le secrétaire général d'Alliance des Libertés. Bien au contraire, il précise que «le PJD est un parti comme les autres et il ne faut pas le diaboliser. On peut avoir avec eux des points en communs notamment sur le plan politique et économique. Je suis prêt à discuter avec le PJD». D'ailleurs, Lahjouji et Belhaj s'apprêtent à publier un communiqué commun pour appuyer la décision du PJD qui demande au gouvernement de revoir le découpage électoral. Un signal fort qui laisse présager une collaboration étroite entre les trois partis. Ce rapprochement avec le parti d'El Othmani n'est pas anodin. Bien au contraire. Le PJD cherche à se «notabiliser» et à rassurer les milieux des affaires ainsi que la bourgeoisie casablancaise. De leur côté, Lahjouji et Belhaj peuvent bénéficier de l'organisation du PJD et de leur imploration dans certaines régions du pays. Belhaj est clair à ce sujet. «Le PJD est un parti organisé. Si on peut collaborer sur certaines questions, cela ne me dérange pas. Mais d'abord, il faut faire notre alliance et nous préparer pour les prochaines échéances électorales», explique Belhaj. Rappelons que le parti de ce dernier a fait un score honorable en 2002 et une percée impressionnante lors des élections communales de 2003. Alliance des Libertés a eu plus de quatre cents élus lors de cette échéance. Même si les différents protagonistes de cette alliance ne l'affichent pas clairement, ils se disent prêts à suivre le PJD si les conditions le permettent. En d'autres termes, Lahjouhi et Belhaj sont disponibles à pactiser avec le PJD et le suivre au sein de l'opposition ou de former, avec lui, un même gouvernement. Dans le même sens, ils accepteraient de rejoindre le groupe parlementaire du PJD, s'ils n'arrivent pas à avoir le leur. Les législatives sont un rendez-vous incontournable et déterminant pour Lahjouji et Belhaj. Leur avenir politique en dépendra. Qui sont ADL et FC ? Forces Citoyennes : parti de droite créé en 2001 par Abderrahim Lahjouji, un homme d'affaires, ancien président de la CGEM devenu célèbre grâce à son sens de la communication, une sorte de Berlusconi à la marocaine, mais sans les succès électoraux : 2 députés élus en 2002. Son chef n'a même pas réussi à se faire élire à Anfa où il se présentait. Alliance des Libertés : parti politique à tendance libérale qui prône une ouverture sur les plans politique, économique et social. Lors des élections législatives du 27 septembre 2002, le parti a obtenu quatre sièges au Parlement. Mais, en 2003, lors des élections locales, le parti d'Ali Belhaj a fait une percée considérable. Il a eu plus de 400 élus et s'est positionné comme une force politique montante du pays.