Une visite marquée du sceau de prises de contact et d'évaluation des beoins de financement du Maroc. Le Vice-président de la Banque africaine de développement a d'entrée de jeu donné le ton pour l'annoncer en exclusivité à la Gazette du Maroc en marge du Symposium organisé vendredi dernier : “Opérations et Produits financiers de la BAD” La Gazette du Maroc : depuis 1999, la Banque a adopté une nouvelle approche vis-à-vis de la réduction de la pauvreté. Quels en sont les points saillants? Théodore N'Kodo : Je ne vous cache pas que le concept qui fait notre credo aujourd'hui est celui de susciter l'enthousiasme des pays africains à se développer par eux-mêmes, à compter sur leurs propres potentialités. Je crois qu'il est important que ces pays fassent un travail d'identification et de formulation d'une stratégie à toute épreuve pour leur décollage. Notre rôle à nous, nous le concevons beaucoup plus comme un rôle d'appui à ces pays dans une approche participative au niveau national pour identifier les problèmes de pauvreté et les éradiquer graduellement. Notre tâche est donc de relayer ces pays via des courroies de financement des programmes d'investissement et des réformes institutionnelles. Quelles sont les priorités de la Banque en matière de développement, les secteurs ciblés par votre institution? Nos priorités varient en fonction de chaque pays. Pour le cas du Maroc, puisque nous y sommes, nos efforts ont particulièrement porté sur les chantiers de réforme économique engagés dans des domaines-clefs comme les télécommunications, le secteur financier mais également les infrastructures qui n'en finissent pas d'accaparer notre attention et ce depuis des lustres. Pour l'avenir je crois que tous les espoirs sont permis, il suffit d'y mettre de la bonne volonté. Quant aux questions lancinantes de l'eau et de la création d'emplois, il faut dire qu'elles ont toujours constitué une épine au pied des pays d'Afrique et qui donc figurent en bonne place dans nos priorités. Nous ne manquons pas de susciter le privé afin qu'il pousse ses pions dans ce domaine. Quel positionnement économique conférez-vous à un pays comme le Maroc? Le Maroc est, à mon avis, l'un des pays les plus performants d'Afrique. Les réformes qu'il a engagées le placent dans une position favorable pour entamer un meilleur ancrage dans l'économie mondiale. C'est aussi l'un des principaux actionnaires au sein de notre institution, il a toujours appuyé la Banque en souscription en capital par exemple. Nous pensons que le Maroc est l'un des pays à revenu intérmédiaire qui a démontré que les réformes peuvent apporter une meilleure configuration économique du bien-être. Signalons que dans la politique de crédit, il s'inscrit en droite ligne parmi les 13 pays membres régionaux de la catégorie C, bénéficiant de prêts de la BAD. Par ailleurs, le président m'a confié la charge des opéations dans les régions Nord, Est et Sud. C'est donc une première visite de contact avec les autorités marocaines qui me permet d'être à l'écoute de leurs besoins de financement. Ma mission est également de mieux faire connaître l'Institution et ses activités. Quelle est votre appréciation des résultats auxquels sont parvenus les pays signataires de l'accord à Johannesburg? Nous sommes par exemple restés sur notre faim pour ce qui est de l'aide au développement pour laquelle les pays de l'OCDE ont fixé la barre de 0,7% du PIB. Je pense que pour l'aide au développement il faut mettre en relation Johannesburg et les recommandations déclinées à Monterrey où l'accent a été mis sur le financement au développement. Les pays donateurs se sont effectivement engagés à réévaluer leur aide au développement à quelque 0,7%. Mais les habitudes ont la peau dure et il est difficile d'aligner tous les pays sur cet objectif. Cette aide ne demande aucun effort additionnel aux pays donateurs, mais juste une réallocation des ressources. Comment ont évolué les modes de financement de la Banque et quelle est son approche actuelle? Nous avons jusqu'à présent apporté notre appui au Maroc sous forme de prêts au secteur public. Ces dernières années nous lorgons plus vers le privé et nous adaptons nos instruments dans la direction de prêts-programmes. Les prêts-projets et les prêts à l'appui des réformes sont le nouveau credo du Groupe. Nous fournissons aussi une assistance technique pour la réalisation d'études de préinvestissement. De même que les opérations de prise de participation et d'allègement de la dette sont dans notre ligne de mire. La Banque a également lancé l'initiative du FAD en faveur de la micro-finance en Afrique dont l'ambition est de renforcer les institutions de micro-crédit.