Un nouveau parti islamiste, nouveau-né dans la galaxie islamiste, s'appelle «le Parti de la Oumma». Sa connotation islamique (la Oumma veut dire communauté musulmane), la formation ne la case pas. «La solution, selon son nouveau chef, Mohammed Marouani, pour mettre fin à la fracture sociétale profonde, entre traditionalisme et modernisme, est de prôner la réconciliation». Un filon pour s'imposer aux prochaines élections ? Loin s'en faut ! Dans un pays où les lignes de démarcation entre moderniste et passéiste chevronnés ne cessent de s'approfondir, le nouveau parti compte sur une «collaboration avec les communautés laïques pour réussir la réforme politique». Il compte tabler sur deux atouts qui manquent aux autres islamistes dans la place. Lesquels ? Dans un entretien avec l'agence «Reuters», Mohammed Marouani les explique en ces termes : une expérience personnelle en matière de la violence politique, et la réforme constitutionnelle pleinement assumée, contrairement aux autres formations d'obédience islamistes qui ont pignon sur rue. En clair ? Merouani et ses compagnons faisaient partie de la Chabiba Islamiya d'Abdelkarim Moutiae qui prêche le recours aux armes contre «une société de scélérats et autres mécréants». Il y a lieu, donc, de faire valoir l'inutilité d'une telle voie et les «oummistes» sont les mieux placés pour donner la leçon. Un cas d'école que Marouani compte mettre au profit de son parti lors des courses électorales. Ensuite, la nouvelle formation ne trouve pas de mal à s'aligner sur les positions de la gauche et les milieux laïcs en matière de politique constitutionnelle à laquelle les islamistes, notamment le PJD, ne veulent pas s'attaquer. Un point de discorde sur lequel le Parti de la Oumma n'hésite pas de surfer pour séduire une partie politisée, surtout au sein des élites islamisées, parmi l'électorat de la mouvance fondamentaliste. Et ce n'est pas un jeu de hasard si l'on prend en compte le recul politique de la Jamaâ d'Abdeslam Yassine depuis qu'elle a substitué les visions à un programme politique pragmatique. Reste à savoir si le nouveau parti a l'implantation et les réseaux sociaux des deux formations précitées. Encore faut-il que l'alliance avec la gauche et les laïcs ait la force et l'attrait mobilisateurs requis !