Les plaidoiries en appel d'Abdelmoughit Slimani se sont poursuivies, ces dernières semaines avec des avocats fort convaincants qui ont apprécié l'écoute très attentive d'une cour casablancaise ne laissant échapper aucun détail de l'affaire. Tous les espoirs sont permis pour que triomphe une justice sereine et impartiale qui entend rendre son verdict sans léser aucune des parties plaignantes ou inculpées. Nous sommes bien entrés dans la dernière ligne droite pour que le verdict final soit prononcé dans le courant de cette semaine sur l'affaire du projet immobilier Ouled Ziane dans lequel l'ancien président de la CU de Roches-Noires a été condamné à dix années de prison ferme en première instance en avril dernier. Ce qui fait, au bout du compte, une détention «préventive» de plus de trois années dans le registre pénitentiaire d'Abdelmoughit Slimani dont le procès a traîné en long et en large. Sera-t-il condamné ? Nul ne peut le dire sans prendre le risque d'interférer dans les affaires de la justice en laquelle Slimani garde toujours confiance comme il garde sa foi en l'Etat marocain et son pays. «Alors, comment vous portez-vous, Abdelmoughit Slimani ?» - Très bien, Al Hamdou Lillah, répondit-il à l'audience du mercredi 7 février. - Et quelle perspective s'annonce pour l'ultime plaidoirie programmée la semaine dernière ? «Netmana Lkhir, in chaa Allalh», se contenta de répondre son avocat chargé de boucler, du mieux de ses forces de conviction, la dernière ligne droite des Mourafaâtes avant le prononcé du verdict en appel. Mais Slimani, ce jour-ci, ne manqua pas de montrer toute l'estime qu'il porte à un avocat rompu au métier de la défense, célèbre dans le milieu du Barreau pour sa sobriété et l'efficacité de ses plaidoiries. - Ikoun el Khir, in Chaa Allal, ajouta-t-il avec cet optimisme à peine perceptible des hommes de loi qui se battent jusqu'à leur dernier souffle pour rétablir leur client dans ses droits. Dans les règles de l'art démonstratif, avec l'appui des pièces à conviction soigneusement collectées et en se basant uniquement sur la pertinence des textes juridiques dans le respect total dû aux magistrats de la Cour d'Appel. Des magistrats consciencieux et imperturbables à l'écoute patiente et vigilante des plaidoiries fleuves des défenseurs de l'ancien président de la CU casablancaise. Tout a été dit, tous les dossiers ont été passés au «microscope», tous les détails de l'affaire ont été déballés en séances publiques des audiences, tous les arguments des uns et des autres ont été soigneusement consignés par la Cour. Les avocats se sont appliqués à innocenter leur client en démontrant, pièces à l'appui et références massives aux textes de loi, l'innocence de l'inculpé. Notamment, que les conditions de passation et d'exécution du projet immobilier d'Ouled Ziane n'ont subi aucun accroc, n'ont été entachées par aucune «dérive» ou éclaboussées d'un quelconque abus de pouvoir ou malhonnêteté de Slimani. Celui-ci persiste et signe en assurant qu'il garde toute sa confiance dans la justice de son pays. Un pays qu'il n'a jamais cessé d'aimer et de servir sans compter. L'espoir pour que le droit triomphe et que justice soit rendue éclaire subitement son regard brillant car, a-t-il constamment réitéré, «si l'on trouve une seule preuve irréfutable contre moi, j'accepte qu'on double la peine qui m'a été infligée en première instance». C'est l'homme et le bon père de famille qui exprime ses intimes convictions et caresse l'espoir de revoir bientôt sa famille qui n'a jamais cessé de partager la dure épreuve d'incarcération subie depuis plus de trois années déjà. Une famille déchirée par l'angoisse et minée par une attente interminable, une famille unie autour du père qui jette tout son dévolu dans la justice du Royaume pour que Slimani retrouve la liberté. Maintenant, c'est au juge de se prononcer en son âme et conscience et le verdict est attendu dans le courant de cette semaine. Probablement aujourd'hui, ou mercredi prochain. Enfin, dans les jours qui viennent. Les avocats ont fait leur boulot en s'attachant à prouver, par tous les moyens de droit requis, que les témoignages de malversations et de corruption sur lesquels est fondée la condamnation en première instance sont «faux», émanant d'hommes d'affaires poursuivis pour escroquerie d'émission de chèques sans provision, notamment le Suisse Lovat et l'Irakien Wahib qui n'ont jamais été liés, ni de près ni de loin, au projet incriminé. Quant au rapport de la BNPJ, les avocats ont mis en cause son bien-fondé en répétant qu'il est « faux et irrationnel pour la simple raison que cette brigade n'est pas au fait des procédures financières » en matière d'exécution des marchés publics. Slimani sera-t-il innocenté ? Ou bien sa condamnation sera-t-elle maintenue? Tous les regards sont rivés sur l'audience de cette semaine qui doit annoncer son verdict final. Mais une chose est sûre: c'est que les magistrats en charge des délibérations pour le jugement s'acquitteront de leur mission en s'appliquant à ce que «Justice soit rendue» !