Ali Belhaj, président d'Alliance des libertés, croit en les chances de son parti aux prochaines élections. Une condition : veiller à ce qu'il n'y ait pas de précipitation dans le choix des candidats. Aujourd'hui Le Maroc : En tant que nouvelle formation politique, comment ADL entame-t-elle les préparatifs des prochaines législatives ? Ali Belhaj : Il y a certainement des efforts à consentir, des déplacements à faire, des rencontres à organiser. D'abord pour faire connaître notre formation et ses idées-phares. Ce n'est pas facile, on le sait fort bien. Mais notre satisfaction est d'autant plus grande qu'on se rend compte qu'il y a du répondant, que les gens portent un intérêt certain pour notre formation, sa plate-forme et sa manière de voir, de faire et de réfléchir à haute voix. Oui, mais tout cela ne vous différencie pas pour autant par rapport au reste des partis politiques… Nous sommes un parti nouveau, dirigé encore par des instances provisoires. Notre objectif est d'atteindre les jeunes, d'avoir une base de militants essentiellement de jeunes, sans qu'il n'y ait de jeunisme ou d'exclusion. ADL s'adresse à tous ceux qui n'ont jamais eu d'attache partisane ou qui en ont été déçus. A condition qu'ils respectent notre charte et nos idées d'aller ensemble de l'avant. Il y a tout de même quelque chose d'incohérent dans votre façon d'agir quand vous dites qu'ADL est gérée par des instances provisoires… Au contraire. On a sciemment décidé de maintenir des instances provisoires avant les élections pour éviter d'élire nos instances sous la pression de la fièvre électorale. Deuxième point, et non des moindres, nous considérons à ADL que notre objectif, notre véritable raison d'être, doit être mis en valeur après les élections. D'ailleurs notre congrès est prévu pour les jours qui suivront les élections. On tirera ainsi les leçons du scrutin, de nos résultats, des problèmes rencontrés et on partira pour de bon… Cela nous renvoie à une question que l'on pose à tous les dirigeants politiques à la veille des campagnes électorales. Quel type d'alliance ADL peut-elle envisager et avec quelles formations politiques ? Vous savez que toute éventualité d'alliance est prématurée. Ce genre de choses ne se décrète pas. Ce n'est pas ma volonté ou celle d'un membre de la direction d'ADL qui détermine telle ou telle prise de position. On dévoilera courant août, ou début septembre, notre programme et notre plate-forme. Chaque citoyen qui se reconnaît dans nos idées et se sent à même d'apporter sa pierre à notre édifice est le bienvenue. On étudiera les possibilités d'alliance avec les partis politiques avec lesquels on a eu ou on aura des affinités particulières et des points communs. L'essentiel pour nous c'est de faire avancer les choses avec des idées nouvelles et des hommes nouveaux. Hommes nouveaux veut dire que les candidats ADL sont de nouvelles têtes ? on l'espère. Mais certainement, il y aura une infime partie de candidats qui ont déjà des expériences électorales. Le choix se fera sur la base de critères stricts où il n'y a de place que pour la rigueur, la probité et l'engagement politique et moral… Point de copinage ou d'achat d'accréditation… Avec le scrutin de liste, pensez-vous qu'ADL est à même de couvrir tout le territoire national, sans grands dégâts, au niveau justement de critères de sélection ? On n'est pas obligé de couvrir tout le territoire. On essaie d'avoir un maximum de listes avec un maximum de chances de gagner et surtout de grandes possibilités de bien installer le parti dans les diverses régions du royaume. L'implantation d'ADL est primordiale et les élections nous donnent l'occasion de redoubler d'efforts pour l'installer. On ne fera pas de choix précipité rien que pour couvrir telle ou telle circonscription. L'essentiel est que nos candidats soient intègres… Valeur aujourd'hui, votre programme n'est pas vraiment connu. Comment pouvez-vous combler un déficit pareil ? D'abord, les partis politiques nous ont habitués à des déclarations d'intention plutôt qu'à des programmes chiffrés, avec des modes de gestion définis et des propositions de solutions des problèmes répertoriés. ADL ne veut pas sacrifier à ce genre de rituel si j'ose dire. Elle veut présenter un véritable programme électoral digne des aspirations des Marocains. Nous axons notre travail sur un programme économique à même de relancer la croissance. Seul facteur permettant le développement du pays, sa stabilité… Nous sommes sur le point justement de finaliser notre programme économique avec des séries de mesures allant dans ce sens. quel genre de mesures ? C'est surtout sur le plan de la fiscalité que trop de choses sont à faire. On revendique des réformes fiscales qui permettront de relancer la croissance. Réforme de l'IS, réforme de la fiscalité liée aux exportations, réforme de la TVA… Sans rentrer dans la complexité des chiffres, je peux dire qu'avec cette série de réformes que nous proposons, le Trésor ne sera pas grevé et les charges des entreprises seront allégées. Il y aura des économies de milliards de dirhams que l'on peut injecter dans le circuit économique… A cela il faut ajouter la réforme administrative qu'il faut bien aborder et celle de la réglementation, notamment le code du travail… En plus clair, que préconise ADL sur ce chapitre ? Nous appelons à une certaine souplesse dans les relations de travail. En plus, il faut bien que ces contraintes liées au contrat de travail soient revues. On propose plutôt un mode où l'employé et le patron trouvent leur compte. Il faut encourager aussi les initiatives d'auto-emploi et dans ce cadre les réformes fiscales que l'on appelle de nos vœux seront un atout essentiel. Le tout permettra de relancer l'économie et donc la richesse. Vous pensez que votre formation récente a des chances aux prochaines élections ? Absolument, sinon à quoi bon d'y prendre part? Nous croyons en nos chances, malgré le fait que le mode de scrutin n'est pas vraiment idéal, en ce sens qu'il n'est ni un scrutin uninominal, ni un vrai scrutin de liste. Mais on espère qu'avec le temps on le peaufinera..